Guinée Bissau: La lente émergence d'une littérature nationale

L'auteur bissau-guinéen Abdulai Sila.

En Guinée-Bissau, une littérature nationale a eu du mal à émerger, ces dernières décennies. Des difficultés que des auteurs expliquent notamment par l'accès difficile de leurs compatriotes à l'éducation et par le manque de visibilité des romans bissau-guinéens, y compris dans leur propre pays.

Ancienne colonie portugaise, la Guinée-Bissau a bénéficié de conditions socioculturelles moins favorables à l'émergence d'une littérature que d'autres pays africains d'expression portugaise, tels que le Cap-Vert, l'Angola et le Mozambique.

Cette littérature souffre d'un mal commun à plusieurs autres secteurs de la culture bissau-guinéenne. Cependant, de jeunes artistes et écrivains s'organisent pour faire émerger cette culture et sa littérature.

La littérature de ce petit pays lusophone est ainsi l'une des plus méconnues de tout le continent. Cela s'explique par le faible taux d'alphabétisation, à cause notamment de l'accès tardif des Bissau-Guinéens à l'éducation, selon Henri Labery.

« Les élèves ne lisent jamais un livre écrit par un auteur bissau-guinéen »

Le dernier écrivain encore en vie de la génération d'Amilcar Cabral - héros de l'Indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert - affirme : « On voit des écrivains angolais, des écrivains cap-verdiens... À ma connaissance, de ma génération, j'ai beau fouiller, j'ai beau rechercher : sur le plan littéraire, je n'ai pas trouvé. Mais pour moi, cela a une explication. J'ai amené un document sur lequel l'administration portugaise reconnait qu'à ce moment-là, il n'y avait que 0,33% des gens qui savaient lire et écrire. À l'époque, nous étions 450 000 habitants. Comment peut-on concevoir, qu'avec ce pourcentage d'illettrés, d'arriver à construire des intellectuels qui puissent laisser aux générations à venir des réalités écrites sur le destin et la vie ? »

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Les écrivains bissau-guinéens ont en outre toujours eu plus de mal à se faire entendre dans le monde littéraire que leurs collègues francophones. Cela s'explique d'une part par la barrière linguistique, l'absence de librairies. En plus, leurs oeuvres ne sont pas enseignées dans les écoles. De ce fait, la Guinée-Bissau a un sérieux retard à rattraper en littérature.

Abdulai Sila, auteur de plusieurs romans, déplore : « Nous sommes probablement le seul pays au monde où la littérature n'est pas enseignée dans les écoles. Les élèves, de la sixième à la terminale, ne lisent ou ne voient jamais un livre écrit par un auteur bissau-guinéen. »

Les premiers auteurs guinéens font partie de la génération d'écrivains nationalistes tels qu'Amilcar Cabral, Vasco Cabra, Mario Andrade... La littérature de cette époque se caractérise par l'émergence d'une poésie de combat qui dénonce la domination coloniale, la misère et la souffrance, incitant à la lutte pour la libération.

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