Ile Maurice: Umarfarooq Omarjee - «Maurice reste une destination préférée des touristes (...)»

Vingt-et-un mois après la réouverture des frontières et la reprise du flot de voyageurs entre Maurice et l'étranger dans les deux sens, le consultant en tourisme et «general sales agent» d'Air Belgium, fait le point de la situation sur l'industrie du voyage.

Depuis la reprise des voyages aériens le 1er octobre 2021, quel est votre constat ?

Visiblement le Covid-19 est bien derrière nous. Le temps s'est écoulé. Tout ce qui touche aux voyages, au tourisme, à l'aviation, tout a repris. Nous sommes sur la bonne voie. Il y a 15 jours, au Salon du Bourget à Paris, qui a lieu tous les deux ans, nous avons vu des records de commandes d'avions. Au niveau de Maurice, il y a eu malheureusement, juste après la réouverture des frontières, la vague d'Omicron qui nous a un peu déroutés. Mais heureusement, les choses se sont inversées vers une certaine normalité à partir d'avril et on a fait une très bonne saison en mai, juin, etc.

L'année dernière a été une année où nous avons couvert nos principaux marchés, que ce soit l'Europe ou l'Afrique, entre autres. Bien sûr, l'Asie est encore problématique, avec un taux de récupération beaucoup plus lent que les autres destinations. N'oublions pas que les vols directs vers Hong Kong et la Chine n'ont pas encore repris. Actuellement, il n'y a que des vols vers la Malaisie. Les choses s'accélèrent dans le bon sens. But it's going step by step.

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Les prévisions montrent que cette année jusqu'à décembre nous aurons une année plutôt intéressante avec de nouveaux marchés porteurs comme l'Italie, l'Europe de l'Est, entre autres. Mais quoi qu'il arrive, la situation ne sera pas aussi mauvaise que pendant le Covid-19, avec toutes les restrictions qu'il y a eu.

Pour 2022, le nombre de touristes venus à Maurice s'élèvent à 997 290 contre 179 780 en 2021. Quel est votre regard sur cette reprise ?

Les choses ont beaucoup changé. C'est vrai que le million de touristes n'a pas été atteint, mais encore faut-il rester positif et dire que les choses se sont beaucoup améliorées. Après le Covid-19, la psychologie du voyage a changé et juste après, il y a eu la guerre russo-ukrainienne et un mouvement de sanctions a commencé en Europe et dans le monde. Automatiquement, cela a eu un effet boomerang sur Maurice. Il y a donc eu un impact qui a fait grimper le prix des produits et de l'essence, entre autres.

Concernant les chiffres des arrivées touristiques, on constate des progrès par rapport à 2021. Espérons que l'année prochaine sera meilleure que 2019. C'est ce que nous voulons.

Le point le plus important est que la reprise a eu lieu et nous avons pu voir et revoir le marché touristique en pleine progression. Que ce soit au niveau des hôtels, des lodges, entre autres, tous les secteurs directs et indirects du marché touristique. Et surtout ce qui me fait plaisir, c'est de voir que Maurice reste une destination préférée des touristes.

Parmi nos principaux marchés, la France domine avec 238 864 touristes en 2022, suivie de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, avec 140 847 et 96 767 respectivement. Comment analysez-vous cette situation ?

La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne sont des pays avec des vols directs. Et les vols directs apportent beaucoup plus d'arrivées et beaucoup plus d'intérêt.

Y a-t-il suffisamment de vols vers Maurice ?

Nous pouvons faire mieux en ce qui concerne les compagnies aériennes qui opèrent. Mais il ne faut pas oublier que depuis la réouverture des frontières, de nombreuses nouvelles compagnies aériennes ont commencé à opérer sur Maurice. Concernant les vols que nous représentons, nous avons Air Belgium avec des vols de Bruxelles. Et Neos, une compagnie privée italienne, qui opère de Milan et Rome. D'autres entreprises commencent à leur emboîter le pas.

Il est vrai qu'Air Mauritius a un rôle à jouer. Et il le joue très bien. Que ce soit pour des vols vers Londres, la France, l'Afrique, l'Asie, l'Inde, entre autres. Ensuite il y a Emirates et d'autres compagnies aériennes qui opèrent via des hubs. Depuis le Covid-19, plusieurs compagnies ont revu leur flotte et réduit leurs vols. Ainsi, cette année beaucoup se lancent et se relancent pour répondre à la demande des voyageurs. Évidemment, nous en tant qu'opérateur et stakeholder, plus il y aura d'opérateurs, mieux ce sera pour nous.

Que faire pour accélérer l'arrivée des touristes ?

Les touristes viennent à Maurice pour la découverte ou parce qu'ils en ont envie. La MTPA fait la promotion de Maurice à l'étranger et grâce à cela nous avons remarqué que les touristes sont intéressés à venir passer leurs vacances ici. Dans le récent Budget, nous avons remarqué que le budget de la MTPA a été augmenté. Il y aura donc beaucoup plus de campagnes et de possibilités de promouvoir la destination dans d'autres pays. C'est important.

Chacun doit bien sûr apporter sa pierre à l'édifice. Et il faut continuer sur cette lancée et ne pas s'arrêter. Même si un marché reste porteur, il doit toujours être encouragé à se développer et, en même temps, rechercher ce que nous appelons des niche markets ou de nouveaux marchés potentiels, comme l'Europe de l'Est, l'Afrique, entre autres.

L'Afrique est très importante en termes de développement. Car Maurice reste un plateau important en Afrique, en termes de shopping, de destination elle-même et en termes de possibilités de visa. N'oublions pas que Maurice est l'un des pays d'Afrique qui a le moins d'exigences de visa pour les intra-africains. Automatiquement, cela peut être intéressant et bien sûr, en poussant vers des pays en développement comme l'Inde, le Moyen-Orient, l'Asie.

Pensez-vous que les prix des billets d'avion finiront par baisser ?

Le prix des billets d'avion a fortement augmenté depuis le Covid-19. Il y a plusieurs raisons à cela. Chaque entreprise fonctionne avec une formule très simple : l'offre et la demande. Avec le Covid-19, il y a eu une baisse de l'offre et de la demande. Donc automatiquement quand on voit ça, on se dit que les prix vont augmenter. Si on le voit sous un autre angle, ce serait de voir que de plus en plus de gens ont envie de voyager. Mais le nombre d'appareils en circulation n'a pas encore suivi le rythme.

Le transporteur A380 des compagnies européennes recommence à entrer en opération. Emirates, le plus grand transporteur de ce type d'avions, a récemment remis en service tous ses appareils, sans compter les problèmes de chaîne d'approvisionnement par rapport aux pièces qui ont été retardées avec le Covid-19. C'est la raison pour laquelle il y a eu des augmentations de prix parce que le décalage entre l'offre et la demande fait monter les prix.

Au cours des derniers mois, nous avons remarqué que les prix ont commencé à se stabiliser. Il y a eu une légère baisse. D'ailleurs, on le voit à Maurice sur certaines destinations comme l'Europe et l'Afrique. Toutes les destinations ne sont pas concernées pour le moment mais, quand même, ça va dans le bon sens. Les prix vont certainement baisser mais cela prendra du temps. Sachez que plus tôt vous achetez vos billets, plus vous les payerez à des prix très bas.

Voyager, longtemps considéré comme un luxe, devient de plus en plus accessible aux Mauriciens grâce au développement concret dans l'aviation et à l'émancipation de la classe moyenne. La Malaisie, Singapour, la Turquie, Dubaï, entre autres, sont des destinations prisées des Mauriciens. Quelles sont vos observations ?

En effet, les voyages deviennent de plus en plus accessibles pour plusieurs raisons, comme évoqué plus haut, par rapport au nombre de vols, aux compagnies qui opèrent et à l'envie de voyager. Les courts trajets entre Maurice, Rodrigues, La Réunion sont très appréciés des voyageurs. Mais il y a encore des destinations plus intéressantes avec un budget plus correct comme l'Afrique du Sud et la Malaisie.

Ensuite, nous avons des destinations hub qui privilégient les escales. Souvent, les voyageurs peuvent s'arrêter quelques jours sans frais supplémentaires, par exemple à Dubaï et Istanbul. Cela permet donc aux Mauriciens de se rendre à leur destination à meilleur prix et de faire une escale sans surcoût. C'est vrai que le voyage a beaucoup changé, le profil du voyageur a changé et les prix aussi ont évolué. Certes, mais les gens économisent pour voyager.

Pensez-vous que les Mauriciens sont friands de forfaits où tout est planifié ?

Effectivement ! Les voyageurs touristiques ont plusieurs forfaits et c'est très intéressant quelle que soit la destination. Car tout est organisé à la lettre pour eux et il y a aussi des forfaits combos. Par exemple, la personne prend un avion pour l'Europe, puis un bateau de croisière pour visiter d'autres pays. Tout ça pour dire que beaucoup de possibilités sont là, selon le type de voyage.

Avez-vous remarqué une hausse dans les ventes de croisières ?

Les bateaux de croisière ont beaucoup souffert pendant le Covid-19. C'était un peu comme des clusters du coronavirus où il y avait des bateaux mis en quarantaine et qui ne pouvaient pas accoster dans certains ports. Heureusement, la situation est revenue à la normale. En effet, depuis quelques années, on constate beaucoup plus d'engouement pour ce type de voyage. Pour la bonne et simple raison que lorsqu'un voyageur choisit ce mode de déplacement, il a la possibilité de visiter plusieurs pays pendant des semaines et dans le forfait, tout est inclus, nourriture, hébergement et visites, entre autres. En famille, ce type de voyage est beaucoup plus intéressant.

Comment se porte Omarjee Holidays aujourd'hui ?

L'entreprise est scindée en deux. Nous avons Omarjee Holidays, qui fait agence de voyages et tour-opérateur, et Omarjee Aviation, qui représente des compagnies aériennes comme Air Belgium et Neos. Omarjee Holidays a connu une situation inédite avec la crise du Covid-19. Pendant près de deux ans, la situation était compliquée. Tout était suspendu à Maurice et dans le monde.

Comme d'autres entreprises, financièrement, nous avons dû fournir des efforts considérables. Nous sommes néanmoins reconnaissants au gouvernement d'avoir agi rapidement avec le Wage Assistance Scheme, qui a permis de maintenir les emplois. Nous avons gardé tout le monde et cela nous a permis de reprendre les tâches dès la réouverture des frontières.

Les choses avancent. Nous proposons des packages super intéressants à nos voyageurs qui souhaitent se rendre en Belgique, à Rome et Milan, entre autres. Le secteur est encore très concurrentiel à Maurice mais nous essayons de nous démarquer et de satisfaire tous les voyageurs. De plus, nous constatons des progrès constants et nous soutenons le secteur du tourisme pour l'économie de notre pays.

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