Madagascar: Présidentielle - La caution multipliée par quatre

Les grandes lignes des décrets sur les modalités à appliquer à l'élection présidentielle ont été publiées, hier. Un des points saillants est la hausse de la caution à payer par les candidats qui est de 200 millions d'ariary.

Mitigées. Telle est la nature des réactions à la lecture du communiqué du Conseil du gouvernement, hier. Des avis partagés au sujet, surtout, du montant de la caution à payer pour les prétendants à la magistrature suprême. Le Conseil du gouvernement fixe cette caution à 200 millions d'ariary. La loi organique relative à l'élection présidentielle la qualifie de "contribution aux frais d'impression des bulletins de vote", à verser à la Caisse des dépôts et consignations.

Ce texte ajoute que, sur proposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), son montant est fixé par un décret pris en Conseil du gouvernement. Toujours suivant les dispositions de la loi précitée, la caution sera remboursée pour les candidats ayant récolté 10% des voix à l'issue du scrutin. Rapportée à l'ancien Franc malgache ou fmg, les 200 millions d'ariary équivalent à un milliard de fmg. Un montant jugé "exorbitant", par le citoyen lambda dont certains réagissent sur un ton ironique sur les réseaux sociaux.

D'autres relativisent en indiquant que c'est moins cher que les 4X4 de luxe à bord desquels la plupart des aspirants candidats sillonnent le pays. Le communiqué du gouvernement souligne que la dernière revue à la hausse de la caution pour les candidats remonte à l'élection présidentielle de 2013. À l'époque, elle était fixée à 50 millions d'ariary. Une somme maintenue pour celle de 2018. "En dix ans, il y a eu des hausses assez conséquentes des coûts et frais nécessaires à l'impression des bulletins uniques. Le cautionnement est une contribution du candidat à ces frais. Il est normal qu'il y ait eu une révision à la hausse", explique Lalatiana Rakotondrazafy, ministre de la Communication et de la culture.

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Arbitrage

Dans un discours publié, hier, Marc Ravalomanana, chef de file du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM), qui a déjà annoncé sa candidature à la prochaine joute électorale, conteste le montant fixé par le Conseil du gouvernement. "Si on se réfère à la Constitution, il s'agit d'une élection présidentielle anticipée. Donc, par rapport à l'article 9 de la loi relative à l'élection présidentielle, c'est la caution appliquée lors du précédent scrutin qui devrait être appliquée", réagit l'ancien président de la République. "En cas d'élection anticipée, le montant de la dernière contribution est maintenu", dispose effectivement le dernier alinéa de l'article 9 de la loi sur la présidentielle.

La date du premier tour de la présidentielle est avancée de dix jours par rapport à la fourchette prévue par la Loi fondamentale. "L'élection du président de la République a lieu trente jours au moins, et soixante jours au plus, avant l'expiration du mandat du Président en exercice", prévoit-elle. Étant donné que Andry Rajoelina, président de la République, a prêté serment le 19 janvier 2019, le premier tour devrait se tenir le 19 novembre au plus tôt. Seulement, la CENI a opté pour le 9 novembre afin d'éviter que la saison des pluies ne perturbe les opérations électorales, surtout la collecte.

Une exception qui a obtenu un avis favorable de la Haute cour constitutionnelle (HCC). Contestant la légalité de la caution fixée durant le Conseil du gouvernement, le patron du TIM en appelle à une prise de responsabilité de la CENI. Si nécessaire, l'arbitrage du débat devrait, toutefois, revenir à la HCC. Quoi qu'il en soit, sauf revirement, il faudra s'acquitter des 200 millions d'ariary avant de s'aligner à la ligne de départ du scrutin du 9 novembre.

Déjà, lors de la dernière hausse en 2013, une partie de l'opinion politique avait qualifié la somme de 50 millions d'ariary de rédhibitoire. Finalement, plus de trente candidats se sont inscrits à la course à la magistrature suprême. Une performance réitérée en 2018. Être candidat à un mandat électif est un droit citoyen, certes. La loi sur la présidentielle prévoit aussi d'autres critères comme l'investiture par une formation politique ou le parrainage de cent- cinquante élus.

Des observateurs regrettent, néanmoins, que "ces critères n'empêchent qu'il y ait des candidats farfelus qui s'arrogent ensuite le statut d'anciens candidats à la présidentielle et revendiquent des privilèges ou immunités politiques inexistants". Avoir un minimum de partisans pour être des délégués dans les près de vingt-cinq mille bureaux de vote, devrait également être inscrit dans ces critères. Cela aidera à la crédibilité des votes et la fiabilité des dossiers de contentieux. L'argent reste un sujet délicat à Madagascar. Seulement, les candidats à la présidentielle devront, vraisemblablement, se donner les moyens de leurs ambitions.

Les dates à retenir

Outre le 9 novembre et le 20 décembre pour les 1er et 2e tours de la présidentielle, d'autres dates sont également à retenir à la lecture des décrets pris en Conseil du gouvernement. La période de dépôt des dossiers de candidature auprès de la HCC, court du 23 août à 9 heures, jusqu'au 6 septembre à 18 heures. La liste officielle des candidats retenus pour la joute électorale devra être publiée par la Cour d'Ambohidahy, au plus tard, le 9 septembre. Pour le 1er tour, la campagne électorale sera du 10 octobre à 6 heures, jusqu'au 8 novembre à minuit. En vue du 2nd tour, ce sera du 5 décembre à 6 heures, jusqu'au 19 décembre à minuit.

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