Madagascar: Conjoncture électorale - Le Premier ministre appelle à l'unité de l'armée

Christian Ntsay a pris part à la cérémonie de clôture de la réunion des grands responsables de l'armée, hier. Au pupitre, il a appelé à l'unité de l'armée, surtout à l'orée de la présidentielle, cette année.

Ne cédez pas au schisme. Voilà le principal message adressé par Christian Ntsay, Premier ministre, à l'endroit des chefs militaires, hier. Dans son discours de clôture de la réunion des grands responsables de l'armée, hier, à Soanierana, le locataire de Mahazoarivo a appelé à l'unité au sein de la grande muette et plus largement, des Forces de défense et de sécurité (FDS), surtout, vis-à-vis de la conjoncture électorale. "Il y a des intentions malsaines de diviser les Forces de l'ordre", constate le Premier ministre, invité à l'événement d'hier, en tant que président de l'Organe mixte de conception (OMC), au niveau national. Il s'agit de l'entité chargée de définir la stratégie et de prendre les décisions opérationnelles en matière de sécurité publique et de sécurité intérieure.

S'adressant au commandement militaire, en particulier, Christian Ntsay ajoute, "je suis confiant que l'armée a, la sagesse nécessaire pour ne pas céder au schisme". Le locataire de Mahazoarivo rappelle la nécessité de tirer les leçons du passé. "L'histoire nous rappelle que, dans pareille circonstance, il est important pour les responsables, à tous les niveaux, au sein de l'armée de faire preuve d'unité et ne pas se laisser diviser", déclare-t-il alors. Le passé politique de Madagascar ne donne pas une belle image de l'armée, en effet et plus largement aux Forces armées.

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Cédant au schisme impulsé par des intérêts politiques, la cohésion et la chaîne de commandement au sein des Forces armées se sont brisées, mettant en péril l'unité et la stabilité nationale. En témoignent les faits durant les crises politiques de 2002 et 2009. La grande muette est pourtant supposée être le dernier rempart pour éviter ce genre de situation.

Respect de la loi

À l'approche de chaque élection présidentielle, ou à chaque fois que le climat politique se réchauffe, pourtant, certains acteurs ont systématiquement en tête l'idée malsaine de rallier l'armée à sa cause, ou au moins, la diviser. Ceci dans l'optique de conquérir le pouvoir, ou de le conserver, ou de déstabiliser le pays, en somme, pour servir des intérêts politiques. Depuis quelques jours, le scénario se répète. Certaines voix et certains courants au sein de l'opposition surfent sur la polémique concernant la double nationalité du président de la République et veulent impliquer l'armée dans la partie. Ce qui expliquerait l'appel à l'unité lancé par le Premier ministre.

Avant lui, le général Josoa Rakotoarijaona, ministre de la Défense nationale, a également appelé le commandement militaire à ne pas se laisser distraire ou se laisser tenter "par les intentions malsaines ciblant l'armée". C'était lors de l'ouverture de la réunion des grands responsables, jeudi. "Laissez la politique aux politiciens. La population attend de vous, Forces de l'ordre et de sécurité de travailler et agir pour la patrie. De préserver la quiétude et la sécurité de la population et du pays", souligne le locataire de Mahazoarivo.

En cette période électorale, les FDS sont également souvent vilipendées par une partie de l'opinion politique à cause de l'exécution de décisions d'interdiction des manifestations ou réunions publiques non autorisées. Dans l'exécution de leur mission, les FDS sont tenues par le respect et l'application de la loi. Comme l'indique le chef du gouvernement dans son allocution, il n'y a pas de cadre légal qui régit la période de pré-campagne. "Les lois en vigueur sont celles sur les réunions publiques et les manifestations publiques", précise-t-il.

Une manière de dire que tant que leur acte reste dans le cadre légal, les FDS ne seront pas en tort. Un clin d'oeil également pour les acteurs politiques, et pour les inciter à se conformer aux dispositions en vigueur. S'agissant des manifestations et réunions publiques, cependant, des politiciens dénoncent un traitement inégalitaire de la part de l'administration. Pour en revenir à la question de l'unité des FDS, Christian Ntsay rappelle l'issue démocratique et sans heurt de la présidentielle de 2018. "Si nous gardons la même posture que celle de 2018, je vous garantis que l'élection se déroulera sans problème et nous aurons un président de la République élu de façon démocratique en 2024", conclut-il.

La présidentielle se tiendra cette année

Un impératif. Le Premier ministre Christian Ntsay est formel. "L'élection présidentielle se tiendra impérativement cette année". Il explique ses propos par le fait que le mandat du président de la République soit de cinq ans. "Ce mandat de cinq ans prendra fin le 19 janvier 2024. Nous devons donc procéder à une élection afin d'avoir un Président élu à l'issue de cette date. Et à s'en tenir aux délais prévus par la Constitution, il faudra que le premier tour se tienne en novembre et le second tour en décembre", ajoute le chef du gouvernement. Jusqu'ici, pourtant, le gouvernement n'a toujours pas entériné la proposition de calendrier publiée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en février. Cette proposition prévoit le premier tour de la présidentielle le 9 novembre et le second tour le 20 décembre. Christian Ntsay explique alors que l'officialisation de ces dates se fait par un décret de convocation des électeurs et non pas par un simple communiqué. Que la loi organique sur le régime général des élections et des référendums prévoit un délai pour la convocation des électeurs, à savoir "quatre-vingt-dix jours au moins avant la date du scrutin".

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