Afrique: Des outils numériques pour aider à la sauvegarde de quelque 2000 langues locales

Dactylographie. Ordinateur. Ordinateur portable.

Les outils numériques peuvent-ils aider à la sauvegarde de quelque 2 000 langues locales parlées quotidiennement en Afrique ? C'était le thème d'un colloque organisé à Paris en mai. Explications.

Près de 2 000 langues sont parlées quotidiennement sur le continent africain. Une richesse en péril : le phénomène est mondial et les transformations des sociétés menacent les langues locales les moins bien implantées.

Pour de nombreux spécialistes, leur salut pourrait toutefois venir du numérique. Le thème a été abordé le 12 mai 2023 lors d'un colloque organisé à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) à Paris.

Les nombreux outils qui existent déjà peuvent être une aide, comme l'expliquait Damien Nouvel, maître de conférences à l'Inalco et spécialiste de la relation entre le numérique et les langues, au micro de Gwendal Lavina : « Ça peut être par exemple des correcteurs orthographiques. Ça peut être de la reconnaissance vocale. Ça peut être des moteurs de recherche. Il y a beaucoup de d'outils différents qui sont liés aux langues. »

Encore faut-il que ces outils s'adaptent à toutes les langues et surtout qu'il existe des données pour les alimenter. « Il y a certains algorithmes qu'il faut redévelopper pour qu'ils fonctionnent bien dans certaines langues, confirme Damien Nouvel. Là, on a besoin de volumes de données, on a besoin de d'écrire les langues et puis, d'une certaine manière, de les standardiser, de les normaliser ».

Un travail que réalise Idemi Africa. Pour Raoul Letchede Ganti, membre de ce collectif, le numérique offre enfin une solution pour donner de la visibilité aux 2 000 langues du continent : « On a fini par comprendre que c'est notre bien et que si on ne le fait pas, personne ne le fera pour nous. Ou plutôt si on laisse passer (cette opportunité), d'autres viendront le faire. Mais le contexte qu'on veut faire respecter ne sera forcément pas respecté. »

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Mais Idemi Africa rappelle que ces données ne sont qu'un outil et invite les plus jeunes à s'en saisir pour faire vivre durablement les langues.

L'entrepreneur Fabroni Bill Yoclounon, qui travaille sur un dictionnaire numérique des langues et cultures béninoises Parmi les participants à cette conférence, le Béninois Fabroni Bill Yoclounon est venu parler des projets avec lesquels il défend les langues locales du Bénin. Il a commencé par des stickers en langue fon, puis la création d'un clavier digital adapté pour ajouter certains accents. Mais depuis quelques mois, cet entrepreneur travaille sur un nouvel outil : un dictionnaire numérique des langues et cultures béninoises. Et pour l'alimenter, Fabroni Bill Yoclounon parcourt le pays avec son équipe à la rencontre de locuteurs.

On va « ... chercher des données orales, de sources orales, que l'on revient traiter, explique-t-il au micro de Gwendal Lavina. Et dans ce cadre, on va dans des villages, loin de Cotonou - Cotonou, c'est la capitale économique, donc il n'y a plus vraiment une essence juste de la culturalité -. On est obligés d'aller dans les milieux ruraux, on rencontre de grandes personnes, des aînés, qui par exemple nous chantent le panégyrique clanique. On garde nos smartphones, on n'a pas de matériel, on n'a pas de caméra, etc., on garde nos smartphones qui ont plus ou moins une bonne résolution, on a des micros-cravates, et on demande gentiment aux aînés, aux bonnes mamans, de nous raconter leurs histoires. On les enregistre et après on vient les traiter, on les retranscrit, pour permettre aux gens, aux jeunes générations de pouvoir les apprendre ».

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