Burkina Faso: Une question brulante

18 Juillet 2023

Un mois de juin sec, un autre, celui de juillet relativement arrosé. Alors que les scolaires ont tout bouclé avec les résultats des examens, les producteurs au Burkina sont dans l'expectative, troublés par la sempiternelle question de la pluie.

Apparemment, le phénomène de la perturbation climatique devenue une réalité, tend à s'imposer dans notre pays et un peu partout posant du coup une question majeure. Comment adapter notre habitude séculaire d'un pays où la saison agricole débutait en mai et s'achevait en août, à une nouvelle tendance où jusqu'à fin juillet, voire début août, le ciel fait des siennes. Comment concilier des visions contraires entre pères et fils.

Les premiers admettent difficilement que les seconds qu'ils ont mis au monde, qu'ils ont mis à l'école, viennent leur dicter une nouvelle technique culturale qu'ils exercent depuis la nuit des temps. C'est l'une des questions brulantes qu'il faut résoudre afin de pouvoir, dans une même vision, porter notre agriculture sur des performances qui, maitrisées, nous éviteront ces déficits chroniques. L'autre pan c'est bien la question de l'eau.

De la maitrise de l'eau avec souvent des catastrophes hydriques durant la forte pluviométrie, et seulement deux mois après, les cours d'eau son taris. Est-il possible d'obtenir une bonne saison agricole sans la pluie ?

La réponse se tient sur deux exemples. Des pays ont souvent connu des périodes longues sans pluies, mais réussissent leurs saisons agricoles. Chez nous au Faso, la petite irrigation villageoise avait créé une révolution dans le monde agricole et même chez des incrédules. On mangeait du maïs frais en avril et partant sur toute l'année, avait deux récoltes pour des paysans habitués à travailler en général trois mois par an. Voici les prouesses que nous pouvons réussir si nous acceptons admettre que la pluie d'hier étant partie avec ses effluves, celle d'aujourd'hui nous impose ses valeurs de vertu ou de caprices auxquelles nous devons nous mouler. La souveraineté d'un pays se mesure également sur sa capacité à ne pas « toujours » tendre la main pour recevoir l'aumône de l'assiette.

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C'est bien ce pari que l'initiative présidentielle pour la sécurité alimentaire adoptée en Conseil des ministres, le 31 mai dernier et qui, avec la saison qui s'installe, doit jouer pleinement sa partition, veut gagner et certainement va gagner si les ouvriers sont à la charge avec cet enthousiasme des travaux en commun qui ont fait leur temps au village. Les Burkinabè nourrissent les Burkinabè, cela est bien possible. Les perspectives sont donc réalisables par les Burkinabè. L'Etat a bien joué sa partition en mettant plus de 22 milliards F CFA dans la calebasse. A cette volonté politique affichée, il faudra adjoindre une adhésion populaire pour transformer le rêve en réalité. Il s'agit bien d'une guerre à gagner. Et ne même pas envisager sa perte, l'agriculture reste dans notre pays le secteur porteur. Un cadre est né. L'Initiative présidentielle pour la production agricole 2023-2024 est la preuve que tous les secteurs demeurent prioritaires pour le gouvernement de la Transition. Elle a été proposée avec des modulations en trois composantes.

La première concerne la production du riz qui prend en compte 4.000 hectares. Le deuxième axe, le Programme alimentaire militaire du Burkina va mobiliser 1000 militaires sur 3.500 hectares. Le troisième axe concerne plus de 2.000 Volontaires pour la défense de la patrie et plus de 4.000 personnes déplacées internes sur une superficie de 3.500 hectares. Si le maitre d'oeuvre de cette Initiative présidentielle est le chef de l'Etat, le grand commis de suivi est le Bureau national des grands projets, une structure rattachée à la Présidence du Faso. Les « ouvriers » sont tous des personnes en première ligne soit comme défenseurs de la patrie ou victimes des exactions terroristes. Le fruit attendu est d'environ 190.000 tonnes de céréales et de légumes sur plus de 11.000 hectares. Nous aurons tort de suivre à distance cette nouvelle structure de production agricole. Il faudra donc que l'abondance du travail champêtre s'accompagne d'une main d'oeuvre abondante également pour la patrie. Le secteur tertiaire dans notre pays reste celui qui fait le plein de consommateurs. Ne dit-on pas que la cuisine précède les lieux de culte ?

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