Congo-Kinshasa: 26 juin 2021 / 26 juin 2023 - Polydor Muboyayi, 2 ans déjà !

Il y a deux ans, jour pour jour, disparaissait Polydor-Fortunat Muboyayi Mubanga, Editeur Directeur Général du Groupe de Presse Le Phare (journal et télévision) et président de l'Omec (Observatoire des Médias Congolais). Ce samedi-là, 26 juin 2021, tombait, à la suite

d'une mort subite, à partir des Etats-Unis d'Amérique, où il était parti en cours séjour de reconstitution physique, celui que l'on reconnaissait comme un « baobab » non seulement pour la famille communicationnelle congolaise, mais aussi pour sa famille biologique.

En effet, de son vivant, Polydor F. Muboyayi Mubanga était à la fois chef de clan et chef d'entreprise.

Tout le monde, en famille comme au sein de la profession journalistique, était sous le choc. A dire vrai, deux ans après, la douleur reste encore vive dans les coeurs des membres de sa famille biologique, comme dans ceux des membres du Groupe de Presse Le Phare.

La plaie est tellement béante, qu'elle risque de ne jamais se cicatriser. Des tonnes de larmes sont en train de couler de nombreux visages, en ce jour de triste et douloureux anniversaire, placé sous le signe de la méditation.

Nous nous souvenons, nous qui comptons parmi ses nombreux « héritiers » professionnels, d'un journaliste hors du commun, qui avait fait ses premiers pas dans le journalisme dans les années '70, au sein de la rubrique sportive du quotidien Salongo, sur la 10me Rue, au quartier

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industriel, dans la commune de Limete. Doté d'une plume alerte, il était compté parmi les meilleurs reporters de la République, présent dans toutes les phases finales de la Coupe de football du Congo et du Zaïre, entre 1970 et 1983. C'est à ce titre qu'il avait d'ailleurs fait partie des journalistes sportifs sélectionnées pour la couverture de la Coupe de football en 1974, en Allemagne, à laquelle avaient participé les Léopards du Zaïre de Mobutu.

Son étoile brillait à tel point qu'il avait gravi tous les échelons de la hiérarchie au sein de la Rédaction de Salongo, passant respectivement de Reporter sportif, Secrétaire de Rédaction, Rédacteur en Chef adjoint, Rédacteur en chef et Directeur de la Rédaction, poste qu'il allait quitter en février 1983, pour monter quelques mois plus tard son propre journal, Le Phare, lancé dans un premier temps sous le format d'un dépliant d'annonces.

Bien que devenu patron de presse, Polydor Muboyayi était resté foncièrement « Reporter » dans l'âme, recherchant l'information parfois jusqu'à des heures indues de la nuit et très exigeant vis-à-vis de lui-même comme de ses collaborateurs. Un seul idéal l'animait : être au servir du public et de la vérité. S'il y a un combat où il n'a jamais flanché, c'est celui de la défense de la démocratie et de l'Etat de droit, en dépit des menaces de toutes sortes, des interpellations, des arrestations et des emprisonnements, du régime dictatorial de Mobutu jusqu'à ceux des Kabila, père et fils. Jusqu'à sa mort, il ne s'était jamais écarté de la ligne de conduite qu'il avait tracée, il y a près de 40 ans, à son média.

Chaque fois qu'il était associé à un débat en rapport avec l'éthique et la déontologie, en sa double qualité de président de l'Omec et du Groupe de Presse Le Phare, il ne recommandait qu'une recette à la confrérie journalistique : le professionnalisme. Il ne cessait de marteler qu'il valait mieux faire la prison ou mourir pauvre à cause du respect de la vérité plutôt que de vivre libre et riche pour avoir vendu sa dignité au plus offrant.

Mort, Polydor Muboyayi est vivant à travers les nombreux « héritiers » spirituel de son école, celle de l'excellence dans la collecte, le traitement et la diffusion de l'information. On a tendance à oublier qu'en sus de son statut de chef d'entreprise de presse, il est l'un des grands concepteurs du « Code de déontologie des journalistes congolais », que les organisations professionnelles comme les hommes et femmes des médias évoquent à longueur de journée, et du « Guide pratique du journaliste en période électorale », deux ouvrages mis sous presse respectivement en 2005 et 2012, sous le label de l'Omec, avec le concours de ses partenaires. Tous ceux qui se ressourcent dans ces deux ouvrages devraient lui rendre un hommage posthume.

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