Madagascar: Nouvelles tensions autour des activités de l'entreprise minière QMM à Fort-Dauphin

Le géant minier QMM fait à nouveau face à la colère d'une partie des communautés locales à Fort-Dauphin, dans le sud-est de Madagascar. La filiale de Rio Tinto qui extrait de l'ilménite est détenue à 20 % par l'État malgache. Si un accord avait été trouvé il y a six mois, des manifestants érigent des barrages sur la route menant au site depuis une semaine. Lundi matin, les forces de l'ordre les ont dispersés pour permettre aux quelque 300 employés bloqués sur le site de rentrer chez eux.

Six manifestants ont été blessés, deux se trouvent toujours à l'hôpital, rapporte Bonaventure Thomas Razanadahy, président de « Toteny Tanosy », association des notables de Fort-Dauphin et leader traditionnel chargé de mener la médiation entre les différentes parties. « Il y a aussi eu des blessés du côté des forces de l'ordre », fait savoir le groupement de la compagnie de la gendarmerie de la région Anosy, qui dénonce aussi « la présence de brigands amenés par les manifestants ».

« Rio Tinto respecte le droit de manifester de manière sûre et légale. Cependant, la nature de cette perturbation menaçait le bien-être de notre personnel et de la communauté dans son ensemble, et nous n'avions d'autre choix que de demander l'assistance des autorités », a signalé l'entreprise minière. Elle précise être « conscient[e] que les membres de la communauté peuvent avoir des préoccupations légitimes (...). Notre procédure de gestion des doléances prévoit un dialogue transparent entre toutes les parties prenantes, y compris les autorités locales et les représentants de nos communautés hôtes. »

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Lors de l'accord conclu il y a six mois, des compensations financières avaient été accordées aux occupants des terres qui s'estimaient lésés par l'implantation de la multinationale.

Accusations de pollution de l'eau

Mais les manifestants reprochent aussi à QMM de polluer l'eau de la ville de Fort-Dauphin. « Des allégations non avérées », répond la communication de la société minière.

« Nous avons tenté une médiation entre les différentes parties jusqu'à 23h dimanche, mais cela n'a pas abouti », précise Bonaventure Thomas Razanadahy. « Les manifestants ne voulaient pas parler sans leurs leaders » poursuit-il.

Ceux-ci font l'objet d'un avis de recherche. « L'arrestation est-elle désormais le sort qui attend les meneurs de grève à Madagascar ? Quel type de régime est-on en train de développer ? », s'est ému le collectif Tany pour la défense des Terres malgaches, dans un communiqué transmis lundi 3 juillet.

Les manifestants dénoncent un accord « sans consultation »

Les manifestants dénoncent aussi le renouvellement de la convention d'établissement de l'entreprise minière conclu avec le gouvernement il y a deux semaines sans leur participation.

« On attendait que l'État nous appelle avant de négocier avec QMM pour expliquer quels sont nos problèmes. Ils ont fait un accord sans nous consulter. (...) Notre but n'est pas de faire fermer QMM. On ne nous a pas écoutés donc on a parlé d'une autre façon. QMM impacte beaucoup notre quotidien, surtout sur l'accès à l'eau potable, qui est un droit fondamental », a déclaré Eugène Chrétien, l'un des leaders recherchés par les forces de l'ordre, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook.

L'entreprise, elle, a indiqué « être attachée à trouver une issue privilégiant le dialogue, le respect des droits humains et sociaux de chacune des parties. (...) QMM continue de déployer tous les moyens humains et matériels à disposition de l'entreprise pour un retour à la paix et au calme dans la ville de Fort Dauphin », souligne-t-elle.

Des journalistes « violentés », « menacés » et séquestrés

Dans un communiqué publié lundi 3 juillet au soir, l'Ordre des Journalistes de Madagascar a condamné « des violences et des menaces de mort d'un groupe de personnes armées de lances et de sabres » à l'encontre de trois journalistes qui se trouvaient sur place pour recueillir des informations sur cette actualité le 28 juin. Ces derniers ont été séquestrés pendant une heure, précise l'Ordre des Journalistes, qui demandent l'ouverture d'une enquête.

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