Mali: Les autorités appelées à travailler avec leurs partenaires régionaux pour rétablir la sécurité

Kidal

Au moment où les groupes djihadistes multiplient des attaques armées ainsi que meurtres, viols, et pillages à grande échelle sur les civils dans le nord du pays, forçant des milliers de personnes à fuir la région, des voix s'élèvent dans le Sahel et ailleurs, demandant aux autorités maliennes de prendre des décisions susceptibles d'y ramener la paix. La Mauritanie, Human Rights Watch et la commission ouest-africaine, pour ne citer que ces exemples, se sont distingués dans leurs appels à l'endroit de la junte au pouvoir.

Les autorités mauritaniennes sont formellement convaincues que le retour de la paix au Mali passe par la réintégration du pays dans l'alliance militaire régionale et non par tout autre moyen. Eu égard à cette conviction, elles demandent à Bamako de renouer avec le G5 Sahel qu'il a quitté en mai 2022. « J'espère que ce retrait du Mali du G5 Sahel sera très momentané », a déclaré le président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Il estime que ce départ de la force conjointe et celui de la force française Barkhane ainsi que l'éclatement du conflit au Soudan sont « des événements regrettables qui ont perturbé le fonctionnement normal de l'organisation et accéléré davantage la vulnérabilité de cet espace déjà très fragile ».

Le chef de l'Etat mauritanien a regretté le retrait de Bamako du G5 Sahel qui « a subitement rompu la continuité géographique » de ce cadre de coopération en matière de sécurité et l'a privé de « l'apport précieux d'un pays frère », allusion faite aux troupes françaises. Tenant compte de cette situation, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a demandé plus d'« engagement et de mobilisation de ressources » pour le G5 Sahel dans le but de chercher à rétablir la paix dans la région et plus particulièrement sur le territoire malien.

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Le dirigeant mauritanien s'exprimait à la faveur de la 4e session de l'Assemblée générale de l'Alliance Sahel, une plateforme de 27 partenaires bilatéraux et bailleurs créée pour mobiliser l'aide internationale en vue du développement de la région. Le Mali, rappelons-le, avait décidé de sortir du G5 Sahel, invoquant une « perte d'autonomie » et « une instrumentalisation » au sein de cette organisation régionale formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina et le Niger.

Si les experts pensent que l'organisation du G5 Sahel est devenue moribonde après le départ du Mali, Niamey et N'Djamena ne partageaient pas ce point de vue. Les deux capitales ont tout fait pour donner un second souffle à cette force pour qu'elle continue à faire face à l'expansion inédite du djihadisme dans la région. Fort malheureusement, la tâche s'est avérée difficile : les causes de l'échec sont nombreuses, selon un fonctionnaire du G5 qui cite, entre autres, le sous-financement chronique, une volonté politique disparate et la situation politique régionale.

Pas d'intégration économique inclusive dans la CEDEAO sans la paix

Human Rights Watch déplore le fait que le Mali soit depuis lors livré aux exactions des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, mais aussi aux violences des groupes proclamés d'autodéfense, des bandits et même des forces régulières. L'organisation qui dit avoir documenté de « graves abus » commis par les forces de sécurité maliennes et par des forces présumées de la société de sécurité privée russe Wagner, aux agissements décriés dans différents pays, lance un cri d'alarme aux dirigeants maliens. Elle les appelle notamment à « redoubler d'efforts » pour protéger les civils et à « travailler en étroite collaboration » avec leurs partenaires régionaux et internationaux, pour tenter de rétablir la sécurité à travers le pays.

Le nouveau président nigérian pense que la sécurisation de la région est une urgence pour tous les Etats de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) après la levée de la suspension du Mali respectivement de celle-ci et de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Une intégration économique « inclusive » va se poursuivre au cours de l'année à venir, mais celle-ci ne peut se faire que s'il y a la paix partout, a prévenu Bola Tinubu qui dirigera l'an prochain ce bloc régional, en remplacement du dirigeant bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo. « Nous devrions avertir les exploiteurs que notre peuple a suffisamment souffert (...). Je suis avec vous, et le Nigeria, nous sommes de retour », a ajouté le président de la plus grande économie d'Afrique.

S'agissant plus spécifiquement du Mali, le Gambien Omar Alieu Touray, président de la commission de la Cédéao espère que la mise en place par les Etats ouest-africains d'une commission chargée d'examiner les options en matière de sécurité va hâter la pacification du pays. « Cette commission dispose de 90 jours pour réfléchir et faire des propositions », a-t-il déclaré, alors que les Nations unies s'apprêtent à mettre un terme à leur mission de maintien de la paix au Mali, qui dure depuis dix ans.

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