Ile Maurice: Bruce Lee day - Avinash Ramtohul dans l'oeil du dragon

Un demi-siècle depuis que Bruce Lee, acteur et maître d'arts martiaux, nous a quittés. C'était le 20 juillet 1973. Aujourd'hui, à partir de 16 heures, la Chinatown Foundation lui rend hommage devant l'hôtel de ville de Curepipe. Parmi les participants, un inconditionnel de Bruce Lee : Avinash Ramtohul, président de la Mauritius Mixed Martial Arts Federation.

La fureur du dragon. Cinquante et un ans après la sortie de ce film avec Bruce Lee, les fans en parlent avec des étincelles dans les yeux. L'attention de l'enfant de dix ans qu'était Avinash Ramtohul est alors captivée par «ses mouvements artistiques, sa simplicité, sa vitalité. C'est pas la pression, tout est basé sur la concentration». Président de la Mauritius Mixed Martial Arts (MMA) Federation, ainsi que de la Confédération africaine de MMA, Avinash Ramtohul, avec des membres de la fédération, participe cet aprèsmidi au Bruce Lee Day. Il s'agit d'un hommage organisé par la Chinatown Foundation et la mairie de Curepipe.

Nourri par la courte filmographie de Bruce Lee, qui, emporté à 32 ans, n'a eu le temps de participer qu'à quatre films, Avinash Ramtohul retient surtout qu'«il touche toujours la cible. Li pa raté». L'enfant d'alors, qui commence les entraînements de shotokan - une forme de karaté - comprend, en regardant Bruce Lee, ce qu'est «l'attaque du gagnant». C'est l'époque où les films se louent en vidéocassettes. Cela suffit à insuffler une volonté durable de pratiquer les arts martiaux à cet enfant de dix ans.

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À 53 ans aujourd'hui, Avinash Ramtohul explique qu'il commence par le shotokan «à une époque où il n'y a pas d'infrastructures. Il n'y a même pas de dojo». C'est dans un centre communautaire à Belle-Rose, Quatre-Bornes, qu'il s'échauffe. Ses parents ne sont pas vraiment enthousiastes. Inquiets de voir leur fils de dix ans quitter la maison après l'école. Inquiets qu'il ne se concentre pas suffisamment sur les études. Pour payer les Rs 25 de l'abonnement au club de shotokan, Avinash Ramtohul économise son argent de poche. Ses parents se rassurent en observant les personnes avec qui Avinash se rend aux cours, qui se tiennent le week-end, après les leçons particulières.

L'enfant a-t-il encore de l'énergie après les leçons particulières ? «Dans ces années-là, rien que sortir de la cour pour aller dans la rue est un plaisir extraordinaire», se souvient-il. Il se souvient aussi de l'un des jeux simples avec les copains : comme ils habitent au bout d'une longue rue, «nou atann enn loto pasé, nou galoupé, met lekours ar loto-la». Plusieurs fois, des chauffeurs traitent ces enfants d'inconscients. Mais, pour eux, c'est un exercice d'endurance, «kouma Bruce Lee». Tout comme s'accrocher au cadre d'une bicyclette pendant qu'un camarade s'efforce de pédaler. Des jeux d'enfants qui se forgent le physique et le mental.

En 1987, il passe du shotokan au jujitsu, «des mouvements plus élaborés» avec le maniement du nunchaku et du katana. Il devient ceinture noire, troisième dan de jujitsu en 2009. C'est là qu'il opère sa transition vers les «mixed martial arts». Un choix qu'il explique en ces termes : «Dans le sport, il y a le plaisir personnel et le développement stratégique. Quand je commence, on n'est pas aussi renseigné sur ce qui se passe dans le monde. Au fur et à mesure, on s'aperçoit que certains sports ne vont pas se développer davantage alors que d'autres disciplines ont un nouvel essor. Ce sont surtout les sports hybrides qui empruntent à plusieurs styles.» D'où son intérêt pour les mixed martial arts.

De néophyte à «sensei»

En 2012, Avinash Ramtohul établit des contacts avec la fédération internationale de mixed martial arts lors d'un voyage en Afrique du Sud. Le sensei se perfectionne dans cette nouvelle discipline. «Quand vous commencez un nouveau sport, vous devez non seulement en connaître les règles, mais aussi les origines. Comprendre le mental de ce sport.» Découvrir aussi que «ce sport, contrairement à d'autres disciplines, a commencé avec des professionnels qui combattent pour de l'argent.

Ce n'est qu'après qu'il soit descendu au niveau des amateurs qu'ils combattent pour le plaisir». La formation du sensei s'approfondit davantage. Avec un volet pédagogique pour apprendre à détecter et à prévenir les éventuels cas d'abus de l'enfance ; le volet médical et anti-dopage ; un volet sportif de préparation de l'athlète pour comprendre comment aménager l'espace d'un cours de MMA, en assurant les paramètres de sécurité. Le tout, en respectant la Sports Act qui préconise la régionalisation, l'affiliation à la fédération internationale et l'assurance, entre autres. Dix ans de travail, jusqu'à la reconnaissance de la Mauritius MMA par le ministère des Sports, l'an dernier. La MMA n'est pas encore une discipline olympique, mais les formalités d'évaluation sont en cours.

Après avoir longtemps travaillé dans la vente pour le groupe Currimjee, Avinash Ramtohul s'est installé à son propre compte comme consultant en marketing. Il prépare un Master of Business Administration. «Le temps fait défaut pour les entraînements», confie-t-il. Car il a aussi un pied dans l'immobilier et l'autre dans la formation en self-defence. Sans oublier son centre d'entraînement à La Louise, ou encore l'importation de produits pour s'entraîner. «C'est au réveil que je fais de la méditation et des exercices de flexibilité. Je m'entraîne une heure et demie à l'heure du déjeuner». Il affirme également : «Je ne crois pas au régime. Je mange le matin et le soir.» On sait que Bruce Lee mangeait peu, mais souvent, et évitait les produits laitiers et les sucres.

Chen Shanbao, «Hakka cultural ambassador»

Juste un marcel sur le dos dans la nuit polaire de Curepipe. C'était jeudi soir, à l'hôtel de ville. Chen Shanbao, qui porte le titre de «hakka cultural ambassador», transpire quand d'autres grelottent. C'est qu'il est toujours en mouvement, lors de ces répétitions, pour que tout soit fin prêt pour l'hommage qui sera rendu à Bruce Lee, aujourd'hui. La prestation de Chen Shanbao sera le clou du spectacle. Dans son survêtement jaune, qu'il délaissera pour le débardeur blanc, il incarnera Bruce Lee, armé d'un nunchaku et de tous les cris qui aident à canaliser l'énergie. Exactement comme Bruce Lee dans ses films.

Invité par la Chinatown Foundation, Chen Shanbao en est à sa première visite à Maurice. Grâce aux bons offices d'interprète de Titoni Lam, qui traduit le mandarin de cet ambassadeur de la culture hakka, il nous explique qu'il pratique en autodidacte depuis plus de 20 ans. «J'ai regardé les films et j'ai pratiqué les mouvements. J'aime Bruce Lee depuis l'âge de dix ans». Son film favori ? «La fureur du dragon». Un univers qui semble à priori éloigné du sien. Chen Shanbao est compositeur de musique et de chansons en hakka.

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