Afrique: Sommet de Paris sur le climat - Esquisse d'un bilan

Le sommet qui s'est tenu du 22 au 23 juin dernier, à Paris, à l'initiative du président Emmanuel Macron, aura connu quelques avancées en faveur des pays pauvres, mais il faut attendre leur concrétisation. Toutefois, il n'a pas été le "Big Bang" espéré pour réorienter le système financier mondial au service du climat.

La capitale française venait d'accueillir une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, pour un sommet censé concrétiser des idées nées à la COP 27, en Egypte, avant la COP 28 aux Emirats arabes unis à la fin de cette année. En clôture de ce sommet de Paris, Emmanuel Macron s'est félicité d'un "consensus complet" pour "réformer en profondeur" le système financier mondial. La rencontre s'est achevée par une série de petits pas, sans la grande déclaration commune espérée par l'Elysée.

Au Palais Brongniart, ancien siège de la Bourse de Paris, quelques annonces ont été faites. C'est le cas de la Banque mondiale qui prévoit d'intégrer à ses accords avec les pays les plus vulnérables une nouvelle clause de suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe."C'est une bonne journée, car presque tout le monde a accepté la validité des clauses de catastrophe naturelle", a déclaré la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley.

Pour le réseau international d'organisations non gouvernementales Climate Action Network, c'est un sommet "qui a fait du neuf avec du vieux", critiquant l'idée d'une possible suspension des remboursements plutôt "qu'une annulation complète de la dette". Soraya Fettih, porte-parole de l'association écologiste 350.org, estime qu'" on ne peut pas demander aux dirigeants de se mobiliser et en même temps totalement condamner" le sommet en cours. "Ce qui est clair, c'est que ce sommet ne va mener à aucune prise de décisions contraignantes et fortes", a-t-elle ajouté.

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Emmanuel Macron s'est montré favorable à une taxe internationale sur le transport maritime "parce que c'est un secteur qui n'est pas taxé", et il voudrait voir cette question avancer lors d'une prochaine réunion de l'Organisation maritime internationale. Mais elle semble loin de faire consensus. "Si la Chine, les États-Unis et plusieurs pays européens clés qui ont aussi des grandes entreprises impliquées ne nous suivent pas, alors vous mettez une taxe en place mais elle n'a pas d'effet", a déploré le président français.

Son homologue brésilien, Lula, a quant à lui déploré à la fois l'inertie de la communauté internationale en matière de lutte contre le changement climatique et de réduction des inégalités, et le protectionnisme des occidentaux, critiquant les institutions financières internationales : "Celui qui est riche est toujours riche et celui qui est pauvre est toujours pauvre". Par contre, les pays riches vont payer le Sénégal pour l'aider à se débarrasser du fioul lourd dans son énergie, alors que la Zambie verra sa dette allégée.

Le Fonds monétaire international va pour sa part augmenter à 100 milliards de dollars ses financements pour les pays pauvres. Harjeet Singh du Climate Action Network a cependant regretté que les ambitions du sommet reposent "trop sur les investissements privés et assignent un rôle démesuré aux banques multilatérales de développement". "C'est ignorer le rôle pivot que les finances publiques doivent jouer", selon lui.

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