Afrique: Le conseil d'administration du FMI approuve un accord de 38 mois d'un montant de 271 millions de dollars en faveur du Burundi au titre de la facilité élargie de crédit

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Washington, DC: Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un accord de 38 mois au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur du Burundi avec un accès de 130 pour cent de sa quote-part, soit 200,2 millions de DTS (271 millions de dollars environ)[1]. Cette décision permet le décaissement immédiat de 46,2 millions de DTS (environ 62,6 millions de dollars).

Cet accord aidera le Burundi à répondre à ses besoins prolongés de balance des paiements, à réduire les vulnérabilités liées à sa dette et à faire face aux effets des chocs récents, tant intérieurs qu'extérieurs. La reprise économique que le Burundi avait connue après la COVID-19 a ralenti, cependant la croissance économique demeure saine. Les répercussions de la guerre en Ukraine ont provoqué de fortes hausses des cours des produits de base et des tensions inflationnistes. Des chocs internes, notamment des précipitations tardives, une disponibilité limitée des engrais et une épidémie de fièvre frappant le bétail, ont impacté négativement les performances du secteur primaire. Les déséquilibres extérieurs se sont accrus, avec un creusement du déficit de la balance de transactions courantes, une faiblesse des réserves de change et une prime de change sur le marché parallèle qui reste élevée. La nécessité d'engager des dépenses supplémentaires, consacrées notamment aux engrais, aux programmes sociaux et à la vaccination du bétail, a détérioré la trajectoire budgétaire et augmenté les besoins de financement budgétaire.

%

L'accord au titre de la FEC contribuera à atténuer le recalibrage de la politique économique du Burundi ainsi que son ajustement macroéconomique. Il soutiendra aussi l'agenda de politique macroéconomique des autorités. Parmi les principaux engagements, on peut citer : i) l'amorce d'un assainissement de qualité des finances publiques grâce à une augmentation des recettes domestiques, une accélération des investissements et une politique d'emprunt prudente, tout en protégeant les dépenses sociales prioritaires ; ii) l'unification des marchés de changes officiel et parallèle et la libéralisation desdits marchés afin de rétablir la viabilité extérieure ; iii) un resserrement de la politique monétaire pour soutenir l'unification amorcée et juguler l'inflation, tout en modernisant le cadre de politique monétaire et en renforçant la stabilité du secteur financier et iv) la mise en oeuvre de réformes structurelles et de bonne gouvernance plus poussées afin de créer un environnement propice à une croissance inclusive porteuse d'emplois.

À l'issue de la réunion du conseil d'administration, M. Okamura, directeur général adjoint et président suppléant, a fait la déclaration suivante :

« Le Burundi a récemment subi plusieurs chocs. Les répercussions de la guerre en Ukraine ont déclenché une hausse importante des prix des matières premières, intensifiant les pressions inflationnistes intérieures et ralentissant le rebond de croissance d'après COVID-19. Les chocs intérieurs, notamment les aléas climatiques et la crise sanitaire animale ont pesé sur les perspectives du secteur primaire et affecté le bien-être des populations. Le pays est confronté à d'importants défis macroéconomiques, notamment une inflation élevée et persistante, des déséquilibres extérieurs avec un déficit croissant du compte des transactions courantes et une couverture insuffisante des réserves de change, ainsi que de larges besoins de financement du budget et une dette publique importante.

« Pour relever ces défis, les autorités burundaises ont sollicité un accord de 38 mois au titre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC). L'accord aiderait à répondre aux besoins soutenus de balance des paiements du pays, à reconstituer les réserves extérieures, à réduire les vulnérabilités de la dette publique et à soutenir la mise en oeuvre du programme de réformes des autorités. Il s'agit du premier accord de qualité de tranche supérieure de crédit du Burundi avec le FMI depuis 2016.

« Dans le cadre de l'accord au titre de la FEC, les autorités visent à recalibrer les politiques macroéconomiques du Burundi. Elles prévoient de restaurer la viabilité extérieure grâce à l'unification des marchés de changes officiel et parallèle et la libéralisation dudit marché, tout en restant vigilantes face aux vulnérabilités du secteur financier. Elles veilleront à renforcer la viabilité de la dette et à amorcer un assainissement budgétaire grâce à une mobilisation accrue des recettes intérieures, au renforcement des investissements et à des dépenses publiques mieux ciblées, ainsi qu'à une politique d'emprunt prudente. Le resserrement de la politique monétaire, ainsi que la modernisation du cadre de la politique monétaire et l'arrêt du financement monétaire du budget, soutiendront l'unification amorcée du taux de change et la maîtrise de l'inflation. Les réformes de bonne gouvernance et de soutien à la croissance économique, ainsi que le renforcement opportun des capacités appuieront les objectifs du programme.

« Cet accord au titre de la FEC devrait catalyser le financement des donateurs, ce qui est essentiel pour répondre aux importants besoins de financement du Burundi et pour soutenir une sortie de la fragilité ».

Tableau 1. Burundi : Principaux indicateurs économiques, 2020-28

2020

2021

2022

2023

2024

2025

2026

2027

2028

Est.

Proj.

(Variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire)

Production, prix et taux de change

PIB réel 1/

0.3

3.1

1.8

3.3

6.0

5.9

5.7

5.9

5.5

Déflateur du PIB

9.2

9.4

17.7

20.0

17.0

10.9

11.0

10.7

10.9

IPC (moyenne de la période)

7.3

8.3

18.9

20.1

16.1

10.1

10.2

10.0

10.2

IPC (fin de période)

7.5

10.1

26.6

12.3

22.4

13.9

12.2

7.4

8.1

Termes de l'échange ( - = détérioration)

-12.3

1.6

-18.7

4.5

1.5

1.4

0.2

0.2

0.1

Monnaie et crédit

Masse monétaire au sens large (M2)

25.4

22.4

34.7

25.9

21.9

15.6

15.4

21.7

22.3

Crédit au secteur privé 2/

21.5

67.9

42.8

28.1

23.9

25.5

22.3

20.2

16.9

M2/PIB (en pourcentage)

42.7

46.7

52.2

51.3

50.5

49.7

48.9

50.7

53.1

(En pourcentage du PIB, sauf indication contraire)

Budget de l'administration centrale 3/

Recettes et dons

22.2

24.9

26.0

26.2

31.1

31.1

28.9

27.3

25.3

dont : dons 4/

4.3

6.3

7.2

9.3

15.2

14.8

12.1

10.2

8.0

dont :recettes

17.9

18.5

18.8

16.8

15.9

16.3

16.8

17.1

17.3

Dépenses

28.2

32.5

33.0

35.0

35.6

34.4

31.9

29.8

27.7

Dépenses courantes

20.3

24.0

21.6

20.7

15.9

15.6

14.9

14.2

14.1

Acquisition nette d'actifs non financiers

7.9

8.5

11.3

14.4

19.7

18.8

17.1

15.6

13.6

Solde primaire

-3.1

-4.7

-4.2

-6.4

-1.8

-0.7

-0.6

-0.3

-0.3

Solde global

-6.0

-7.6

-7.0

-8.9

-4.5

-3.3

-3.0

-2.5

-2.4

Solde global hors dons

-10.3

-13.9

-14.2

-18.2

-19.7

-18.1

-15.2

-12.7

-10.4

Acquisition nette d'actifs financiers

1.4

3.4

3.8

-2.7

1.2

-0.7

-0.8

0.0

0.1

Emprunts nets intérieurs

5.3

9.0

4.6

5.5

3.2

2.3

2.1

2.2

1.7

Emprunts nets à l'étranger

0.6

0.4

3.4

-0.2

-0.1

-0.5

-0.5

0.2

0.8

Comptes à payer

1.5

1.6

2.8

0.8

0.0

0.0

0.0

0.0

0.0

Dette publique

Dette publique nominale brute

66.0

66.6

68.4

72.7

65.8

61.3

56.6

52.2

48.0

dont : dette publique extérieure

17.7

20.2

19.9

34.4

32.5

30.5

28.2

25.4

23.4

dette publique intérieure

48.2

46.3

48.4

38.3

33.3

30.8

28.4

26.8

24.7

Investissement et épargne

Investissement

19.8

19.8

22.1

25.6

26.5

25.1

24.1

23.1

21.5

Public

4.5

5.3

9.1

12.5

13.3

11.9

10.9

9.9

8.3

Privé

15.3

14.5

13.0

13.1

13.2

13.2

13.2

13.2

13.2

Épargne

9.5

7.3

6.5

7.9

7.9

6.8

7.8

9.5

10.4

Publique

-1.8

0.0

-2.9

7.5

10.6

8.1

8.5

7.3

6.0

Privée

11.3

7.3

9.5

0.4

-2.7

-1.2

-0.8

2.1

4.4

Secteur extérieur

Exportations (biens et services)

8.8

8.1

7.1

9.8

12.4

13.2

14.2

16.2

16.6

Importations (biens et services)

33.1

35.1

35.0

44.6

49.8

47.7

45.9

44.2

41.1

Balance commerciale (biens et services)

-24.3

-27.0

-27.8

-34.8

-37.4

-34.5

-31.7

-28.0

-24.5

Solde courant (appui budgétaire inclus)

-10.3

-12.4

-15.6

-17.6

-18.6

-18.3

-16.3

-13.7

-11.1

Déficit courant (hors appui budgétaire)

-10.3

-12.4

-15.6

-19.7

-21.1

-18.8

-16.8

-14.2

-11.6

Réserves internationales brutes (y compris FEC)

Millions de dollars

94.3

281.0

159.0

239.7

337.9

385.1

467.1

545.6

664.4

Mois d'importations de l'année suivante

1.0

2.5

1.3

1.9

2.5

2.7

3.0

3.4

3.5

Pour mémoire :

Transferts officiels courants

0.0

0.0

0.0

2.0

2.5

0.5

0.5

0.5

0.5

Transferts officiels en capital 4/

4.4

4.0

4.3

13.0

14.6

12.7

11.0

8.9

6.5

PIB aux prix de marché courants

(en milliards de francs burundais)

5,911

6,613

7,970

10,213

12,656

14,869

17,437

20,442

23,905

(en milliards de dollars)

3.1

3.4

3.9

3.2

3.1

3.4

3.8

4.2

4.7

PIB nominal par habitant (dollars)

259.9

274.0

311.0

245.8

228.8

248.1

267.1

288.0

309

Croissance du volume des exportations (biens, en pourcentage)

-21.6

-12.4

20.0

10.3

27.8

19.4

19.4

15.3

6.6

Croissance en volume des importations (biens, en pourcentage)

-16.1

13.6

-3.8

7.8

4.6

6.8

3.3

2.0

-2.9

Population (en millions)

11.9

12.2

12.6

13.0

13.4

13.8

14.2

14.6

15.0

Dépenses sociales et de santé 3/

Dépenses de santé

1.9

3.6

3.1

...

...

...

...

...

Dépenses sociales

3.0

3.2

3.0

...

...

...

...

...

...

Sources : autorités burundaises ; estimations et projections des services du FMI.

1/ Le sursaut enregistré en 2023 est dû à la reprise de l'activité dans le secteur minier, à la mise en oeuvre du projet d'investissement portant notamment sur la fabrication de tuiles avec le soutien de la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE), et au surcroît de dynamisme du secteur tertiaire rendu possible par la réforme en cours du taux de change.

2/ Un ajustement statistique (15 %) a été appliqué à la croissance du crédit afin de répercuter le reclassement d'une banque : le Fonds de Promotion de l'Habitat Urbain est devenu en 2021 la Banque de l'Habitat du Burundi, qui est désormais prise en compte dans la situation monétaire.

3/ Les premiers chiffres se rapportent à l'exercice financier 2019 (c'est-à-dire à la période juillet 2018-juin 2019). Les chiffres intègrent les mesures budgétaires liées à la COVID-19 à partir de l'exercice 2021.

4/ Comprend les dons de vaccins (à partir de l'exercice 2021/22) et le don correspondant au service de la dette envers le FMI arrivant à échéance entre le 16 octobre 2021 et le 13 avril 2022, au titre du fonds fiduciaire d'assistance et de riposte aux catastrophes (ARC) 2022. À partir de l'exercice 2022/23, les dons comprennent également des dons projets des États-Unis et de l'Union Européenne. Les dons s'élevaient à 17,7 % par an en moyenne entre 2010 et 2014, avant la crise politique de 2015.

[1] Les chiffres en SDR relatifs au programme ont été convertis en dollars américains au taux du marché du jour où le programme a été approuvé.

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