Afrique: Paludisme - 18 millions de doses du premier vaccin RTS,S dans 12 pays africains

Doses du tout premier vaccin antipaludique

Un pas de plus dans la lutte contre le paludisme. Après la phase pilote du tout premier vaccin, 18 millions de doses vont être acheminées sur le continent dans les deux ans à venir, selon une annonce mercredi 5 juillet de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l'Alliance du vaccin (Gavi) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Ces doses sont destinées à 12 pays subsahariens.

Les 18 millions de doses annoncées sont destinées d'abord aux trois pays où le vaccin a été administré à environ 1,7 million d'enfants, dans le cadre d'une « phase pilote » qui va se poursuivre jusqu'à la fin de cette année 2023 : le Ghana, le Kenya et le Malawi. Neuf autres pays vont en bénéficier, à leur demande : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la RDC, le Liberia, le Niger, la Sierra Leone et l'Ouganda. Les premières livraisons sont attendues pour la fin de cette année, pour de premières vaccinations en 2024

Ces pays ont déposé un dossier en janvier auprès de l'Alliance du vaccin. Le Nigeria, pays qui connaît le plus grand nombre de décès liés au paludisme, ne figure pas dans cette liste, parce qu'il n'en a pas fait la demande dès janvier. Sa candidature est en cours d'examen.

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Un traitement en quatre doses

Le RTS,S - le nom du vaccin - a été développé par le groupe britannique GlaxoSmithKleine (GSK). Il est destiné aux moins de cinq ans. Le schéma de vaccination prévoit qu'il soit administré en quatre doses, les trois premières espacées d'un mois chacune, la quatrième intervenant entre 15 et 18 mois après la troisième dose. Durant la phase pilote, le vaccin s'est révélé « sûr et efficace » selon le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, « entraînant une réduction substantielle des formes graves et des décès ».

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Le paludisme reste une des maladies les plus meurtrières sur le continent, a rappelé le responsable de l'OMS. La maladie tue près de 500 000 enfants de moins de cinq ans chaque année. La moitié de la population mondiale y est exposée, mais c'est en Afrique que la majorité des décès a lieu.

D'après les études présentées, en fonction de l'âge, ce vaccin réduit le nombre d'infections de 30 à 40%. C'est le seul vaccin validé à ce jour contre le paludisme. Développer un vaccin contre le paludisme est un défi scientifique. Le parasite responsable du paludisme a pour particularité de développer des mécanismes évolutifs de défense.

Les experts rappellent que ce vaccin n'est pas une « solution miracle » mais un « outil de plus dans une boîte à outils ». Il doit être associé aux autres stratégies toujours indispensables que sont l'usage des moustiquaires imprégnées, la pulvérisation et les mesures d'assainissement.

Un deuxième vaccin, le R21, développé par l'université d'Oxford et produit par un laboratoire indien du nom de Serum Institute, est en cours d'examen par l'OMS.

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« Un vaccin efficace dans une boîte à outils qui contient déjà d'autres méthodes efficaces de prévention et de contrôle du paludisme » Dix-huit millions de doses pour 12 pays, alors que le paludisme représente près de 235 millions d'infections par an en Afrique subsaharienne : cela peut sembler peu. Mais après trente années de recherche, cette nouvelle étape est pour, le docteur Stephen Sosler, responsable du programme vaccination chez Gavi, une avancée constructive dans la lutte contre la malaria. Il s'est entretenu avec Amélie Tulet pour RFI.

« Nous commençons avec des stocks limités, comme ça arrive presque toujours avec les nouveaux vaccins. Nous travaillons avec le fabricant GSK pour le vaccin RTS,S, sur un transfert de technologie avec Bharat biotech en Inde, pour s'assurer qu'il y a une possibilité d'accélérer la fabrication.Mais nous travaillons également avec un deuxième fabricant qui est assez avancé sur le processus de mise sur le marché. Ce vaccin, développé par l'université d'Oxfort et fabriqué par le Serum Institute en Inde, est actuellement examiné par l'OMS. Il pourrait être validé dans les mois à venir. Cela signifierait que nous aurions un approvisionnement supplémentaire et cela nous permettrait d'atteindre encore plus de pays et d'enfants et de sauver plus de vies avec la vaccination. »

Qu'en est-il du coût de ce nouveau vaccin contre le paludisme ?

« Il y a deux éléments à considérer ici. Il y a le prix du vaccin, et puis, il y a ce que les pays devront payer. Ainsi, l'accord pour les 18 millions de doses du vaccin fixe le prix par dose à environ 9,30 euros. Les prix des vaccins ont tendance à baisser à mesure que l'offre augmente. Nous nous attendons à ce que le transfert de technologie que j'ai mentionné plus tôt entraîne une baisse progressive du prix du vaccin.Ce qui est aussi important, à savoir, c'est que les pays les plus pauvres et les plus fragiles ne paieront que 20 centimes la dose, et les pays les plus autosuffisants paieront 20% du prix.L'Alliance Gavi a également alloué un total de 155 millions de dollars pour la période stratégique actuelle pour soutenir le coût du vaccin ainsi que sa mise en oeuvre. Je pense que c'est un pas énorme, dans le sens où davantage de pays auront la capacité d'acquérir de l'expérience dans l'utilisation et la mise en oeuvre de ce vaccin. C'est un petit pas dans le sens où nous avons un approvisionnement limité, mais encore une fois, la communauté internationale travaille du mieux possible pour essayer de s'assurer que nous avons plus de vaccins et que nous pouvons déployer ce vaccin à plus grande échelle. Il s'agit d'un vaccin efficace dans une boîte à outils qui contient déjà d'autres méthodes efficaces de prévention et de contrôle du paludisme.Ce n'est pas une solution miracle, mais c'est un outil important pour pouvoir nous aider à faire encore plus de progrès pour essayer d'arrêter et d'atténuer le nombre de décès associés au paludisme chez les enfants. »

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