Madagascar: Viande sans os

L'exportation de viande de boeuf fait l'objet d'une consultation à Androy et Anôsy. La société Bovima s'en est occupée mais l'État a suspendu l'exportation de viande vers les pays voisins en 2019 à cause du manque total de traçabilité des zébus abattus et de la plainte de la population à propos de la recrudescence du vol de boeufs.

Les forces de l'ordre rapportent que la plupart des boeufs volés ne laissent aucune trace. Autant de suspicions qui font obstacle à l'exportation. Le vol de boeufs n'a pas pour autant disparu même si Bovima a cessé l'exportation. Il faut dire qu'il s'agit d'une filière porteuse si l'affaire est bien menée. Il faut d'abord admettre que le cheptel de l'Anôsy et de l'Androy ne pourront pas répondre à la demande d'une exportation massive et régulière.

Si l'abattoir absorbe un demi-millier de boeufs par jour, le cheptel bovin sera très vite exterminé. Il faut d'abord constituer un élevage à grande échelle avant de pouvoir imaginer exporter. C'est la plus grande crainte des éleveurs et des observateurs du Sud.

Comme le zébu est à la fois une richesse et un patrimoine culturel, le risque est de voir l'espèce disparaître sans renouvellement de la soucheest craindre. Il existe un projet financé par la Banque mondiale dans ce sens avec des procédés modernes comme l'insémination artificielle pour multiplier rapidement les espèces. Mais il faudra du temps pour qu'il y ait des résultats significatifs.

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Le marché est assez vaste si on prend l'espace de la COI et l'Afrique australe comme clients potentiels. On se demande d'ailleurs à quoi servent ces organismes régionaux si on n'arrive pas à y exporter nos produits. Le rêve de devenir le grenier de l'océan Indien reste une hallucination. Aucun produit malgache ne se vend ni au niveau de la COI ni au niveau de la SADC.

Pourtant le marché malgache est inondé de produits mauriciens et sud-africains. Au lieu d'aller voir ailleurs pour la vanille et le litchi et subir la volonté des acheteurs, pourquoi ne pas se tourner vers la porte d'à côté. Sinon vaut mieux quitter ces marchés régionaux sans aucun intérêt pour les entrepreneurs et les investisseurs malgaches. Pire, les tomates malgaches se sont vu refouler à La Réunion alors que Gastro Pizza a dûremballer sa boutique à Maurice.

Pour la viande, on avait bel et bien exporté vers l'Europe quand l'abattoir d'Andohatapenaka était aux normes internationales dans les années 80-90. Depuis, elle a été désossée et il n'en reste aucune trace. Il n'y a que des abattoirs qui ressemblent à des mouroirs à boeufs où la viande et la saleté nagent dans le même océan et qui ne respectent aucune norme sanitaire. En revanche, le prix ne cesse de monter vers les sommets avec ou sans os.

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