Kenya: Changement climatique et résilience écologique des forêts tropicales - Une recherche sur les forêts semi-décidues de Belabo du Cameroun présentée à Nairobi

12 Juillet 2023

Nairobi — Dans le cadre de l'atelier régional de partage d'informations et d'expériences sur « les services écosystémiques des forêts et des arbres pour la résilience socio-écologique au changement climatique en Afrique » organisé par African Forest Forum (AFF), la doctorante de l'Université de Yaoundé I, Guylene Ngoukwa, a présenté les résultats des travaux de sa thèse sur les «menaces induites par les changements climatiques sur la résilience écologique des forêts tropicales du Cameroun: cas des forêts semi-décidues de Belabo », le mardi 4 juillet 2023, à Nairobi, au Kenya.

Le changement climatique impacterait négativement les forêts tropicales. La démonstration de ce lien est au coeur des travaux de thèse de la doctorante de l'Université Yaoundé I, Guylene Ngoukwa, qui portent sur le thème : « menaces induites par les changements climatiques sur la résilience écologique des forêts tropicales du Cameroun : cas des forêts semi-décidues de Belabo ».

La chercheure a présenté les résultats primaires de ses travaux le mardi 4 juillet 2023 à Nairobi, au Kenya, à l'occasion de l'atelier régional de partages d'informations et d'expériences sur « les services écosystémiques des forêts et des arbres pour la résilience socio-écologique au changement climatique en Afrique », organisé par African Forest Forum (AFF).

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Le premier objectif de notre étude est de mettre en relation les variations climatiques et de voir si ces variations climatiques corroborent avec les perceptions des populations, a fait savoir Mme Ngoukwa.

Le second objectif vise à établir les liens entre les variations du couvert végétal et le changement climatique, sur la période 1983-2019, a-t-elle ajouté. Et les premiers résultats de sa recherche montrent que dans la zone d'étude, le changement climatique n'est pas une vue de l'esprit ou le résultat d'une construction théorique. Pour preuve, on y observe une hausse de la température de presque 1°C, en comparant les données des deux grandes sous-périodes de la recherche, à savoir 1983-2000 et 2000-2019, a-t-elle souligné.

Pour ce qui est de la perception des variations climatiques, de l'enquête conduite auprès de 540 personnes issues de 20 villages sur les 53 que compte la commune de Bélabo, il ressort que les populations perçoivent bien le changement climatique à travers l'observation de plusieurs phénomènes comme le raccourcissement des période pêches, des périodes de pluies, une variation des quantités de pluies, la montée des eaux dans les fleuves, etc.

Pour ce qui est des précipitations, l'étude montre une tendance à la réduction des quantités de pluies bien que le test de significativité n'ait pas été concluant. Surprises par ses variations climatiques, certaines populations les attribueraient à une sanction divine, a fait remarquer la doctorante.

Renforcer les capacités de résilience des populations

S'agissant de la variation du couvert végétal, l'étude a montré que la forêt de la commune de Belabo a gardé les différents types d'utilisation de terre prévus dans son plan d'aménagement de 2015.

« Ce qui est une bonne chose, car cela montre qu'il n'y a pas un type d'utilisation de la terre qui a disparu. Mais des analyses plus poussées indiquent des régressions en termes de superficie : par exemple, la forêt adulte a régressé, cédant sa place à la forêt secondaire ou aux marécages, entre 1983 et 2000 », a-t-elle noté.

On pourrait dont attribuer ces perturbations aux activités d'exploitations que cette forêt a connu de par le passé. Mais ces variations pourraient aussi s'expliquer par les effets du changement climatique. Cela constitue le prochain défi de notre étude que nous allons tenter de relever en utilisant des logiciels spécialisés, a fait savoir la chercheure.

L'objectif à terme étant de mesurer la part d'impact du changement climatique sur la réduction du couvert forestier, afin de chercher les solutions les plus appropriées.

Il ressort également de ses travaux que face aux changements constatés, les populations adoptent des stratégies d'adaptation qui consistent, soit à abandonner les terres dégradées ou à descendre vers les marécages ; ce qui induit un changement de cultures, de techniques culturales qu'elles ne maitrisent toujours pas.

L'étude recommande donc au gouvernement d'inclure, dans le cadre de la stratégie sectorielle de sa politique nationale de lutte contre le changement climatique, des actions en direction des populations des zones forestières, dans l'objectif de les sensibiliser, de leur donner les moyens d'adaptation qui tiennent compte de leurs activités et de leur contexte.

Les ONG, les autorités coutumières, les collectivités locales devraient également accompagner les populations, renforcer leurs capacités à s'assurer une meilleure résilience face aux effets néfastes du changement climatique, a suggéré Guylene Ngoukwa.

Tout comme elle, une vingtaine de doctorants et d'étudiants de master boursiers de AFF ont présenté, au cours de cet atelier régional, les résultats de leurs recherches sur la foresterie réalisées dans plusieurs pays africains.

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