Afrique de l'Est: Îles éparses - Madagascar réaffirme le respect de la souveraineté

Le dossier îles éparses refait à nouveau surface. Le ministre de la Défense nationale l'a glissé dans son discours à la résidence de France, hier.

En douceur

L'excellence des différents aspects de la relation bilatérale entre la France et Madagascar a été soulignée durant la réception du 14 juillet, hier, à Ivandry. Néanmoins, le général Josoa Rakotoarijaona, ministre de la Défense nationale, n'a pas pour autant omis d'inscrire au menu le sujet épineux des îles éparses. «Pour Madagascar, une coopération saine et mutuellement avantageuse doit avoir comme fondation l'engagement indéfectible de chaque partie, mais aussi le respect de la souveraineté de chacune», déclare ainsi le ministre de la Défense nationale, qui a parlé au nom de l'État à la résidence de France. Une façon diplomatique d'introduire la question des iles éparses.

Un dossier en stand-by depuis la première et la seule réunion entre les parties malgache et française en novembre 2019, au palais d'Andafiavaratra à Antananarivo. «Notre pays entend aussi poursuivre, dans une approche toujours constructive, les discussions sur la question des iles malgaches du canal de Mozambique et continuer dans le respect du droit international et des valeurs fondatrices de la charte des Nations Unie», ajoute le général Rakotoarijaona. Jusqu'ici, en effet, la deuxième manche entre les négociateurs malgaches et français n'a toujours pas eu lieu.

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La rétrocession des iles éparses est un des plus grands challenges diplomatiques d'Andry Rajoelina, président de la République. Il l'a requise de vive voix à son homologue français, Emmanuel Macron, lors de sa première visite d'État en France, en mai 2019. Les deux Présidents avaient ainsi relancé les négociations au sein de la commission mixte. Ils se sont même donné jusqu'au 26 juin 2020, pour trouver «une solution commune». Dans la foulée, s'est tenue la réunion d'Andafiavaratra. Un premier round à l'issue duquel, les deux parties «se sont accordées sur l'existence d'un différend au sujet de la souveraineté».

Second round?

Madagascar table sur la restitution, tandis que la France avance la cogestion. Affirmant ouvert aux discussions, la partie malgache pose cependant comme condition préalable, «la restitution de sa souveraineté», sur les îles éparses. La dynamique des négociations a, toutefois, été douchée par la crise sanitaire causée par la pandémie de la Covid-19. Entretemps, et malgré quelques escarmouches diplomatiques, elle n'a plus été relancée. Finalement, le dossier Iles éparses a petit à petit été mis au frais dans les discours et communications officielles sur la coopération franco-malgache.

Même celles faisant part des rencontres entre Andry Rajoelina et Emmanuel Macron. La dernière fois que ce dossier Iles éparses a été évoqué de vive voix et publiquement par les deux Présidents, c'était en août 2021. Les deux chefs d'État avaient alors adressé quelques mots à la presse, juste avant un tête-à-tête au palais de l'Elysée, à Paris. Ils avaient annoncé la reprise des discussions sur le sujet. Officiellement, la position respective des deux parties n'a pas changé. Mais les discussions formelles n'ont toujours pas repris jusqu'ici. Ceci bien qu'une deuxième réunion de la commission mixte, à Paris cette fois-ci, a été annoncée à quelques reprises.

L'information la plus précise sur la tenue de cette seconde manche entre les négociateurs au sein de la commission mixte, était qu'elle aurait dû avoir lieu en novembre 2022. Le rendez-vous à toutefois été reporté «à la demande de la partie malgache», avait indiqué Arnaud Guillois, ambassadeur de France, durant une conférence de presse à la résidence, à Ivandry, en janvier.

Selon les indiscrétions, le limogeage de Richard Randriamandrato, ancien ministre des Affaires étrangères, le 18 octobre 2022, aurait été la raison de cette demande d'avortement de la deuxième réunion de la commission mixte. Jusqu'à maintenant, il n'y a pas une nouvelle échéance prévue pour la tenue de la deuxième manche entre les négociateurs français et malgaches au sein de la commission mixte. Hier, ni le ministre de la Défense nationale ni l'ambassadeur de France n'a abordé ce point. Il est probable, néanmoins, que l'allocution du général Rakotoarijaona ne soit pas anodine. Que quelque chose se trame en coulisse.

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