Madagascar: Cinq pavillons pour former le Rova de Tsinjoarivo

Lors de son dernier voyage à Tsinjoarivo en 1890, Ranavalona III exige, dans son Kabary (grand discours officiel) au peuple qu'il entretienne le Rova; que chaque fois qu'il y pénètre, il doit apporter sa contribution dans l'embellissement et l'amélioration de l'enceinte. L'ordre est assorti d'une menace de décapitation à l'encontre de quiconque ne le respecte pas. Comme ce sévère avertissement coïncide avec la visite du résident général français, Le Myre de Vilers, qu'ils croient en être l'initiateur, certains villageois le prennent mal. D'autant que le souvenir de la première guerre franco-merina (1883-1885) est encore vivace dans les esprits et que les sanctions subies ont été lourdes à porter et se font toujours sentir. C'est pourquoi, dès que la Reine est partie pour rejoindre sa capitale, des nationalistes - ou plutôt les partisans des conservateurs à la Cour- incendient le Rova. Comme les cases construites en matériaux ignifugés sont bâties presque côte à côte, et le vent aidant, elles sont complètement réduites en cendres.

Créé par caprice royal, Tsinjoarivo perd alors de son prestige et est délaissé, aussitôt la royauté disparue en 1897. Le gouverneur général français, le général Joseph Simon Gallieni, tient cependant à conserver à l'enceinte royale son ancien caractère et se fait un devoir d'entretenir le Rova, devenu avec ses environs domaine de l'État. Le général Gallieni fait notamment recontruire les cases en leur donnant une toiture en tôles recouvertes de chaume et des murs à revêtement de terre battue blanchie à la chaux. Le Rova est devenu un Musée d'histoire en 1939. Selon les gardiens de l'établissement en 2009, le général Gallieni commande, dès la reconstruction du Rova, des meubles sur le modèle du mobilier de Manjakamiadana, le Palais de la Reine d'Antananarivo. Ils ne seraient jamais parvenus à Tsinjoarivo même si le gouverneur général aime, comme les reines, y passer des vacances.

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Beaucoup plus tard, le 11 novembre 1979, la Résidence royale est foudroyée et toutes les maisons sont de nouveau ravagées par les flammes. La reconstruction se fait en 1983. Au début du siècle, la Résidence de villégiature royale comprend cinq pavillons, mais leur agencement correspond peu ou prou à l'original. A partir de la gauche en entrant par la grande porte nord-est, se trouvent successivement le Pavillon des aides de camp. Le second, dénommé aussi « Trano fahasivy » (9e Maison) est appelé Pavillon de la Reine. C'est le plus grand bâtiment et le seul à comporter plusieurs pièces, trois exactement qui constituent la chambre à coucher royale, la salle de bal et la chambre des filles d'honneur.

Le troisième pavillon est appelé la Salle à manger de la Reine. Le quatrième, au fond de la cour, est baptisé Pavillon de Rainitsimbazafy, que le général Gallieni nomme Premier ministre à la chute de la monarchie merina, en 1897. À droite du portail, le cinquième pavillon est appelé Résidence du Premier ministre Rainilaiarivony. Au beau milieu de la cour, sont inscrites au moyen de briques les lettres RM (Ranavalona Manjaka) et RGRI (Rova Governora Ranavalona Ire). Les trois pavillons dits royaux forment, à partir de 1989, un Musée national artisanal où sont exposées les techniques des produits en bois et en fer.

Parmi les objets exposés, on peut citer un bloc de fer provenant d'une mine de Tsinjoarivo. Jadis, les blocs de fer étaient réduits en poudre avant d'être envoyés à l'usine « Soatsimanampiovana » (le bien ou le beau ne change pas) de Jean Laborde à Mantasoa qui se chargeait de les transformer en produits finis: fusils, outils de travail, haches ou coupe-coupe de décapitation, ustensiles de cuisine, objets utilitaires, etc. Le Pavillon de Rainitsimbazafy présente les sept derniers souverains qui se sont succédé en Imerina toujours au début du siècle. Et le Pavillon de Rainilaiarivony est devenu la salle des gardiens du Rova.

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