Afrique Centrale: Avec les déplacés du Kivu, victimes des inondations et des combats

En RDC, le coordonnateur humanitaire des Nations unies et numéro deux de la Monusco, la mission onusienne dans le pays, Bruno Lemarquis s'est rendu dans des zones où sont installés des déplacés, dans des conditions le plus souvent très précaires : dans le Sud-Kivu frappé de graves inondations en mai et dans le Nord-Kivu par les combats entre l'armée et les rebelles du M23.

Les Nations unies appellent à relocaliser les déplacés de Kalehe. Un peu plus de deux mois après les pluies diluviennes de mai et les glissements de terrain qui avaient fait près de 500 morts et plus de 350 blessés dans ce territoire du Sud-Kivu, dans l'est de la RDC, le coordonnateur humanitaire des Nations unies et numéro deux de la Monusco, la mission onusienne dans le pays, a visité samedi le village sinistré de Bushushu.

Bruno Lemarquis s'est entretenu avec des familles ainsi qu'avec des représentants des autorités locales. Selon lui, des solutions plus durables doivent être proposées pour les habitants dont les villages ont été ensevelis.

« La discussion en cours maintenant, c'est la sécurisation du foncier, c'est la sécurisation de sites où ces villages pourront être réinstallés, explique t-il au micro de David Baché de la rédaction Afrique. La question foncière en RDC, c'est très délicat. Des discussions sont en cours avec les autorités pour sécuriser de grands espaces, pas trop loin des terres de ces gens, pour qu'ils ne soient pas déracinés, pour que très vite, avant la prochaine saison des pluies ou le plus rapidement possible, les terres soient sécurisées et tous les efforts puissent être faits pour rebâtir des abris semi-temporaires ou temporaires pour que les villages se reconstruisent.»

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RFI : Parce que les déplacés de Kalehe ne peuvent pas rester sur les sites où ils se trouvent actuellement ?

« Ils peuvent rester sur les sites où ils sont actuellement, mais ce sont vraiment des sites de fortune, des abris provisoires où ils ne vont pas refaire leur vie. Ça va quelques mois, mais très vite, il faut qu'ils se réinstallent dans des conditions plus propices ; ces villages doivent être rebâtis. Des discussions sont en cours entre le niveau local, le niveau provincial et le niveau national. Pour l'instant, il n'y a pas de solution. Il y a des options, les options sont connues, les décisions à prendre sont connues, elles sont (entre les mains des) autorités. »

Dans le Nord-Kivu cette fois, les déplacés qui fuient les combats entre l'armée congolaise et les rebelles du M23 ne doivent pas être oubliés.

Bruno Lemarquis s'est aussi rendu dimanche dans le camp de Bushagara, près de Goma. Ce camp accueille 60 000 déplacés, sur les 600 000 qui se sont installés aux alentours de la ville depuis la reprise des hostilités entre l'armée congolaise et les rebelles du M23.

À Goma : « C'est une crise dont on ne parle pas suffisamment, une crise aux proportions énormes »

Au total, un quart de la population du Nord-Kivu, a dû fuir de chez elle, dont un million deux cent mille personnes depuis le début de l'année. Dans le camp de déplacés de Bushagara, le coordonnateur humanitaire des Nations unies a constaté l'étendue des besoins, mais il déplore que les autorités congolaises et la communauté internationale n'aient pas pris la mesure du drame. Il lance un véritable cri d'alarme.

« Ces gens sont déplacés ici depuis quelques mois. Ils viennent tous de ce qu'on appelle le territoire de Masisi, où il y a eu des combats entre les forces armées congolaises et le M23. Les acteurs humanitaires sont pleinement mobilisés, mais nous ne sommes pas encore à l'échelle, compte tenu de la vitesse à laquelle les besoins ont augmenté.

Le système humanitaire mondial a déclaré, il y a deux semaines, l'activation au plus haut niveau de la réponse humanitaire pour une période de trois mois. Il y a donc une très très grosse mobilisation des Nations unies et des ONG. Cela doit être accompagné également par des décisions au niveau du gouvernement de la République démocratique du Congo, avec lequel nous discutons.

Il est nécessaire de mobiliser encore plus fortement la communauté internationale car les financements ne sont assurés qu'à hauteur de 30%. C'est actuellement la seconde crise au monde la plus négligée. C'est une crise dont on ne parle pas suffisamment, une crise aux proportions énormes. Pour donner un exemple, il y a eu une augmentation exponentielle des violences sexuelles, du recours au sexe de survie dans tous ces sites de déplacés. C'est une crise qui nécessite toute l'attention des partenaires et du monde. »

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