Tunisie: «Des forces de sécurité maltraitent des migrants» subsahariens, accuse l'ONG Human Rights Watch

Des réfugiés et des migrants sur un bateau sont secourus près de l'île italienne de Lampedusa, qui se trouve non loin des côtes tunisiennes.

Human Rights Watch estime dans un rapport dévoilé ce 19 juillet 2023 que la Tunisie n'est « pas un lieu sûr pour les migrants et réfugiés africains noirs » et assure que « les forces de sécurité maltraitent des migrants ». L'ONG appelle par ailleurs « l'Union européenne [à] suspendre son soutien au contrôle des migrations » dans ce pays.

Human Rights Watch a dénoncé mercredi 19 juillet 2023 la signature d'un accord commun entre l'Union européenne (UE) et la Tunisie sur la migration clandestine. Le rapport de l'ONG accuse les forces de sécurité tunisiennes - la police, l'armée et la garde nationale y compris les garde-côtes - d'avoir commis « de graves abus » ces derniers mois à l'encontre de migrants africains noirs. Des exactions qui devraient inciter, insiste HRW, l'UE à « cesser son soutien » à ce pays en matière de lutte contre l'immigration irrégulière.

« La Tunisie doit réformer de fond en comble ses politiques s'adressant aux migrants »

Parmi les abus documentés, commis par les forces sécuritaires contre les migrants figurent, selon Human Rights Watch : des passages à tabac, le recours à une force excessive, certains cas de torture, des arrestations et des détentions arbitraires, des expulsions collectives, des actions dangereuses en mer, des évictions forcées, ainsi que des vols d'argent, de téléphones et d'effets personnels.

Selon HRW, les autorités tunisiennes ont maltraité des étrangers africains et l'UE, en finançant ces autorités, partage « la responsabilité de la souffrance des migrants et des réfugiés et des demandeurs d'asile en Tunisie ».

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Ahmed Benchamsi, l'un des auteurs du rapport, insiste : « L'Union européenne a signé un accord d'association chargeant la Tunisie en gros de surveiller les frontières pour l'Europe, et même de réadmettre les migrants qui sont sauvés en mer. Sauf que les réadmettre, où ? En Tunisie ? Alors qu'ils sont soumis à ces exactions effroyables ? Non, ce n'est absolument pas acceptable ! La Tunisie doit d'abord réformer de fond en comble ses politiques qui s'adressent aux migrants. Et ensuite, l'UE doit s'abstenir de donner tout euro d'aide aux services de sécurité tunisiens, vu la manière dont ils se comportent avec ces migrants qu'ils sont censés aider. »

L'UE a annoncé, le 16 juillet, la signature d'un protocole d'accord avec la Tunisie, portant sur un nouveau « partenariat stratégique » et un financement allant jusqu'à un milliard d'euros, pour « la gestion des frontières, [...] des opérations de recherche et sauvetage, la lutte contre le trafic de migrants et la politique de retour ». Des efforts visant, selon HRW, à « mettre un terme à la migration clandestine ».

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