Pour rugir à nouveau, le Nigéria doit opérer une révolution industrielle, déclare le président de la Banque africaine de développement

13 Juillet 2023
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

« Le jour où le Nigéria se réveillera et deviendra un Roi Lion, tout changera pour sa population et pour l'Afrique ».

13-juil-2023

Le président de la Banque africaine de développement (4e à gauche) en compagnie de hauts fonctionnaires et d'industriels de premier plan lors du BusinessDay CEO Forum 2023.

Le Nigéria doit de toute urgence révolutionner son secteur industriel pour devenir un géant économique. Cela transformera la vie de sa population et de l'Afrique dans son ensemble, a déclaré jeudi à Lagos, le président de la Banque africaine de développement, M. Akinwumi Adesina.

Citant les exemples de la Malaisie et du Vietnam, il a déclaré que c'était faisable.

« La Malaisie et le Vietnam ont eu recours à une diversification horizontale et verticale agressive de la production industrielle pour passer de produits de faible valeur à des produits de valeur élevée sur le marché », a déclaré M. Adesina. « Le résultat se reflète dans la richesse comparative des trois pays. Alors que la valeur des exportations par habitant est de 7 100 dollars pour la Malaisie et de 3 600 dollars pour le Vietnam, elle n'est que de 160 dollars pour le Nigéria », a-t-il ajouté.

Pour l'instant, le Nigéria se développe trop lentement et bien en deçà de son potentiel, a-t-il déclaré devant un parterre de hauts fonctionnaires, d'industriels de premier plan et d'autres parties prenantes lors du BusinessDay CEO Forum 2023. Il a également appelé le nouveau président du Nigéria, Bola Tinubu, à relancer le secteur manufacturier comateux du pays et à repositionner le Nigéria en tant que pôle industriel.

S'exprimant sur le thème « Le jour où le lion a rugi ! Faire du Nigéria un géant industriel et économique mondial », M. Adesina a souligné que la prospérité future du Nigéria ne pouvait être assurée qu'en soutenant fermement le secteur privé afin de débloquer des richesses qui profiteraient à l'ensemble de la population.

« Le Nigéria ne devrait jamais être un pays pauvre, et les Nigérians en ont assez d'être pauvres. Le Nigéria doit résolument passer de la gestion de la pauvreté à la gestion de la richesse », a déclaré M. Adesina. « Le défi est de faire rugir le lion. Nous aurons alors l'étoffe d'un géant économique... L'industrie manufacturière peut rapporter au Nigéria dix fois ce qu'il gagne en étant dépendant du pétrole. »

Pour y parvenir, il a exhorté le pays à mettre en oeuvre les politiques, les investissements, les infrastructures, la logistique et les cadres de financement adéquats, en s'appuyant sur une main-d'oeuvre jeune, dynamique et hautement qualifiée. M. Adesina a ajouté que cela impliquait de combler l'énorme fossé entre les idées politiques et l'action. Il a appelé le gouvernement nigérian à transformer ses ports et à lever les obstacles administratifs afin d'améliorer leur efficacité.

« Les ports ne sont pas des zones militaires, mais des zones de transformation économique et industrielle. »

M. Adesina a illustré son propos en faisant une analogie avec le célèbre film « Le Roi Lion », dans lequel le lionceau Simba devient le Roi Lion après l'assassinat de son père par son oncle Scar, régnant sur le royaume et restaurant sa gloire.

Le film avait coûté 45 millions de dollars, mais en 2019, il avait rapporté plus de 11,6 milliards de dollars, ce qui en faisait le film d'animation le plus rentable de tous les temps.

M. Adesina a donc encouragé le pays à être proactif et ambitieux pour son secteur manufacturier en l'intégrant dans les chaînes de valeur mondiales et régionales. Cela suppose de progresser rapidement dans la chaîne de valeur des domaines présentant un avantage comparatif, une spécialisation et une compétitivité accrues.

Un secteur manufacturier bien développé, soutenu par des politiques favorables et orienté vers l'exportation, stimulera l'innovation, la politique industrielle pour le développement des marchés d'exportation et la transformation structurelle de l'économie, a-t-il ajouté. « Au lieu de s'attacher à conserver les devises étrangères, l'accent serait mis sur l'augmentation des devises étrangères grâce à une plus grande diversification de la valeur des exportations ».

M. Adesina a cité de nombreux exemples relatifs à la Malaisie et au Vietnam. Selon le président de la Banque, alors que ces deux pays sont passés en mode « croissance manufacturière mondiale », créant ainsi des richesses et des emplois massifs, le Nigéria est resté en mode « survie », toujours incapable de remplacer ses importations de produits pétroliers, alors qu'il est l'un des plus grands exportateurs de pétrole brut.

Il a prévenu que les industries du Nigéria resteraient non compétitives si le pays ne s'attaquait pas résolument à la question de la pénurie et de la fiabilité de l'électricité.

La Banque africaine de développement investit massivement dans le secteur de l'électricité au Nigéria. Cet investissement soutiendra la mise en oeuvre du Programme de relance du secteur électrique. La Banque a engagé 200 millions de dollars dans le projet d'électrification du Nigéria pour aider à combler le fossé en matière d'accès à l'électricité, et 257 millions de dollars dans le projet de transport d'électricité du Nigéria pour renforcer le réseau et les interconnexions régionales.

De même, la Banque a lancé l'initiative « Desert to Power », d'un montant de 20 milliards de dollars, pour fournir de l'électricité à 250 millions de personnes dans 11 pays de la région du Sahel, y compris le nord du Nigéria.

« Desert to Power » va créer la plus grande zone de production d'énergie solaire du monde. L'initiative s'appuiera sur les enseignements tirés de projets réussis déjà financés par la Banque, tels que le projet d'énergie solaire Noor Ouarzazate au Maroc et le projet solaire Ben Ban en Égypte.

M. Adesina a également expliqué que la Zone de libre-échange continentale africaine représente une formidable opportunité pour le Nigéria de se lancer dans la production industrielle axée sur l'exportation. Avec un produit intérieur brut (PIB) collectif de 3 300 milliards de dollars, la Zone de libre-échange continentale africaine est la plus grande zone de libre-échange au monde en termes de nombre de pays participants.

Il a évoqué le besoin urgent d'investir rapidement dans les compétences numériques pour la fabrication, le rééquipement de la main-d'oeuvre, la formation professionnelle, la numérisation des processus industriels et l'investissement dans l'infrastructure numérique ainsi que dans un environnement favorable.

La Banque africaine de développement aide le Nigéria à améliorer ses compétences numériques. En partenariat avec l'Agence française de développement, la Banque islamique de développement et le gouvernement nigérian, elle a récemment lancé le programme i-DICE (Digital and Creative Enterprises Programme) d'un montant de 618 millions de dollars. Ce programme devrait créer six millions d'emplois et injecter 6,3 milliards de dollars dans l'économie nigériane.

La Banque africaine de développement travaille avec les banques centrales et les pays pour concevoir et soutenir la création de banques d'investissement pour l'entrepreneuriat des jeunes. Il s'agira de nouvelles institutions financières dirigées par des experts et des banquiers jeunes, professionnels et hautement compétents, qui développeront et déploieront de nouveaux produits et services financiers pour les entreprises et les projets des jeunes.

M. Adesina a indiqué que plusieurs dirigeants africains travaillaient avec la Banque africaine de développement pour créer ces banques d'investissement pour l'entrepreneuriat des jeunes. Il a exhorté le nouveau gouvernement nigérian à adopter cette initiative qui, selon lui, « changera la donne pour la jeunesse nigériane ».

La Banque africaine de développement travaille en étroite collaboration avec le gouvernement nigérian, les gouvernements de sept États et le Territoire de la capitale fédérale pour concevoir des Zones spéciales de transformation agro-industrielle, qui créeront au moins 1,5 million d'emplois. La Banque africaine de développement et ses partenaires ont déjà mobilisé 520 millions de dollars pour la première phase de ces zones au Nigéria.

« Le jour où le Nigéria se réveillera et deviendra un Roi Lion, tout changera pour sa population, et tout changera pour l'Afrique dans son ensemble... Cet avenir est déjà là. Il est temps de réinventer l'industrie manufacturière au Nigéria », a conclu M. Adesina.

Plus tôt, dans son discours de bienvenue, Frank Aigbogun, éditeur de BusinessDay, a souligné que l'économie du Nigéria avait un besoin urgent d'être revitalisée, et qu'il fallait notamment établir un secteur privé compétitif, afin d'atteindre des taux de croissance plus élevés et plus durables, capables de donner de l'espoir à la population.

« Notre population dominante de jeunes exige une croissance ciblée et régulière », a déclaré M. Aigbogun. « Nous pensons que les dirigeants d'aujourd'hui et de demain doivent être mieux préparés aux changements rapides et perturbateurs que connaît le monde dans lequel nous vivons, afin qu'ils puissent créer de manière proactive des cadres et des collaborations qui garantissent l'optimisation des ressources de la nation », a-t-il ajouté.

Parmi les autres orateurs de l'événement figuraient Ralph Mupita, président-directeur général du Groupe MTN, Osagie Okunbor, directeur général de SPDC/président des sociétés Shell au Nigéria, Godwin Obaseki, gouverneur de l'État d'Edo et Umar Namadi, gouverneur de l'État de Jigawa.

M. Obaseki a désigné le système éducatif dysfonctionnel du pays comme l'un des plus grands défis en matière de développement. « Pour nous, ce qui compte, ce sont les populations, c'est de développer les talents et, au cours des six dernières années, nous nous sommes concentrés sur le renforcement de l'éducation de base », a déclaré M. Obaseki.

Créé en 2001, BusinessDay est un quotidien économique influent basé à Lagos. Il est une source majeure de renseignements commerciaux et d'informations sur l'évolution du marché en Afrique de l'Ouest.

Cliquez ici pour lire l'intégralité du discours de M. Adesina.

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Emeka Anuforo, Département de la communication et des relations extérieures. [email protected]

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