Madagascar: Les sites historiques de Tsinjoarivo à redécouvrir

C'est Jean Laborde qui construit le Rova (enceinte royale) de Tsinjoarivo comme lieu de villégiature de la reine Ranavalona Ire. Jean Laborde est aidé par les artisans de la « Colline aux Trente Hommes ».

En effet, pour bâtir les pavillons du Rova, il fait appel, en 1834, à des artisans locaux, depuis rattachés au service de la Résidence royale. Ils sont au nombre de trente, tous spécialisés dans leur domaine respectif, la charpente, le fer, la construction. Pour faciliter et accélérer les travaux, ils sont installés sur cette colline avec femmes et enfants.

La construction terminée en 1836, ils y restent pour assurer les réparations et les entretiens des pavillons. Et comme les « Soixante Hommes » de Mahatsinjo (lire précédente Note), ils doivent également renforcer la garde royale en cas d'attaque extérieure. Ce qui ne s'est jamais produit. Au début du siècle, on peut encore remarquer sur les lieux un foyer à trépied, une des trois réserves de riz et un tombeau. Un peu plus loin, deux autres caveaux se font remarquer. L'ail est le seul tabou à cet endroit. Les travaux de construction du Rova débutent en 1834 pour se terminer deux ans plus tard.

Auparavant, il a fallu remblayer le site. La terrasse obtenue a 5 m de hauteur et mesure 52m x 35m. Le transport de la terre à partir du quartier Besakana (à environ 200 m de là) se fait en « tohi-vakana »: les femmes se mettent en file comme les perles d'un collier et se passent les paniers remplis de terre. Cela a l'avantage d'être plus rapide et moins fatigant. Parallèlement, les hommes sont chargés de transporter les pierres qui protègeront le remblai.

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Deux grandes portes, dont la ligne rappelle celle d'Ambohimanga, donnent accès au Rova. L'une au nord-est est la porte principale. C'est là qu'aboutit la grande allée de pins par laquelle la souveraine arrive d'Antananarivo. Comme on le sait, le coin nord-est ou « zoro firarazana » est sacré pour les Malgaches en général, les Merina en particulier. C'est là qu'ils invoquent Zanahary (Créateur) et les Ancêtres pour leur demander tout ce dont ils ont besoin (époux (se), progéniture surtout mâle, santé, richesse...) ou implorer leur pardon pour avoir transgressé un tabou.

L'autre portail s'ouvre au sud-ouest. C'est près de celui-ci que repose le corps du devin personnel de Ranavalona Ire, Rainisoabelomanga en qui elle a placé toute sa confiance. Le Rova se compose de cinq cases. A l'origine, leurs toitures sont confectionnées avec des tuileaux en bois et les murs en bois également. En entrant dans l'enceinte, à gauche et de chaque côté du portail nord-est, deux petites cases jumelles sont destinées aux princes et aux princesses.

Plus loin à gauche, s'élevent deux cases plus grandes, dont l'une est la salle de réception royale, l'autre le pavillon de la Reine. Enfin au fond de la cour et isolée, une dernière petite maison reçoit le Premier ministre, d'abord Raharo puis son frère et successeur, Rainilaiarivony. Ce dernier possède également, à l'extérieur de l'enceinte royale, un pavillon où réside son fils Radriaka, 15 honneurs (grade de général). C'est aussi l'époux de Victoire Rasoamanarivo, la première de tous les catholiques malgaches à être béatifiée, et cela sous le pontificat de Jean Paul II.

C'est là que le Premier ministre reçoit ses invités. Tel le résident général français, Le Myre de Vilers, venu pour conférer avec Ranavalona III en 1890. Le Français est accueilli par un convoi de porteurs conduit par Marc Rabibisoa, grand intellectuel et interprète en français de la Cour. De même, les princes et officiers du Palais possédent des fermes autour du Rova. C'est ainsi que deux des grands îlots formés par les bras de l'Onive, près de la chute Ambavaloza, portent le nom de Nosin-dRamahatra (ile de Ramahatra, neveu de Ranavalona II) et Nosin-dRamonja (ile de Ramonja).

On trouve aussi à l'est, en contrebas du Rova, une prison et une résidence des officiers du Palais devenue plus tard une école. Comme il s'agit d'une simple résidence de vacances royales et que celles-ci n'ont rien du caractère officiel et pompeux des déplacements à Ambohimanga (un des berceaux de la dynastie merina), le respect de certaines étiquettes n'est pas alors exigé. Ainsi, il n'est pas nécessaire de passer la grande porte d'entrée du Rova du pied droit comme à Antananarivo et à Ambohimanga.

De même, on n'y a pas planté des amontana et des aviavy , arbres royaux. Dès qu'on entre dans l'enceinte, seuls deux pins centenaires vous accueillent. Ils auraient le même âge que le Rova original. En outre, aucun tabou n'existe dans l'enceinte et tout autour. Sauf entre les deux chutes de l'Onive.

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