Madagascar: Les régions centrales s'ouvrent (enfin) sur la mer

La construction du réseau routier de la Grande ile se fait par étapes. La première période (1895-1902) doit répondre à des impératifs spéciaux. Par nécessité, le corps expéditionnaire pose les premiers jalons d'une route entre Mahajanga et Antananarivo.

Il rencontre aussitôt l'une des principales difficultés qui retardent l'essor économique de l'ile. Faute de main-d'oeuvre, les soldats doivent prendre la pelle, les travaux n'avancent que lentement, « les effectifs fondent sans combat » (direction des Travaux publics, 1940) et l'expédition piétine. « La route fut abandonnée, une colonne légère formée, et c'est par les pistes, avec des convois muletiers, que les troupes françaises arrivent à Tananarive ».

La section de route construite entre Mahajanga et Maevatanàna est abandonnée au profit de la voie navigable qu'offre la rivière Betsiboka. Entre Maevatanàna et Andriba, il n'y a qu'un chemin de fortune devenu impraticable dès 1896. Aussi, avant même que la pacification soit complète, l'Administration coloniale se préoccupe-t-elle de doter la Grande ile de l'outillage qui lui manque.

Une direction des Travaux publics est instituée en 1897, et un programme de grands travaux élaboré. Pour assurer le ravitaillement de la capitale, les travaux débutent par la liaison avec Toamasina, car la route de Mahajanga laisse de mauvais souvenirs et la distance Toamasina-Antananarivo moins longue. De surcroît, un courant commercial existe depuis longtemps entre les deux villes. On aménage immédiatement un sentier muletier, de la capitale à Mahatsara, qui s'écarte le moins possible de celui suivi par les porteurs.

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Le tracé en est très mouvementé, mais il a l'avantage de desservir de nombreux villages et les postes militaires installés sur les hauteurs. « Pourtant, c'est une amélioration temporaire. » Dès la fin de 1897, la construction d'une route provisoire connue sous le nom de « Route de l'Est» est entreprise et livrée à la circulation, le 1er janvier 1901, les quelques travaux de finition devant être exécutés en 1902 et 1903.

Le point de départ de la Route de l'Est est fixé à Mahatsara, sur la rivière Iaroka. Navigable, celle-ci constitue une sorte de prolongement du Canal des Pangalana. Elle se déroule sur 250 km et aboutit à la ceinture d'Antananarivo, sur la Route circulaire. La Route de l'Est a un impact immédiat sur la situation économique de l'Imerina. Le prix de transport d'une tonne de marchandises, entre Toamasina et Antananarivo, chute à l'ouverture de la route, ce qui augmente en flèche le nombre des usagers.

Toutefois, la mise en exploitation de la voie ferrée fait perdre à la route beaucoup de son importance, mais le coût de sa construction (14 millions de francs de l'époque) est largement amorti par la baisse gagnée sur le prix des transports pendant les huit années où elle est la seule voie praticable entre le Centre et la côte orientale. À l'Ouest, la route du corps expéditionnaire sur laquelle les voitures Lefebvre de ravitaillement ont pu monter jusqu'à Andriba, est aussi abandonnée après la prise de la capitale. Mais cet abandon n'est que momentané, car Mahajanga reste le débouché naturel du versant occidental de l'ile sur le Canal de Mozambique.

Ainsi, en juin 1897, les premiers coups de pioche sont donnés pour livrer à la circulation, aussi vite que possible, une piste praticable aux voitures légères, entre Maevatanàna et Antananarivo. La transformation de la piste en route charretière commence le 1er avril 1898. La route n'est pas empierrée car l'on croit, à tort, que l'absence de pluies, pendant huit mois de l'année, permet, sans dégradation trop sensible, le roulage pendant la belle saison.

L'on évite ainsi la dépense considérable qu'aurait entrainée l'empierrement sur 350 km. Son exécution exige pourtant 3 millions de francs et, dès le premier hivernage, il est évident qu'avec sa chaussée de terre battue, « la route occasionnerait d'énormes frais d'entretien ». En fait, dès 1907, le deux grandes artères, de l'Est et de l'Ouest, sont complétées l'une par une voie fluviale, Mahatsara-Toamasina, l'autre par celle reliant Maevatanàna à Mahajanga. « Elles donnaient aux régions centrales les débouchés vers la mer qu'elles attendaient depuis longtemps. »

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