Tunisie: Entre questions migratoires, nouveau partenariat et crise économique - Que veulent vraiment les Européens ?

1 Juillet 2023

Les 27 pays de l'UE ont convenu qu'il est important de travailler sur un programme global de partenariats mutuellement bénéfiques pour tous, qui s'appuie sur plusieurs axes, dont le développement économique, l'investissement, le commerce, la transition énergétique verte, la question migratoire... Ils soutiennent que « la reprise du dialogue politique dans le cadre de l'accord d'association UE-Tunisie » est cruciale.

Cela fait plusieurs mois que la Tunisie est au premier plan des négociations et des discussions européennes. Certains expliquent ce fait à travers le filtre de la question migratoire qui préoccupe les voisins de la Tunisie, et que notre pays est en train de faire face à une pression de plus en plus grandissante.

En effet, les positions et déclarations européennes au sujet de la situation en Tunisie se multiplient, tant qu'un accord final entre les deux parties fait toujours défaut, et ce, en dépit du nouveau programme de partenariat présenté il y a trois semaines.

Autant dire que le blocage persiste toujours et la concrétisation d'un quelconque accord a été encore une fois repoussée, mais cette fois-ci par les parties tunisiennes qui demandent « davantage de temps ». Au fait, pour la Tunisie, et notamment pour le Chef de l'Etat Kaïs Saïed, qui l'a dit et répété de manière on ne peut plus claire, on n'accepte aucun diktat, ni conditions qui mettent en péril la stabilité et la paix sociale.

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Entre-temps, c'est la situation économique en Tunisie qui préoccupe le plus les Occidentaux et notamment les voisins de la Tunisie, l'Italie en l'occurrence. Ce pays s'est lancé, justement, depuis plusieurs mois dans un plaidoyer éloquent pour convaincre les Européens de voler au secours de la Tunisie le plus tôt possible. L'Italie affirme même oeuvrer pour éviter le défaut de paiement de la Tunisie. Un scénario catastrophe synonyme de faillite de l'Etat.

C'est la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui a fait, récemment l'annonce, affirmant que les efforts déployés par son gouvernement pour aider la Tunisie à surmonter sa crise économique profitant aux populations des deux pays se poursuivent toujours. S'exprimant devant la Chambre des députés, la présidente du conseil italien a fait part des efforts de son gouvernement pour tenter de débloquer le prêt de près de 1,9 milliard de dollars promis initialement par le Fonds monétaire international(FMI). « Ce que nous essayons de faire avec la Tunisie, c'est d'empêcher un pays, qui est notre voisin, de se retrouver en situation de défaut de paiement. Nous essayons de le faire pour les citoyens tunisiens et aussi pour nos citoyens », a déclaré Meloni.

Pour l'Italie, ces efforts visent à dissocier le programme d'aide européen des négociations entravées entre la Tunisie et le FMI. Et si pour l'heure, pratiquement tous les bailleurs de fonds conditionnent leur assistance financière par la conclusion d'un accord avec le FMI, l'Italie rejette une telle démarche et exige le décaissement immédiat d'aides urgentes au profit de la Tunisie.

La Tunisie préfère temporiser

D'ailleurs, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, a annoncé que l'Europe a décidé de soutenir financièrement la Tunisie, indépendamment du FMI. Il a assuré que les prochains jours verront la signature de protocoles d'accord entre l'Union européenne et la Tunisie.

Cet accord qui allait être signé il y a quelques jours a été reporté sur demande des autorités tunisiennes. A en croire une agence de presse italienne, très bien informée de la nature des pourparlers entre les deux pays, «la Tunisie a demandé plus de temps pour examiner le texte du mémorandum et j'ai donc l'impression que les négociations prennent plus de temps que prévu», explique, dans ce sens, une source diplomatique européenne à cette agence.

Cette demande de report qui émane de l'exécutif tunisien vise-t-elle à identifier certaines failles dans le texte du protocole d'accord ou s'agit-il simplement d'une manoeuvre visant à améliorer les conditions de négociations ?

Plusieurs scénarios sont envisagés, tant que les données manquent et la situation reste floue. Une chose est sûre, le Chef de l'Etat a réitéré sa position ferme s'opposant à tout accord qui fait de la Tunisie un « garde-frontière » des pays européens.

Bruxelles, de son côté, négocie un « partenariat global » avec Tunis qui devra inclure un renforcement du contrôle des frontières maritimes et terrestres. En effet, la Commission européenne espérait conclure avant le sommet de l'Union européenne (UE), tenu jeudi dernier, un protocole d'accord avec Tunis pour mettre en oeuvre ce partenariat dans lequel le volet migratoire figure en tête de liste.

Lors de ce sommet, les 27 pays ont convenu qu'il est important de travailler sur un programme global de partenariats mutuellement bénéfiques pour tous, qui s'appuie sur plusieurs axes dont le développement économique, l'investissement, le commerce, la transition énergétique verte, la question migratoire... Ils soutiennent que « la reprise du dialogue politique dans le cadre de l'accord d'association UE-Tunisie » est cruciale et soulignent l'importance de renforcer des partenariats stratégiques similaires entre l'Union européenne et les autres partenaires de la région.

Le partenariat, qui comporte également un renforcement des liens économiques et commerciaux et une coopération en matière d'énergie verte, est assorti d'un soutien financier de l'ordre d'un milliard d'euros. Sauf que cet accord a été contesté par plusieurs partis politiques et par de nombreuses associations en Tunisie et ailleurs. Certains pensent que les Européens veulent externaliser leurs problèmes. Evelien van Roemburg, directrice du bureau européen d'Oxfam, a qualifié le partenariat avec la Tunisie d'« idée bancale », dénonçant « les tentatives de l'Europe d'externaliser ses responsabilités en matière de gestion des migrations ». « L'expérience a montré que ce type d'accord ne fonctionne pas », a-t-elle encore indiqué à l'AFP.

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