Madagascar: Affluence et influence

Et on oublie l'essentiel. Ces derniers jours les débats ont volé bas dans le microcosme politique. On a même frôlé le débat de caniveau de part et d'autre des deux camps.

\Le débat d'idées manque cruellement dans les rares occasions où les protagonistes peuvent se parler entre quatre yeux par presse interposée. L'entretien tourne vite en règlement compte, une plateforme où chacun tente d'injecter son venin pour mettre son adversaire hors d'état de nuire. On s'attarde sur des détails, certes croustillants pour les friands de scandales mais qui n'annoncent rien de positif pour le futur, qui n'offrent aucune perspective pour le développement. Pour le moment aucune solution réaliste aux divers problèmes socio-économiques n'a été entendu.

On réduit les débats au nombre de vues ou de followers sur les réseaux sociaux ou le nombre d'affluence dans les meetings. Pour différentes raisons ces données ne peuvent pas être prises pour un sérieux indicateur du résultat électoral. Si on arrive à réunir cent mille personnes dans un meeting, cela ne fait que le centième du nombre des électeurs.

De même une émission suivie par dix mille personnes ou plus ne signifie pas grand chose d'autant plus qu'en principe la plupart des citoyens sont totalement indifférents de ces programmes où l'on aborde rarement leurs problèmes. On perd du temps à compter les moutons de panurge dans chaque camp à quelques mois de l'élection présidentielle.

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Une situation qui n'est pas sans rappeler les propos de l'ancien président Ratsiraka, qui, se basant sur les rapports de ses thuriféraires, a trouvé que ses adversaires n'avaient pas le compas à l'oeil pour compter des centaines de milliers de personnes défiler sur la place du 13 mai tous les jours en 1991 et en 2002. Certains de ses proches se sont même évertués à expertiser le nombre de personnes que peut contenir la place du 13 mai à raison de 50 cm carré par individu. Ils ont trouvé dix milles personnes.

On connaît la suite. Les nombres peuvent être ainsi trompeurs et ils l'ont toujours été dans les annales de l'élection. Beaucoup de candidats ont rempli le coliseum Antsonjombe, le stade de Mahamasina ou des autres régions dans les élections présidentielles antérieures mais la plupart ont ramassé des miettes à l'arrivée. Si l'affluence était un baromètre de victoire, on se retrouverait avec dix candidats au second tour. Les électeurs attendent des candidats à la présidentielle des solutions concrètes aux problèmes qui les tenaillent au quotidien au lieu du verbiage qu'on leur sert ici et là.

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