Madagascar: Code de rationalité

On continue d'épiloguer sur la double nationalité du président de la République. Acquise il y a neuf ans où il était simple citoyen, sa naturalisation, qu'il n'a jamais reniée lors du débat télévisé dimanche ne peut donc pas être mise sur le compte d'un chef d'État.

Il a agi comme un citoyen lambda, n'a certainement pas lu le code de nationalité et ne pensait pas à l'époque à l'impact que cela impliquerait s'il devenait président de la République. Le « délit» ne pourrait donc pas être mis sur un acte d'un président de la République pour être qualifié de haute trahison. Quant à la conséquence de son choix sur le plan juridico-politique, c'est une autre paire de manche.

Le vin est tiré, il faut le boire. Ce n'est pas la pire des « bêtises » commises par les dirigeants successifs depuis le retour de l'indépendance ou pendant la colonisation. À preuve, on se débat aujourd'hui contre les coupures d'électricité et d'eau, contre la défécation à l'air libre, contre les coupeurs de tête, contre les mutileurs d'albinos, contre la faim, contre l'illettrisme, contre les maladies de pauvreté, contre les viols sur mineur, contre la malnutrition et on en passe et des meilleurs.

En somme, beaucoup de combats à gagner avec des moyens limités. Tout est prioritaire dans un pays où la pauvreté partage le lit avec l'opulence, où l'utile est souvent masqué par l'agréable, où le paraître l'emporte régulièrement sur l'être, où l'accessoire domine l'essentiel.

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La polémique sur la double nationalité du président de la République l'a encore montré. On s'acharne sur une « bavure » par inadvertance pour oublier les vrais défis. L'opposition se nourrit des maladresses et des bourdes de la majorité pour meubler son projet de société. Il y a beaucoup à dire sur ce qui se passe actuellement mais l'erreur a toujours été de croire qu'il suffit d'arriver au pouvoir pour résoudre tous les problèmes. Il est certain que l'opposition n'aura pas une solution miracle pour mettre fin au délestage, pour redresser la Jirama, pour rétablir la sécurité, pour juguler l'inflation, pour battre la pauvreté, pour baisser le prix des carburants et de l'électricité, pour anéantir les épidémies... La critique est facile, l'art est toujours difficile.

Tout doit partir d'un projet cohérent, réaliste, rationnel et conforme aux besoins de la population. Les priorités passent la plupart du temps au second plan. On avait beaucoup d'espoir quand le Premier ministre a décidé de rétablir les plaques rouges pour les voitures administratives, on a dû déchanter quand les ministères achètent des voitures luxueuses pour leur personnel. Il n'y a aucune suite et cohérence dans les décisions.

C'est donc plutôt un code de rationalité qu'il faut imposer aux ex et futurs dirigeants au lieu de se perdre en conjectures sur des polémiques stériles.

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