Andrianony et sa suite voyagent de longs mois, voire des années. Déplacement marqué de plusieurs étapes qui les conduisent successivement à Soavinandriana (Itasy) dans le Moyen-Ouest, à Antamponankaratra (dans l'Ankaratra) plus au Sud, dans les villages de Rangaina et de Ramboniazy (Ilempona-Antanifotsy), à Fandriana dans la région nord du Betsileo. Là, Andriamanalina dit Betsileo- alors qu'il est lui aussi originaire de l'Imerina- se joint à eux. Tous rebroussent chemin par la suite. Partout, le passage d'Andrianjafimasoandro est marqué par une pierre levée.
Enfin, à chaque étape une partie des migrants s'implantent définitivement (Emmanuel Fauroux, ORSTOM Le Royaume d'Ambohidranandriana, archéologie et traditions orales). Ceux qui poursuivent leur route à la recherche d'une terre fertile, sillonnent en long et en large tout le Vakinankaratra actuel. Andrianony, deux de ses soeurs et Andriamanalina-Betsileo se dirigent finalement vers l'Ouest, en direction de Betafo, et jettent les bases du Royaume d'Andrantsay. Andrianjafimasoandro, les Mpanjakarivo, les Andriankazomanga et les Zafindravola se tournent vers l'Est.
A cette époque, il n'y a que quelques ilots de peuplement Vazimba dans ces contrées, qu'ils ont tôt fait de repousser ou d'assimiler. Les Andriamasoandro et les Mpanjakarivo colonisent d'abord au Nord de la rivière Manandona où ils construisent plusieurs petits villages, avant de se déplacer plus à l'Est. Mais l'implantation définitive dans la contrée d'Ambohidranandriana-Soanirariny s'effectue en trois époques distinctes.
Andriamanalinarivo s'installe à proximité du confluent de Manandona et de Sahatsio où il fonde le village d'Ambohimanga, proche de Vinaninkarena-Antsirabe, dont le nom évoque le village royal d'où il est parti. Quelques années plus tard, les Andriamasoandro et les Mpanjakarivo construisent un petit nombre de villages unis par d'étroits liens de parenté, aux environs de Miadanimerina. Les deux ne restent pas longtemps sur place.
Les Andriamasoandro, après Andrianony qui est le premier à avoir monté sur Vontovorona, campent au pied de cette montagne avant de fonder Ambohidranandriana aux alentours de 1750. En 1777, en effet, le voyageur Mayeur qui y passe, en parle comme d'un village bien établi. Les Mpanjakarivo s'implantent à Tongarivo. Les Andriankazomanga et les Zafindravola arrivent plus tard, après la fondation de ces deux localités. Les premiers occupent certains villages proches d'Ambohidranandriana, dont Mangarano au Sud-est de la vaste plaine marécageuse déjà utilisée par les premiers venus.
Puis Mangarano est abandonné par le chef du clan, Andriankazomanga-Be, qui rejoint la cour d'Andriamanalina-Betsileo, devenu roi de l'Andrantsay et dont il est le beau-père. Il y tient le rôle de Hazomanga, responsable des rituels. À sa mort et celle de sa femme, trois de ses fils sont revenus dans la contrée abandonnée et l'aîné fonde Soanirariny. Entretemps, les Zafindravola, eux, s'implantent à Mangarano et à Vohihasina.
Les Andriamasoandro et les Mpanjakarivo se partagent la principale plaine marécageuse arrosée par la rivière Vavaharana, la plus étendue et la plus favorable à la riziculture. Les derniers étant du lignage aîné, ils choisissent le territoire le plus vaste au Sud de Vavaharana qui sert de frontière naturelle entre les deux Foko. Cependant, les deux clans se reconnaissent un droit d'usage sur l'ensemble de la plaine et des collines riveraines.
Ce, pour permettre au bétail de parcourir la contrée, mais aussi pour que les populations puissent pêcher ou chasser. De même, chaque clan peut déterrer les pieds de taros sauvages nombreux sur les tanety. Dans un premier temps, seules les franges du marais moins inondées sont mises en culture. C'est Andrianjafimasoandro qui fonde le village fortifié d'Ambohidranandrina. Mais selon les Zanadray, descendants directs du fondateur du Foko, c'est sous son fils, Andriamanimahamiry, que le site est véritablement établi.
Effectivement, étant de la branche cadette, le clan ne peut satisfaire à ses besoins alimentaires et doit fréquemment se déplacer, laissant sur place les «gardiens de la terre». La maîtrise de l'eau est d'ailleurs l'un des problèmes fondamentaux des Andriamasoandro et de leurs voisins- il l'est toujours, précise-t-on. Ainsi, ils sont à la merci du climat très instable et les rizières sont souvent soit asséchées soit inondées. Ce qui met en danger la survie du groupe en compromettant les récoltes.
Pour pouvoir entreprendre les grands travaux d'infrastructures afin d'aménager et de mettre en valeur les marais, il faut une main-d'oeuvre importante. C'est pourquoi les différents clans sont amenés à conquérir de nouveaux territoires encore occupés par les Vazimba et surtout les Andrianove, premiers venus et originaires d'Andramasina et de Tsinjoarivo. Et ce, pour agrandir les leurs, mais surtout afin de trouver cette main-d'oeuvre indispensable. C'est ainsi que les Andriamasoandro prennent Ambohipiaro habité par des Vazimba. D'après Mayeur, les différents Foko se font même la guerre entre eux.
