Mali: Référendum - Aucun résultat publié pour la région de Kidal

La ville de Kidal

Quatre jours après l'annonce, vendredi dernier, des résultats du référendum constitutionnel, qui a consacré la victoire du « oui » à 97%, l'Autorité de gestion des élections a publié les résultats du scrutin bureau de vote par bureau de vote, sur son site internet. Sauf pour la région de Kidal, où la réalité du scrutin est justement démentie par de nombreux acteurs. Ce qui pourrait remettre en cause la validité du scrutin.

Nombre d'inscrits, nombre de votants, parts de « oui » et de « non » : les Maliens peuvent accéder aux résultats officiels de tous les bureaux de vote du pays.

Mais pour la région de Kidal, quels que soient la commune ou le cercle choisis, le résultat est toujours le même : zéro votants. Lors de l'annonce des résultats, vendredi dernier, l'Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) a pourtant martelé, une fois encore, que le scrutin s'était tenu « sur tout le territoire ». Comment expliquer alors ces lignes vierges ?

Sollicitée par RFI, l'Aige n'a pas donné suite. Le ministère malien de l'Administration territoriale non plus.

« Fabriquer des résultats »

Le soir même du scrutin, le 18 juin, la Mission d'observation des élections au Mali (Modèle-Mali, qui rassemble les différentes organisations maliennes d'observateurs électoraux) avait déjà, et la première, affirmé que le vote n'avait pas pu être organisé dans la région de Kidal. Ni pour le scrutin anticipé des militaires, le 11 juin, ni pour le reste de la population, une semaine plus tard.

Un constat ensuite appuyé par les groupes armés signataires de l'accord de paix, qui contrôlent la région de Kidal, par les partis politiques d'opposition, et surtout par de nombreux habitants de Kidal, scandalisés par la diffusion, sur la télévision d'État ORTM, d'images censées illustrer le bon déroulement du vote dans la région.

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« C'était extrêmement dangereux pour l'Aige de fabriquer des résultats pour Kidal », analyse aujourd'hui un observateur électoral, qui estime que les autorités ont bien tenté d'organiser un simulacre de vote dans la région de Kidal, en dehors des procédures légales, mais qu'elles ont dû y renoncer car la manoeuvre était devenue trop voyante.

Pour la population malienne elle-même, mais aussi vis-à-vis des partenaires internationaux du pays. Les processus électoraux au Mali, au Burkina et et en Guinée seront d'ailleurs au programme du prochain sommet des dirigeants de la Cédéao le 9 juillet prochain.

Dilemme pour la Cour constitutionnelle

La Cour constitutionnelle doit à présent proclamer de manière définitive les résultats annoncés vendredi par l'Aige - aucune échéance n'a été fixée. Or la Constitution actuelle prévoit qu'un référendum constitutionnel n'est valide que s'il est tenu sur l'ensemble du territoire (articles 26 et 118). « Si la Cour invalide le référendum, elle aura affaire avec la junte », estime un expert malien des questions électorales, « mais si elle valide, il y aura une grave crise post-électorale ».

Depuis l'annonce des résultats, ni le président de transition, le colonel Assimi Goïta, ni le Premier ministre Choguel Maïga, ni aucun membre du gouvernement malien de transition ne se sont exprimés publiquement sur les résultats du vote. Une victoire pourtant éclatante, avec 97% de « oui » pour le projet constitutionnel porté par les autorités.

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