Sénégal: Réhabilitation de la route Louga-Dahra - Transporteurs et usagers retrouvent le sourire

25 Juillet 2023

L'axe Louga-Dahra, long d'environ 87 kilomètres, est complètement réfectionné. Ce chantier est d'ailleurs livré, depuis quelques semaines, au grand bonheur des usagers et automobilistes. Voyager sur cette route est devenu un pur plaisir.

Pape Ibou Diop est un transporteur de 70 ans. Cet habitué de la route Louga-Dahra avait mis une croix sur son activité favorite, depuis plusieurs années. La raison : l'état défectueux de la route. « Avec mon âge, je ne pouvais plus prendre le risque d'engager cette route cahoteuse », signifie-t-il. Derrière des lunettes noires fumées bien ajustées cachant mal son bonheur, il nous montre son véhicule de type "7 places". « C'est une vieille caisse que j'ai acquise au début des années 2000, mais elle m'a permis de gérer mon foyer et de baptiser tous mes enfants », poursuivit-il, d'un ton taquin.

L'état actuel de cette route rappelle à ce père de famille de bons vieux souvenirs. « Je me rappelle, en 1982, lorsque la route était nouvellement construite, on était très contents. A l'époque, j'étais jeune chauffeur. On avait l'impression de rouler sur un tapis. Aujourd'hui, on semble vivre ces mêmes moments », se remémore cet originaire de Keur Mbarick. Il a bouclé plus de 45 ans, dans le secteur du transport en commun. « C'est quand j'ai appris que les travaux de réfection de la route sont terminés que j'ai fait quelques dépannages sur ma voiture, pour me remettre en selle », confie-t-il.

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Mardi 27 juin 2023. L'ambiance est à son comble à la gare routière "Touba" de Louga. La tabaski oblige ! « Les clients viennent de partout pour passer la fête en famille. Grâce à la route, qui est complètement réhabilitée, les populations sont beaucoup plus disposées à voyager, à notre grand bonheur », sourit Ablaye Nar Fall, coxer (rabatteur). Après plus de 20 ans passés sur les lieux, cet ancien chauffeur ne se rappelle pas avoir vécu un tel engouement dans cette gare routière. « Vous savez, le transport est le moteur du développement. Avec de bonnes infrastructures routières, la circulation devient beaucoup plus facile, et les activités plus dynamiques dans les localités environnantes », magnifie cet originaire du quartier Santhiaba Nord, visiblement très occupé à embarquer les valises des clients sur le porte-bagages, d'un mini-car à destination de Dahra.

En pleine discussion sur l'actualité politique du pays, avec une dizaine de ses collègues assis à même le sol, dans un couloir menant vers la mosquée de la gare, Mourtalla Diop, 45 ans, ne cache pas sa satisfaction. «

Aujourd'hui, il m'arrive de faire trois allers-retours. La route est très bien faite, et cela nous le devons au Président Macky Sall », applaudit ce chauffeur. Il avoue avoir eu à galérer sur cet axe, « mais mieux vaut tard que jamais ». Il est l'un des rares conducteurs qui continuaient à emprunter cette route, quelques mois plus tard. « Beaucoup de mes collègues avaient changé d'itinéraires du fait de l'état défectueux de la route, d'autres avaient tout simplement décidé de garer leurs véhicules pour s'adonner à autres choses, mais moi, je ne pouvais pas. A chaque fois, je pensais aux nombreux clients qui éprouvaient beaucoup de peine avant de pouvoir être transportés. Aujourd'hui, c'est derrière nous », se réjouit-il. Ce dernier, venu du village de Ndiakhate, plaide, par ailleurs, la baisse du prix du carburant.

Sentiment de joie chez les clients

Ibrahima Ndiaye Junior est un jeune étudiant dans un établissement supérieur de formation à Dakar. Un gros sac noir sur le dos, et un sachet à la main, il a quitté la capitale le matin pour se rendre à Koki, son village natal, en vue de passer la fête auprès des siens. « Il y a de cela quelques années, on stressait beaucoup quand on devait venir au village, parce que le voyage constituait un véritable parcours du combattant. Maintenant, on peut quitter Dakar à n'importe quelle heure, sachant qu'à chaque moment de la journée, on trouve toujours à la gare de Touba un véhicule disposé à desservir Koki », relève-t-il. Mais ce jeune de 22 ans ne manque pas de dévoiler son seul souci, et c'est relatif à la préservation de l'infrastructure. « Il faut que les autorités nous aident à gérer ce chef-d'oeuvre. Il faut bien contrôler le poids des camions qui vont au fil des années dégrader la route », plaide Ibrahima Ndiaye.

D'habitude, pour rallier le village de Thiamène, à partir de Louga, il fallait au moins rouler pendant 2h d'horloge en esquivant secousses, nids de poule et d'autres obstacles. Aujourd'hui, les transporteurs font ces 42 kilomètres entre environ 20 à 30 minutes. Sur la route, la circulation est très bonne et les panneaux de signalisation horizontale comme verticale sont bien visibles.

« Nous sommes très heureux », lâche Pape, chauffeur de 35 ans. A 18 h 30, il vient juste de décharger après une location à Dahra Djoloff. Cet habitant de Thiamène Cayor souligne que, du fait l'état actuel de la route de sa localité, le décor a complètement changé. « Comme vous le constatez, notre gare est très fréquentée. Les voitures sont là, les clients aussi. Je me rappelle, lors de la dernière fête de Tabaski, personne n'était là, à pareil moment », se souvient ce jeune, l'air content. Alé, son ami et collègue chauffeur, embouche la même trompette. Mais, il apprécie plus le gain en termes de temps et d'argent. « On ralentit moins, par conséquent, on consomme moins de carburant », témoigne-t-il. Confortablement bien installé au volant de son car, il embraye : « D'habitude, à 18h passées, on s'arrêtait pour ne pas risquer de passer la nuit hors de notre village. Maintenant, on peut rouler jusque tard dans la nuit et on peut toujours rentrer sans aucun problème ».

Sur cet axe routier, qui devrait être inauguré à la prochaine visite du chef de l'Etat, Macky Sall, dans le Ndiambour, les usagers saluent un « bijou » qui est venu à son heure, non sans appeler les chauffeurs à le préserver et à surtout faire preuve de prudence.

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