Madagascar: Les édifices religieux occupent les hauteurs de la capitale

L'initiative de la fabrication des briques revient sans doute à James Cameron et aussi, mais à moindre titre, à Jean Laborde. Tous les deux ainsi que Sibree, Pool, le R.P. Taïx, le frère Laborde qui se tue en tombant de l'échafaudage de la cathédrale catholique, et le frère Gonzalvien, laissent à Antananarivo des oeuvres nombreuses.

De 1863 à 1891, la fièvre de bâtir s'empare de la capitale. Architectes européens de métier ou improvisés, ceux même dont les noms sont cités plus haut, et maitres maçons malgaches, formés à leur école, garnissent les collines de la Ville des Mille « des maisons et édifices qu'elle comporte aujourd'hui encore » (les années 1950). La maison type la plus commune et la plus simple n'est que la réalisation en briques de la case de bois traditionnelle, orientation, disposition, plan et élévation, inclinaison du toit à double pente sont les mêmes.

À la place des bardeaux sur les toitures, on adopte la tuile gothique, en écaille, la plus facile à mouler et à cuire, mais aussi la mieux connue des initiateurs. Le toit, parfois incurvé sur sa partie inférieure, est avancé sur des piliers de briques pour former une varangue ou véranda, selon l'enseignement donné par Louis Gros. Puis, on élève un étage.

Enfin, on complique le bâtiment d'un ou deux corps annexes et quelquefois, de combles en mansarde. La maison à six pièces réalisée par Cameron pour le missionnaire Pearse, au pied de Faravohitra, se copie et se reproduit à de multiples exemplaires, tandis qu'en modèle réduit à quatre pièces, elle se reproduit encore davantage. L'esprit et le talent d'imitation des Malgaches donneront un caractère uniforme aux bâtisses d'Antananarivo. Leur style est, certes, spécifique, mais on ne saurait nier qu'il ait des affinités avec celui du XVIIIe siècle rustique.

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Cameron et Laborde, tous deux nés au début du siècle, mais venus très jeunes à Madagascar, ne peuvent guère connaitre autre chose en fait de maisons que celles qui leur sont familières dans leur jeune âge. D'où le caractère élégant mais désuet des vieilles maisons des collines. Selon un urbaniste parisien en mission dans la capitale (lire précédente Note), l'architecture « classique » d'Antananarivo offre ainsi une image d'unité par la structure et le style de construction, par leur orientation généralement Nord-Sud et par leur disposition le long des courbes de même niveau qui ceinture les trois collines fondamentales.

« L'impression d'unité de l'ensemble est encore renforcée par la superposition étagée et hiérarchique (...) La bâtisse s'est incorporée au roc ! » Le Palais de Manjakamiadana, Anatirova, de son point culminant, commande l'ensemble. Celui du Premier ministre, Andafiavaratra, plus bas, et les demeures plus en aval des anciens dignitaires coiffent tout le reste. Cependant, la délégation du pouvoir spirituel, donnée au christianisme lors de la conversion en masse de Ranavalona II, du Premier ministre Rainilaiarivony, des princes et de la population, « explique et justifie l'occupation des cimes par les temples et les églises.

La hiérarchie est donc toujours respectée ». Ces édifices cultuels manquent pourtant de « caractère original ». En effet, les missionnaires se retrouvent face à cette conversion presque immédiate d'une assez nombreuse population à la religion fraichement importée et ils doivent faire vite et s'appliquent alors à des plans aussi simples que tout faits.

On divise autant que possible les difficultés à résoudre. « Pour parer au plus pressé, pour satisfaire tous les prosélytes des divers quartiers, pour concurrencer les confessions et les sectes rivales, on a adopté, par calcul ou par instinct, la méthode dite des petits paquets et l'on a quelque peu négligé l'art sacré. » Selon les architectes étrangers, il y a beaucoup de temples et d'églises à Antananarivo, mais il n'y a pas, à vrai dire, « un seul Monument religieux ». De tous ces édifices sacrés, le plus réussi, celui d'Ambohipotsy dû à Sibree, est le premier entrepris (en 1863).

Mais il est indéniable, estiment les professionnels étrangers dans les années 1950, que d'autres temples, ceux d'Ambatonakanga ou d'Ampamarinana par exemple, présentent « un charme vieillot de chapelle campagnarde ». Quant à la cathédrale catholique d'Andohalo, les deux tours qui en rehaussent la façade ne manquent pas d'inspiration, poursuivent-ils. « Si le style ogival employé n'est pas d'une pureté de ligne absolue, il reste dans son ensemble, relié par une unité indiscutable, et la superposition des ouvertures a été arrêtée par quelqu'un du métier, le père Taïx... »

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