Mali: Le retrait de la Minusma, une décision diversement accueillie par la classe politique malienne

La Minusma quittera le Mali d'ici la fin de l'année, elle a donc six mois pour plier bagage. Le Mali l'avait exigé il y a deux semaines, le Conseil de sécurité a adopté vendredi une résolution actant cette décision. Une décision diversement accueillie par la classe politique malienne.

Les soutiens des autorités maliennes de transition exultent, il s'agit à leurs yeux d'un nouvel acte fort de souveraineté. Parmi eux, se trouve Mohamed Bill Traoré, président de Ensemble sauvons le Mali et porte-parole du mouvement Yerewolo-Debout sur les remparts, fervent soutien des militaires au pouvoir à Bamako et qui demandait de longue date le départ de la mission onusienne : « C'est un soulagement pour nous, pour le peuple malien comme pour le peuple africain », estime-t-il, qui fait part de sa déception et de sa colère au terme des dix années de présence de la mission onusienne : « Nous pensions que la Minusma était venue pour appuyer les autorités maliennes à recouvrir l'ensemble du territoire. Mais elle n'a pas réussi à sécuriser le pays, et elle s'est donnée d'autres missions ! Le pire, ce sont ses rapports fallacieux et diffamatoires contre les autorités maliennes. »

Une référence aux rapports onusiens qui accusent l'armée malienne et ses supplétifs russes d'exactions contre les civils maliens, et que Bamako rejette en bloc : « La finalité de ces rapports, juge le porte-parole du mouvement Yerewolo, c'est d'incriminer les autorités maliennes, qui sont là à défendre les vraies aspirations du peuple malien. Toute organisation qui essaie d'incriminer les autorités maliennes, le peuple ne peut pas rester assis à la regarder ! »

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Inquiétude côté opposition

Enthousiasme pour les soutiens des autorités maliennes de transition, inquiétude et désarroi du côté de l'opposition. Ismaël Sacko est le président du PSDA, un parti dont la justice malienne a ordonné la dissolution le 14 juin dernier, dans le cadre d'une procédure initiée par le gouvernement malien ; le PSDA a fait appel de cette décision. « Sur le plan diplomatique, explique-t-il, le Mali va se retrouver davantage isolé », déplore l'opposant en exil hors du Mali, « parce que les autorités de transition, la junte militaire malienne, auraient dû profiter de la présence de la Minusma pour renforcer ses liens avec les pays contributeurs des différents contingents, mais c'est tout le contraire (qui s'est passé, NDLR). Ce n'est pas Wagner non plus qui va sécuriser le Mali : elle n'a pas tous les moyens nécessaire, elle ne maîtrise pas tout le terrain, et Wagner, fort malheureusement, est vue aujourd'hui par la population comme une force nocive qui s'en prend à la population et qui tue souvent notre population. »

« Donc le Nord, qui était protégé par la présence de la Minusma, et l'armée malienne, va se retrouver seul, va être livré aux terroristes, poursuit-il. Donc nous avons le sentiment que notre population n'aura personne pour la sécuriser. Nous sommes très inquiets sur ces deux volets ». Ismaël Sacko souhaite que la fin de la Minusma ne soit pas synonyme de rupture définitive : « c'est l'occasion de lancer un appel à la communauté internationale, pour qu'elle n'abandonne pas le Mali et trouve d'autres mécanismes, pour rester aux côtés du Mali, pour nos populations. »

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