Tunisie: Efficacité énergétique - Secteur du Bâtiment - Encore du pain sur la planche

13 Juillet 2023

L'optimisation de l'énergie dans le secteur du bâtiment ne peut être atteinte qu'en travaillant sur toute la chaîne de valeur, allant de la conception jusqu'à la gestion de l'énergie après construction.

Dans le domaine de l'énergie, il y a une règle d'or qu'il faut garder toujours en tête, «l'énergie la plus propre est celle qu'on ne consomme pas». Car la transition énergétique et la décarbonation de l'économie impliquent aussi une meilleure efficacité énergétique. Optimiser la consommation d'énergie est donc bénéfique sur le plan écologique puisque cela va entraîner une baisse de la production de l'énergie qui est le premier secteur pollueur en Tunisie, mais aussi sur le plan financier, étant donné les économies cumulées dues à la baisse de la facture énergétique.

Sur ce point, la Tunisie a encore du pain sur la planche. En effet, en réussissant à amortir de 11% sa consommation d'énergie primaire entre 2010 et 2020, la Tunisie se trouve presque à mi-chemin de son objectif fixé à 30% à l'horizon 2030. Certes, il s'agit là d'un progrès considérable. Mais selon certaines estimations, le taux de gaspillage énergétique s'élève en Tunisie à 40%. Le chiffre souligne, en effet, l'ampleur du travail qui doit être effectué en matière d'ancrage de bonnes pratiques de la maîtrise de l'énergie chez les consommateurs, les producteurs ainsi que les industriels.

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Accompagner le secteur dans sa transition écologique

Pour atteindre ses objectifs en matière d'efficacité énergétique, la Tunisie doit miser sur le secteur du Bâtiment. C'est à lui que revient le gros lot du travail puisqu'il est le plus grand consommateur d'énergie avec une part de 36% de la consommation nationale. Or, l'optimisation de l'énergie dans ce secteur, ne peut être atteinte qu'en travaillant sur toute la chaîne de valeur, allant de la conception jusqu'à la gestion de l'énergie après construction.

La maîtrise de l'énergie dans le secteur du bâtiment repose, en effet, sur quatre éléments principaux : l'efficacité énergétique passive pour améliorer l'enveloppe thermique du bâtiment, l'efficacité énergétique active, l'intégration des énergies renouvelables (solaire thermique, solaire photovoltaïque) et le changement du comportement des utilisateurs de l'énergie au niveau des bâtiments.

Concrètement, la maîtrise de l'énergie dans cette filière se traduit par plusieurs actions, telles que l'utilisation de matériaux de construction écologiques qui ne sont pas énergivores, le recours à l'architecture écologique et l'installation de technologies d'efficacité énergétique dans les bâtiments telles que le système de gestion de l'énergie.

Or, proposer des alternatives aux ciments et briques rouges demeure aujourd'hui un enjeu de taille pour le secteur. «La cimenterie représente 50% de la consommation d'énergie du secteur industriel, alors que la Tunisie dispose d'alternatives utiles et efficaces telles que le plâtre qui est un matériau à faible empreinte carbone», a souligné Mounir Bahri, président de Tunisia Green Building Council (TGBC), dans une déclaration accordée à La Presse.

Selon l'expert en efficacité énergétique, la Tunisie peut tirer avantage de ce matériau d'autant qu'elle dispose de réserves importantes en gypse (matière à l'origine du plâtre), classées 4e à l'échelle mondiale en termes de quantité et 2e en termes de qualité. «Malheureusement, ces ressources naturelles ne sont pas très exploitées, alors que l'utilisation de ces matériaux et le recours à des conceptions architecturales bioclimatiques vont réduire les besoins en énergie du secteur Bâtiment et réduire, par ricochet, les dépenses de subventions énergétiques», a-t-il ajouté.

A cet égard, Bahri a indiqué qu'il est aujourd'hui nécessaire d'accompagner les entreprises du secteur de la construction et du bâtiment dans leur transition écologique, surtout dans ce nouveau contexte de transition verte où l'introduction de la taxe carbone aux frontières va impacter la compétitivité de leurs produits. «Pour changer un procédé et le rendre bas carbone, il faut mettre en place tout un programme.

L'Etat a beaucoup travaillé sur la question de la consommation d'énergie, en menant des audits énergétiques dans le secteur cimentier, et dans les usines de briques rouges dans l'objectif de réduire la consommation, mais malheureusement, il n'y a pas eu de suite favorable», a-t-il précisé. Et de conclure : «La première action qui a été réalisée au niveau cimentier était la suppression de la subvention, ce qui a poussé les industriels à faire des efforts pour réduire la consommation d'énergie. Aujourd'hui, avec cette nouvelle taxe, la compétitivité de leurs produits est compromise, il faut donc agir au niveau des procédés de fabrication pour qu'ils soient économes en énergie».

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