Madagascar: Projet Gouvernemental - La reprise de l'exportation de viande bovine controversée

Suspendue avec l'exportation de bovidés sur pied, l'exportation de viande bovine est en projet de reprise. L'idée est encore mal accueillie au vu de la première journée des consultations publiques.

Tendance vers le refus. Le gouvernement organise pendant cinq jours à Tolagnaro, dans la région Anôsy et à Ambovombe, région Androy, des consultations publiques sur la reprise de l'exportation de viande bovine. Hier, premier jour des consultations publiques à Tolagnaro, l'ambiance a été quelque peu houleuse. Le directeur de cabinet de la présidence de la République, Romy Voos Andrianarisoa, le gouverneur de la région Anosy, Jocelyn Raharimbola ou encore le sénateur Victor Tsiebo ont entre autres été aperçus sur les lieux.

Les explications techniques sur l'objet des consultations publiques ont été suivies par des séances de questions réponses. En général, les soucis sont axés sur la préservation du cheptel national et le risque de regain d'insécurité rurale. « Où va-t-on trouver suffisamment de cheptel pour répondre à un besoin international, alors que nous-mêmes, jugeons que nous n'en avons pas assez localement ? ». Des sources avancent que cinq cents têtes de zébus par jour sont destinées à la consommation locale, dont quatre cents pour Antananarivo.

« Les éleveurs ont déjà beaucoup de mal à se professionnaliser avec les boucles d'oreilles et les puces électroniques pour les zébus. Comment vont-ils s'organiser si on leur impose d'autres contraintes ? ». « C'est tout simplement une ouverture vers la recrudescence de l'insécurité. Beaucoup vont essayer de voler les bovidés de leurs voisins afin de les vendre à des structures à échelle d'exportation ». « Les zébus constituent des banques commerciales pour les communautés rurales. Les vendre outre-mer serait abandonner des us et coutumes locaux suivies depuis des générations».

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Marchés

La société Bonne Viande de Madagascar (Bovima), une structure privée ayant obtenu l'appui de la Banque mondiale, veut diversifier l'élevage contemplatif et le tourner vers une activité plus rentable. La société implantée à Manambaro, à une trentaine de kilomètres de Tolagnaro, envisage de procéder par insémination artificielle pour décupler le cheptel bovin et de créer un parc d'engraissement de zébus.

Jusqu'ici, Bovima a exporté de la viande de petits ruminants dont l'activité n'a pas été sous la coupe d'une interdiction. La société a envisagé d'exporter des bovidés sur pied au départ. L'État a suspendu cette activité le 31 janviers 2019, jugeant le manque criant de traçabilité dans les étapes de l'exportation. Depuis la ferme des éleveurs, leur provenance, le suivi sanitaire du bétail, les papiers administratifs (Fiche individuelle de bovidés, vaccin...).

Des lobbyings ont été menés et le projet a failli revenir en septembre 2022 où un projet de décret de levée de suspension a été attendu. D'autres ateliers d'information ont été organisés dans les régions Anôsy et Androy depuis 2020. Ils ont porté sur la réforme de la gouvernance de la filière bovine telle que l'appropriation des boucles d'oreilles et les puces électroniques pour les bovidés. Ces dispositifs constituent entre autres des conditions sine qua none de traçabilité avant exportation.

Aussi, avec ces ateliers, l'éventualité d'une reprise de l'export a-t-elle toujours été en filigrane. Madagascar cible le marché du Comesa et d'autres pays africains hors Comesa. La Chine, les Emirats Arabes-Unis et les îles voisines sont des marchés potentiels.

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