Madagascar: Élection - Incertitude sur le budget de la présidentielle

Les déclarations autour du budget pour l'organisation de la présidentielle prêtent à confusion. L'Exécutif et la CENI assurent qu'il n'y a pas de soucis à se faire, alors que les Nations unies appellent en urgence une contribution au "Basket Fund".

Des voix disparates. C'est ce qui s'entend au sujet du budget nécessaire à l'organisation de l'élection présidentielle. Jusqu'ici, il n'y a pas de précision, ni sur la somme nécessaire, ni sur le montant réellement disponible pour l'organisation de la course à la magistrature suprême.

Durant le dialogue multi-acteurs, organisé par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), jeudi, au Radisson Blu, Ambodivona, les déclarations au sujet du budget électoral laissent perplexe. Dans son discours d'ouverture de l'évènement, Issa Sanogo, coordonnateur résident du Système des Nations unies (SNU), a appelé à plus de contribution au "Basket Fund", de la part de la communauté internationale.

En arguant sur "l'urgence", vis-à-vis du temps qui reste avant le premier tour de la présidentielle. "Le Basket Fund est en place pour coordonner les efforts de la communauté internationale. J'appelle toutefois à des fonds supplémentaires vu l'urgence du délai", déclare alors Issa Sanogo. Il reste un peu plus de quatre mois avant le premier tour de la présidentielle, le 9 novembre.

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Jusqu'ici, la seule certitude est qu'il y a 2 millions d'euros d'acquis pour le "Basket Fund". Une somme qui est l'addition des annonces de contribution faites par l'Union Européenne (UE), et la France. La somme réunie au sein du Basket Fund servira, notamment, à financer l'achat des imprimés sensibles, dont les bulletins uniques pour le vote.

Le Programme des Nations Unies (PNUD), qui gère ce fonds commun, prévoit de lancer un appel d'offres international à cet effet. Selon le chronogramme de la course à la magistrature suprême, la période de dépôt des dossiers de candidature court du 23 août au 6 septembre. La Haute Cour constitutionnelle (HCC), publiera la liste officielle des candidats le 9 septembre.

Certes, le nombre des candidats qui seront affichés sur le bulletin de vote ne sera connu qu'après la publication officielle de la liste de ceux retenus pour la joute électorale. Le nombre des candidats va définir la dimension du bulletin à imprimer. Seulement, le peu d'engouement constaté chez les partenaires internationaux, à contribuer au "Basket Fund", n'est pas rassurant, à s'en tenir à l'appel lancé par Issa Sanogo.

Gap

Durant la déclaration d'intention de contribuer au "Basket Fund", par le Team Europe, le 6 juillet, au siège de la CENI, à Alarobia, il a été indiqué que l'objectif est de "donner un signal politique fort", et de créer une dynamique au sein de la communauté internationale. Jusqu'alors, c'est le calme plat. Même l'officialisation du calendrier de la présidentielle n'a pas suffi à déclencher la vague de soutien financier escompté.

Le "Basket Fund", est aussi destiné à l'organisation des communales et législatives qui devraient se tenir l'année prochaine. En l'état actuel des choses, il est probable que les 2 millions d'euros déjà acquis soient entièrement affectés à la présidentielle. Bien qu'il ait renchéri l'appel à l'engagement, "financier", de la communauté internationale, Andrianarisedo Retaf Arsène Dama, président de la CENI, se veut pourtant rassurant. "Il n'y a pas de problème de budget", est la réponse du patron de la CENI, face à la presse, en marge de la cérémonie d'ouverture du dialogue multi-acteurs.

Il ajoute que les 43 milliards d'ariary prévus par la loi de finances sont déjà à la disposition de la Commission électorale. Comme il l'a expliqué, le 6 juillet, à Alarobia, cette somme sera à la disposition de la CENI dès l'officialisation du calendrier électoral, par le décret de convocation des électeurs. La problématique du financement de l'organisation du scrutin présidentiel n'en est pas, pourtant, résolue.

Estimé à 143 milliards d'ariary au départ, la CENI, après discussion avec le gouvernement, a réduit à 80 milliards d'ariary l'argent nécessaire aux préparatifs jusqu'à la proclamation des résultats. L'Exécutif, pour sa part, table sur 70 milliards d'ariary.

Suivant le taux de change, les 2 millions d'euros du "Basket Fund", avoisinent les 10 milliards d'ariary. Jusqu'ici, la CENI dispose, de prime abord, de 53 milliards d'ariary. Un montant encore loin du compte malgré l'optimisme du président Dama. Il faudra encore trouver 20 milliards d'ariary, au moins. "En cas de gap, il y a la procédure du décret d'avance, comme l'a assuré le gouvernement", martèle-t-il pourtant.

Ceci, étant donné l'absence de loi de finances rectificative. Durant sa sortie médiatique, le 16 juillet, Andry Rajoelina, président de la République, a également rassuré sur le budget électoral. Faisant la comparaison avec les dépenses étatiques pour subventionner la Jirama, le locataire d'Iavoloha a déclaré, "comme je l'ai dit auparavant, nous subventionnons la Jirama à hauteur de 1.400 milliard d'ariary. Nous devrions pouvoir disposer de 65 ou 80 milliards d'ariary pour l'élection".

L'état n'a pas le choix non plus. Avec ou sans contribution internationale, mettre à disposition les moyens nécessaires pour le bon déroulement du scrutin est un impératif.

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