Afrique: Accord sur les céréales ukrainiennes - Quand l'Ours russe boude, c'est toute l'Afrique qui trinque

analyse

L'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes a expiré lundi dernier à minuit. Il est de facto terminé, a indiqué le Kremlin, assurant que la Russie sera prête à y revenir « immédiatement » quand ses conditions seront remplies.

Pour l'instant en tout cas, le Kremlin a suspendu son adhésion audit accord, se plaignant d'entraves à ses propres livraisons de produits agricoles et d'engrais et précisant que l'objectif affiché de cet accord, qui était de permettre la livraison de céréales aux pays pauvres, n'était pas atteint.

Signé en juillet 2022 à Istanbul et déjà reconduit à deux reprises, l'accord permettant à l'Ukraine d'exporter ses céréales via la mer Noire a permis, sur l'année écoulée, de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens en dépit du conflit. Avec le refus de la Russie d'y adhérer, l'Afrique soupire donc de nouveau, surtout qu'on sait que l'invasion de l'Ukraine, qui constitue une menace mondiale, a de lourdes conséquences sur le continent africain.

En effet, le retrait russe de l'accord céréalier expose l'Afrique à un risque d'accroissement de l'insécurité alimentaire et les pays du continent auront de sérieux problèmes d'approvisionnement et connaîtront une possible envolée des prix.

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L'Ukraine est l'un des premiers producteurs de céréales, notamment de blé, et l'Afrique une grande consommatrice des produits qu'elle importe de ce pays. Comme illustration, les pays africains, confrontés pour beaucoup d'entre eux à une forte inflation et à une difficulté croissante à nourrir leur population, importent une grande partie de leurs céréales de l'extérieur du continent. L'Ukraine et la Russie sont parmi les principaux exportateurs mondiaux de blé, d'orge...

L'arrangement conclu entre les deux belligérants aura eu l'avantage de circonscrire les dégâts qui se profilaient à l'horizon, puisqu'il a permis le retour à la normale des prix qui s'étaient envolés au début du conflit.

Le retrait de la Russie signifie malheureusement un retour à la case départ et c'est bien l'Afrique qui en paiera le prix. On se rappelle bien qu'il y a un mois, le 17 juin dernier, une délégation de chefs d'Etat africains s'était rendue en Russie où elle a plaidé auprès du président russe pour la fin de la guerre en Ukraine, mais aussi pour le maintien de l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes, que Moscou menaçait de quitter. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le plaidoyer n'a pas été entendu par Vladimir Poutine, le Kremlin ayant décidé le 17 juillet passé son retrait de l'accord de 2022.

Si la Russie devait camper sur ses positions, il faudrait craindre que la situation ne se détériore très rapidement comme ce fut le cas dès les premières heures du conflit. Quand on sait que le PAM importe 50% de son stock céréalier de l'Ukraine au profit surtout des pays africains, il faut vraiment craindre qu'on en arrive à une grave famine sur le continent. Une situation qui repose, comme déjà soulignée plus haut, la question de la dépendance de l'Afrique vis-à-vis de l'extérieur, dans la mesure où malheureusement nous consommons ce que nous ne produisons pas.

Dans ces conditions, on ne peut que souhaiter que la sagesse prévale et qu'un terrain d'entente soit trouvé pour que cette arme alimentaire brandie par le maître du Kremlin ne provoque pas davantage une crise alimentaire et humanitaire et que l'Afrique, victime collatérale de cette guerre dont elle est loin d'être responsable, n'en pâtisse pas énormément.

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