Madagascar: Conjoncture - Rajoelina contre-attaque

Bilan de son mandat, réponse à ses détracteurs, énergie et élection présidentielle. Tels ont été les principaux sujets discutés durant l'interview de trois heures du président Andry Rajoelina.

Combatif. Bien que la musique du générique soit une balade aux notes religieuses, l'attitude et la démarche de Andry Rajoelina, président de la République, allant vers le plateau pour son interview, a donné le ton. Face à ses trois interviewers, dans une des salles d'apparat du palais d'État d'Iavoloha, il était visiblement décidé à en découdre et passer à l'offensive face à ses détracteurs. Comme il l'a annoncé lui-même sur sa page Facebook, le locataire d'Iavoloha est donc sorti de son silence, hier. Les principaux sujets brûlants et polémiques du moment ont été passés en revue.

Le délestage, l'état piteux des routes, l'inflation, la gouvernance, les préparatifs des Jeux des îles de l'océan Indien, en passant par le débat sur la reconstruction du Rova d'Antananarivo, rebaptisé Rovan'i Madagasikara et les îles éparses, les quatre acteurs ont eu l'embarras du choix pour meubler les trois heures d'interview. Pour l'électricité, notamment, il a fait part de la consigne selon laquelle "le délestage doit prendre fin d'ici trois semaines".

Les actualités et le buzz du moment étant, les questions sur la double nationalité et l'élection présidentielle ont été particulièrement attendues. "Sur suggestion de mon avocat, j'ai acquis la nationalité française par amour pour mes enfants. Pour faciliter la poursuite de leurs études à l'étranger", réplique le Président, en ajoutant, "je ne renierai jamais ma patrie et je prendrai toujours soin de mes enfants".

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Selon ses dires, le chef de l'État a "exercé un droit", en avançant qu'il a un ascendant français, par son grand-père qu'il affirme avoir été de nationalité française. À la question, pourquoi il n'en a pas fait part avant que le sujet ne fasse polémique, il réplique, "est-ce que quelqu'un me l'a demandé ? Et je souligne que je n'étais pas président de la République à l'époque".

Les discussions ont ensuite porté sur la portée juridique de cette acquisition de nationalité. Un des journalistes a mis sur la table l'article 42 de l'ordonnance portant code de nationalité. Le locataire d'Iavoloha a répliqué en avançant l'article 45 dudit texte. Selon l'article 42, "perd la nationalité malgache, le Malgache majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère". L'article 45 ajoute cependant, "perd la nationalité, le Malgache, même mineur, qui ayant une nationalité étrangère, est autorisé, sur sa demande, par le gouvernement malgache, à perdre la qualité de Malgache. Cette autorisation est accordée par décret (...)".

Bilan

La lecture et la portée des dispositions du code de nationalité, divisent pourtant les juristes. Visiblement lassé par le sujet, Andry Rajoelina lance alors, "personne ne peut m'enlever le sang malgache qui coule en moi, ni mon amour pour notre patrie". Il a également soulevé l'exemple de Barack Obama et d'autres dirigeants français qui ont une double nationalité pour dire, "c'est à la population d'élire le Président qu'il souhaite et non pas aux opposants". Cette dernière phrase fait référence, probablement, à l'intention cachée de ses adversaires politiques.

Ces derniers auraient comme objectif qu'une éventuelle candidature de Andry Rajoelina pour un second mandat soit invalidée. S'agissant de la course à la magistrature suprême, justement, le locataire d'Iavoloha a refusé de répondre à la question sur sa candidature ou non. "J'en donnerai la primeur à la population", indique-t-il. Le président de la République affirme qu'il n'y a plus à en redire sur le calendrier des votes. Il assure aussi qu'il n'y aura pas de gap dans le financement de l'organisation du scrutin. "Comme je l'ai dit auparavant, nous pouvons subventionner la Jirama à hauteur de 1.400 milliards d'ariary.

Donc nous ne devrions pas pouvoir disposer de 65 ou 80 milliards d'ariary pour l'élection", glisse-t-il, en rappelant que le "Basket Fund", pour l'appui international est déjà ouvert. La première question de l'interview d'hier a, par ailleurs, permis à Andry Rajoelina de présenter et défendre un condensé du bilan de son mandat. Les quelque cinq mille salles de classe pour deux cent mille élèves, ou encore, les dix millions d'ouvrages scolaires mis à disposition des écoliers des écoles publiques, ainsi que les plus de sept cent vingt mille bénéficiaires des cantines scolaires ont été soulignés par le chef de l'État.

Il a aussi mis en exergue la construction de vingt-huit hôpitaux durant son mandat. "Demandez à mes prédécesseurs combien d'hôpitaux ont-ils construit ? Nous édifions des infrastructures proches et répondant aux besoins de la population. Ça ne compte pas pour ceux qui ne l'ont pas fait, mais elles répondent aux besoins des bénéficiaires", soutient le locataire d'Iavoloha.

Après un débat sur les chiffres faisant état du bilan socio-économique de l'administration Rajoelina rapportés par les institutions internationales, le Président défend avec véhémence son bilan. "Nous travaillons dur pour la population et la patrie. Et les résultats sont là, bien que je reconnaisse que c'est encore insuffisant, puisqu'il y a encore des Malgaches en difficulté et qui souffrent. C'est pour redresser cela que je suis encore debout", assure Andry Rajoelina.

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