Mali: Human Rights Watch dénonce «de nouvelles atrocités commises par des soldats et des hommes présumés de Wagner»

Des militaires

Dix jours après avoir publié un rapport sur les violences commises par les groupes jihadistes au Mali, l'organisation de défense des droits humains documente cette fois de nouveaux cas d'exactions commises par l'armée malienne et par ses supplétifs russes. Human Rights Watch interpelle l'Union africaine et la Cédéao.

Ouenkoro, Séguéla, Sossobé... Human Rights Watch a recueilli les témoignages d'une vingtaine de témoins directs, mais aussi de familles des victimes, de représentants communautaires ou encore d'acteurs de la société civile, malienne et internationale.

Les opérations menées en février et mars derniers dans ces villages des régions de Mopti et de Ségou, dans le centre du Mali, ne représentent, selon Human Rights Watch, qu'« une fraction des abus perpétrés » par l'armée malienne et ses supplétifs russes, mais l'ONG a réuni pour ces cas des témoignages accablants et concordants.

Violences et pillages

Des villageois de Séguéla évoquent l'irruption de plusieurs « dizaines de combattants blancs en uniforme militaire ». À Sossobé, les soldats maliens seraient arrivés avec leurs supplétifs russes à bord d'hélicoptères, à Ouenkoro aussi, un jour de marché. Les témoins racontent les tirs effectués sans distinction depuis les hélicoptères, le regroupement des hommes devant la mosquée d'un village, les destructions et les fouilles maison par maison accompagnées de violences et de pillages accompagnés de vols d'argent ou bijoux.

Si les jihadistes du Jnim (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), lié à al-Qaïda, sont notoirement actifs dans ces zones, Human Rights Watch dénonce les « exécutions illégales » et les « disparitions forcées » de « plusieurs dizaines de civils », ainsi que des actes de « torture » perpétrés dans le cadre des opérations antiterroristes de l'armée, le plus souvent selon l'ONG, contre des membres de l'ethnie peule.

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Enquête ouverte

L'ONG interpelle l'Union africaine et la Cédéao, leur demandant d'« accroître la pression sur les autorités maliennes [...] pour qu'elles mettent fin [...] aux graves abus commis par les forces armées maliennes et les présumés combattants affiliés au groupe Wagner ».

En réaction à ce rapport de Human Rights Watch, le gouvernement malien de transition dénonce une enquête « à charge » visant « à accabler » l'armée malienne, dément le ciblage de l'ethnie peule et juge que la méthodologie « manque de fiabilité ». Bamako précise que « durant la période concernée, le gouvernement du Mali n'a pas eu connaissance de cas de violation des droits de l'homme par les Fama » mais que, suite aux allégations contenues dans ce rapport, une enquête pour « crime de guerre » et « crime contre l'humanité » sera ouverte par la justice malienne.

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