Madagascar: La distribution des produits importés, une affaire juteuse -

Depuis la construction des lignes ferroviaires, Tananarive-côte Est (TCE) vers Toamasina et Tananarive-Antsirabe (TA) vers le Sud, la capitale se pourvoit abondamment en marchandises. À la veille du recouvrement de l'Indépendance, on évalue à quelque 200 000 tonnes annuelles le total de ce qu'elle reçoit par voie ferrée. Sur ce chiffre, 40% environ représentent des importations par la TCE et un tonnage presque correspond à des produits de la province d'Antananarivo elle-même.

En revanche, il existe une forte disproportion entre le tonnage des marchandises au départ de la capitale, et celui des arrivées qui est presque cinq fois supérieur. « Cela souligne l'importance de la consommation urbaine, renforcée par le fait que les ruraux préfèrent se rendre eux-mêmes à la ville pour y acheter directement ce dont ils ont besoin » (Charles Robequain et Henri Fournier).

Et c'est finalement 600 000 à 800 000 personnes qui sont tributaires d'Antananarivo pour leur approvisionnement. La distribution des produits importés d'Outre-mer est certainement l'une des plus fructueuses des activités de la capitale. Une part considérable des marchandises débarquées sur les quais de Toamasina et, dans une moindre mesure, de Mahajanga, est destinée à la capitale qui contrôle ainsi le quart environ des importations de la Grande ile. « Plus de la moitié de la valeur totale des marchandises est représentée par des tissus, surtout de coton. »

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Viennent ensuite les ouvrages en métaux : pièces de charpente pour la construction, machines et mécaniques, outillage, et « toute cette quincaillerie et bimbeloterie qui prend une place de plus en plus grande dans le mobilier des Malgaches ». Quant aux exportations d'Antananarivo, elles sont réduites et ne représentent qu'un faible pourcentage de la valeur globale des importations. Elles se limitent à quelques produits de fabrication locale de la vannerie, sparterie, tissus de raphia ou rabanes, chapeaux, dentelles et pierres précieuses.

Il faut aussi y ajouter les peaux d'animaux, les conserves de viande et salaisons, du maïs, du manioc et du riz, du graphite et, enfin, de l'or en provenance de mines plus ou moins lointaines et qui transitent par la capitale. Les opérations d'import-export sont pratiquement entre les mains des sociétés étrangères, dont plusieurs ont leur siège social en France. Entre autres, la Compagnie lyonnaise de Madagascar, la Compagnie marseillaise de Madagascar, la Société industrielle et commerciale de l'Emyrne (Sice), la Compagnie coloniale, la Compagnie générale, les Établissements Gratry.

À ces grandes entreprises, sociétés anonymes cotées en bourse, s'active un assez grand nombre de sociétés de personnes ou de sociétés à responsabilité limitée qui ont leur siège à Antananarivo. Leurs activités sont assez importantes pour atteindre et dépasser même des chiffres d'affaires de l'ordre d'un milliard de francs CFA. « Le trait caractéristique du commerce de Tananarive est son aptitude à négocier des marchandises de toutes natures, à se livrer à des opérations très diverses et à étendre son rayon d'action à l'ile entière. Ainsi s'explique le volume considérable des opérations et transactions comptabilisées à Tananarive où s'interpénètrent souvent le produit d'activités multiples à la fois commerciales, industrielles et agricoles. » Les affaires de très grande envergure s'appuient sur un système bancaire très concentré entièrement dirigé à Antananarivo.

À commencer par la Banque de Madagascar, institut d'émission qui détient le privilège d'émettre du papier-monnaie ayant seul cours légal à Madagascar. Le plus ancien de ces établissements bancaires et établissements de crédit est le Comptoir national et d'escompte de Paris qui ouvre sa succursale en 1888. Pendant longtemps, il est le seul à faire des opérations de banque.

La création du Crédit foncier de Madagascar en 1919, de la Banque de Madagascar en 1925, la réorganisation du Crédit agricole en 1939, l'installation d'un représentant de la Caisse centrale de la France d'Outre-mer en 1944, la création du Crédit de Madagascar et de la Société immobilière de Madagascar en 1951 renforcent cette organisation bancaire. Notons que, bien avant l'occupation française, Antananarivo doit importer du bois pour la construction et la cuisson.

Plus tard, avec l'ouverture des voies ferres, le bois représente, en tonnage, la principale des marchandises déchargées dans ses gares, plus de 60 000 tonnes. Certes, le bois d'oeuvre provient de forêts de l'Est (Moramanga), mais elle s'en approvisionne aussi en Europe. Le bois de cuisson et le charbon de bois fournis surtout par les plantations d'eucalyptus qui se multiplient sur les Hautes-Terres, arrivent aussi en grande quantité par la ligne du Sud.

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