Ile Maurice: «Road Traffic (Amendment) Bill 2023» - Opérateurs et passagers attendent l'issue de ce projet de loi

Un nouveau projet de loi sera introduit au Parlement ce mardi 4 juillet, le «Road Traffic (Amendment) Bill 2023». Une mesure qui intéresse particulièrement les usagers de la route sera l'introduction de navettes ou de véhicules pouvant accommoder sept à 31 passagers, venant en aide aux habitants qui vivent dans des régions éloignées. Une mesure qui fait toutefois déjà grincer les dents avant même son introduction...

Ce n'est pas Raffick Bahadoor qui viendra défendre cette nouvelle loi. Le président de la Taxi Proprietors' Union (TPU) n'est pas d'accord et compte le faire savoir et entendre. Il souligne que les voyageurs se font déjà rares et que maintenant, avec cette mesure, il se demande ce qu'il adviendra de ce secteur ? «On a l'impression qu'il y a un empressement à faciliter la vie des 'petits copains'.» Avec ces navettes qui entreront en opération, les compagnies, qui regroupent déjà des voitures particulières ou encore des taxis, seront légalisées, comme la compagnie américaine Uber l'est à travers le monde. «En mettant des navettes à chaque coin de rue, il y aura de la concurrence déloyale.»

Il fait comprendre qu'il y a déjà un ministre dont le frère possède un contrat pour louer des «contract cars» à travers le pays. «D'autres proches de ministres obtiendront des facilités dans cette affaire.» Ne voulant pas que les chauffeurs de taxi soient les dindons de la farce dans cette histoire, Raffick Bahadoor a déjà sollicité les services d'un avocat. «Ce dernier étudie cette affaire de près. Si les autres chauffeurs de taxi s'inquiètent de leur sort, je les invite à un grand rassemblement au centre social Marie Reine de la Paix. Je vais voir combien ont à coeur ce métier. Pour le moment, nous avons deux dates en tête, les 13 ou 20 juillet. Hormis cette loi, nous aborderons le sujet entourant le Welfare Pension Fund.»

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Le secteur des taxis n'est pas le seul à s'inquiéter de cette loi car les transports en commun ont aussi plusieurs questions en tête, comme le confie Sunil Jeewoonarain, secrétaire de la Mauritius Bus Owners Cooperative Federation. Il est d'avis que chaque résident mérite d'obtenir un transport qui dessert sa région. «Surtout un transport viable et qui ne pénalise personne.» Mais, ajoute-t-il, est-ce que le ministère du Transport a déjà envisagé comment cette introduction va impacter les transports en commun ? «Nous ne voulons pas nous stresser pour notre sécurité d'emploi. C'est la raison pour laquelle que nous demandons à être partie intégrante de ce projet.»

Taxis ou vans illégaux

Ensemble, tout est possible... D'autant qu'il ne faut pas que ces vans ou minibus viennent déranger l'équilibre du système de transport déjà en place. «Déjà que nous avons le métro, qui va s'étendre sur plusieurs régions et qui est un compétiteur sérieux. Un planning sera-t-il fait pour le mouvement de ces navettes ?» Notre interlocuteur souligne qu'il y a déjà des taxis ou vans illégaux qui desservent ces régions retirées. «Ils opèrent tranquillement dans ces endroits et les habitants ne vont pas se plaindre car ils en sortent gagnants. Mais une fois qu'ils deviendront légaux, est-ce qu'ils continueront à opérer ? Ou irontils vers d'autres endroits et chambouleront le système déjà établi ?»

Autant de questions qui trouveront réponse, espère Sunil Jeewoonarain, aujourd'hui à l'Assemblée nationale. «Nous avons toujours milité pour avoir le Global Positioning System dans les autobus et une salle de contrôle où l'on peut avoir une idée où se trouvent les bus concernés, s'ils sont passés dans les endroits ciblés aux heures dites ou pas. Un système cashless aussi a été requis...» Mais pour l'heure, ce ne sont encore que des suggestions. Autre question, celle de savoir si la National Land Transport Authority (NLTA) possède suffisamment d'employés pour suivre de près ces nouvelles mesures.

L'introduction de navettes n'est pas pour déplaire à Nitin Jeeha. Le conseiller du village de St-Hubert continue toujours sa lutte pour obtenir un transport adéquat dans les régions avoisinantes. «Si la compagnie nationale dessert la région Curepipe-St-Hubert tranquillement, ce n'est pas le cas pour les autobus qui font la route Mahébourg-St-Hubert. Nous sommes toujours à la recherche d'un bon système de transport.» Les enfants et collégiens en ont même fait les frais en arrivant en retard à leurs examens récemment. «La NLTA fait la sourde oreille. Et ce ne sont pas uniquement les habitants de cette région qui sont en eaux troubles, il y a aussi ceux de Rivière-du-Poste qui doivent aller à Curepipe ou encore la route reliant Rivière-des-Créoles à Deux-Frères. On espère que cette mesure ne sera pas juste un eye-wash comme plusieurs mesures prises par les autorités, qui n'ont jamais été appliquées.»

Hormis les changements qui seront apportés sur les routes, les autorités prévoient aussi de réduire le nombre d'entorses cumulatives autorisées au Code de la route, ce qui entraînerait la disqualification de conduite de cinq infractions à quatre.

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