Madagascar: Trois mille personnes avec Andrianony dans son long périple

Ralambo monte sur le trône d'Alasora, au sud-est d'Antananarivo et premier berceau de la dynastie merina, et règne entre 1575 et 1610 environ. Au bout de quelques années, il transfère sa capitale à Ambohidrabiby, au nord-est d'Antananarivo.

À sa mort, ses États s'étendent vers l'Est jusqu'à la forêt, Analamanga (actuel Antananarivo) non compris. Cette colline sera prise des mains des Vazimba par son successeur. Avant de mourir, Ralambo désigne son second fils, Andrianjaka (il règne de 1610 à 1630) pour lui succéder au détriment de son fils aîné et des enfants nés de ses épouses secondaires. Parmi ceux-ci, Andriamasoandro, fils de sa troisième femme.

Les Andriamasoandro sont donc des Zanadralambo, actuelle septième classe des Andriana. Mécontent, et pour éviter les luttes fratricides du pouvoir, Andriamasoandro préfère s'exiler avec sa famille, ses proches et ses gens. Il part vers l'Ouest, à Ambatolevy (Soavinandriana) au sud de la rivière Ikopa, dans la région de l'Imamo, et s'y installe. Au milieu du XVIIe siècle et jusqu'au début du XVIIIe siècle, la situation évolue en Imerina. « Il y avait une multitude de 'rois', chaque chef de clan s'érigeait en seigneur à son gré, chacun cherchait à régner dans son village », écrit le père Victorien Malzac dans son Histoire du Royaume Hova.

Cette situation à l'intérieur des terres provoque des départs car, au cours de ces guerres intestines, les chefs vaincus qui ne veulent pas accepter la domination du vainqueur, ne trouvent d'autre alternative à leur infortune que dans la fuite. Certains s'aventurent loin, dans « les terres de légende » encore occupées par les Vazimba.

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C'est le cas d'Andrianonifomanjakatany, ou tout simplement Andrianony, qui est vaincu à Andrakasina, sa terre d'origine selon C. Savaron, à Mantasoa ou Alasora d'après d'autres auteurs. Emmanuel Fauroux va dans ce sens et écrit qu'Andrianony appartient à la famille royale d'Alasora. Il aurait été écarté du trône dans des circonstances fort imprécises (ORSTOM «Le Royaume d'Ambohidranandriana, archéologie et traditions orales»).

D'après Jacques Dez, cela se serait produit «au cours des luttes qui marquèrent la deuxième partie du règne d'Andriamasinavalona, fin XVIIe-début XVIIIe siècle». Effectivement, la migration d'Andrianony correspond en Imerina au règne du roi Andriamasinavalona (1675-1710) dont il est parent par l'une des épouses du roi. Andrianony est accompagné d'un nombre impressionnant de personnes, trois milliers au total, dit-on.

Ils sont constitués de ses proches parents, de chefs Andriana (nobles) qui lui sont alliés ou apparentés, et d'une foule de dépendants (gardiens de boeufs, soldats, serviteurs). Parmi les Andriana qui l'accompagnent, trois chefs sont avec lui depuis Alasora, et deux autres le rejoignent en cours de route. Avec eux, il va fonder le Royaume de l'Andrantsay, le Vakinankaratra actuel. Il s'agit d'abord d'Andriankazomangabemanefohefo, frère cadet d'Andriamasinavalona et chef du Foko des Andriankazomanga.

Il y a aussi le chef du Foko des Mpanjakarivo (dont on ignore le nom), mais il est connu que l'oncle maternel d'Andriamasoandro est de la descendance directe d'Andriampanjakarivo, fondateur du clan. Il y a également le chef du Foko des Zavindravola qui est le neveu d'Andriankazomanga, et Andrianjafimasoandro, petit-fils d'Andriamasoandro, qui s'est joint à Andrianony lors de son passage dans l'Itasy.

Citons enfin Andriamanalinarivo, parti d'Ambohimanga, deuxième berceau de la dynastie merina. Les « dépendants » d'Andrianony sont formés de petites gens qui font office de serviteurs. Ce ne sont point des esclaves ou Andevo, mais plutôt des gens libres très attachés à leurs chefs. Ce sont, primo, des «Andriamahazo omby» qui comprennent des gardiens de boeufs royaux d'Alasora.

Ils ont à entretenir l'immense troupeau qui suit Andrianony et sa suite dans leurs déplacements. Ils jouissent d'un statut social particulier et sont tenus à une stricte endogamie. Après l'installation définitive, ils auront aussi à entretenir la «Tranom-parantsa» ou «Lapa», résidence seigneuriale, et à collecter le vodihena (culotte de bœuf). Des soldats sont recrutés au départ d'Alasora.

Ils sont accompagnés de leurs femmes et enfants et vivent en groupe isolé. Secundo, il y a des Mpiandry tany qui gardent les terres déjà occupées pendant que l'ensemble des clans se déplacent à la recherche de terrains plus propices à la culture. Et tertio, des Olona mahatoky, hommes de confiance, sont choisis parmi les gardiens de bœufs et les gardiens de terre dont on veut récompenser les services, Soldats, gardiens de bœufs ou de terre, hommes de confiance sont appelés par la dénomination commune de Sarotro.

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