Afrique de l'Ouest: La CEDEAO annonce plusieurs sanctions contre les putschistes au Niger

Dakar — Les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont annoncé dimanche avoir pris plusieurs mesures visant les auteurs du coup d'État mené mercredi au Niger.

Ils se sont réunis à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, sous la présidence de Bola Ahmed Tinubu, le président nigérian, qui exerce actuellement la présidence tournante de la conférence des chefs d'État et de gouvernement de l'organisation régionale.

Les dirigeants d'Afrique de l'Ouest ont décidé, selon un communiqué de l'organisation, de la "fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger".

Ils ont également pris la décision d'instituer "une zone d'exclusion aérienne de la CEDEAO sur tous les vols commerciaux à destination et en provenance du Niger".La "suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres de la CEDEAO et le Niger", ainsi que le "gel de toutes les transactions de services, y compris les services publics", font partie des mesures prises.

Le "gel des avoirs de la République du Niger dans les banques centrales de la CEDEAO" et "des avoirs de l'État nigérien et des entreprises publiques et parapubliques dans les banques commerciales", de même que la "suspension du Niger de toute assistance financière et de toutes les transactions avec toutes les institutions financières, notamment la BIDC et la BOAD" font partie des sanctions prises par la CEDEAO.

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L'organisation régionale annonce également l"'interdiction de voyager et [le] gel des avoirs pour les responsables militaires impliqués dans la tentative de coup d'État".

"Il en est de même pour les membres de leur famille et les civils qui acceptent de participer à toute institution ou gouvernement mis en place par ces responsables militaires", poursuit le communiqué.

"Mohamed Bazoum demeure le président légitime élu et le chef de l'État de la République du Niger"

La CEDEAO "appelle l'UEMOA (dont fait partie le Niger) et tous les autres organismes régionaux à mettre en oeuvre cette décision".

Elle affirme avoir "rappelé", au cours de son sommet extraordinaire, "le principe de tolérance zéro pour les changements anticonstitutionnels de gouvernement".

L'organisation ouest-africaine tient à "affirmer que [...] le président Mohamed Bazoum demeure le président légitime élu et le chef de l'État de la République du Niger reconnu par la CEDEAO, l'Union africaine et la communauté internationale".

"À cet égard, seuls les actes officiels du président Bazoum ou de ses représentants dûment mandatés seront reconnus par la CEDEAO", soutient-elle, ajoutant "condamner avec la plus grande fermeté la tentative de renversement de l'ordre constitutionnel au Niger et la détention illégale [de] Mohamed Bazoum" et "des membres de sa famille et de son gouvernement".

Les chefs d'État et de gouvernement de la CEDEAO lancent un appel "à la libération immédiate et au rétablissement du président Mohamed Bazoum dans ses fonctions de président [...] du Niger, ainsi qu'au rétablissement intégral de l'ordre constitutionnel" dans ce pays.

Ils disent "rejeter toute forme de démission qui pourrait émaner [du] président Mohamed Bazoum".

Ses pairs et les autres personnalités ayant pris part au sommet extraordinaire affirment "considérer la détention illégale" de M. Bazoum "comme une prise d'otage". Ils disent "tenir les auteurs de la tentative de coup d'État pour seuls et entiers responsables de [sa] sécurité", de celles "des membres de sa famille et de son gouvernement" également.

"Prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir l'ordre constitutionnel" au Niger, y compris "l'usage de la force"

La CEDEAO fixe un ultimatum d'une semaine aux auteurs du coup d'État pour le respect de toutes ces mesures.

"Au cas où les exigences de [la CEDEAO] ne seraient pas satisfaites dans un délai d'une semaine", il reviendra à ses chefs d'État et de gouvernement de "prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir l'ordre constitutionnel [au] Niger".

"Ces mesures peuvent inclure l'usage de la force. À cet effet, les chefs d'état-major de la CEDEAO doivent se réunir immédiatement", déclare l'organisation régionale.

Elle a prévu de nommer et d'envoyer "immédiatement" au Niger un représentant spécial du président en exercice de l'organisation, qui sera chargé de "transmettre" ses décisions aux putschistes.

Les présidents du Bénin, Patrice Talon, de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, de la Gambie, Adama Barrow, du Ghana, Dankwa Akufo-Addo, et de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, ont pris part au sommet extraordinaire consacré au Niger.

Macky Sall, le président sénégalais, son homologue togolais, Faure Gnassingbé, ainsi que des représentants d'autres pays membres de la CEDEAO et d'institutions internationales, dont Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l'Union africaine, ont participé au sommet.

Le général Abdourahamane Tchiani, chef de la garde présidentielle nigérienne, s'est présenté, lors d'une allocution prononcée à la télévision publique du Niger, vendredi, comme le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, l'organe mis en place par les militaires pour diriger le pays.

Cette annonce acte le renversement de l'ordre constitutionnel et l'instauration d'un régime militaire.

Habitué aux coups d'État, le Niger a réussi une transition démocratique en 2021, avec l'arrivée au pouvoir de l'ancien ministre et ex-député Mohamed Bazoum.

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