Tunisie: Le Chef de l'état ordonne l'épuration de l'administration - La grande bataille de déminage d'un grand champ semé de mines

30 Juillet 2023

Ce n'est pas la première fois que le Chef de l'Etat fait allusion au rôle dévolu aux commis de l'Etat dans la gestion des affaires publiques, mais c'est la première fois qu'il ordonne explicitement la nécessité de purger l'administration des forces d'inertie qui bloquent l'action du gouvernement et entravent tous les efforts de développement ou de gestion des affaires courantes sous prétexte d'appliquer les procédures en vigueur.

Lors d'une séance de travail avec la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, jeudi 27 juillet, en présence de la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia, le Président de la République a souligné l'impératif de revoir les nominations au sein des administrations, afin qu'elles soient un prolongement du pouvoir politique et non un «obstacle» à l'objectif de rendre service au citoyen en toute impartialité.

Ce n'est pas la première fois que le Chef de l'Etat fait allusion au rôle dévolu aux commis de l'Etat dans la gestion des affaires publiques, mais c'est la première fois qu'il ordonne explicitement la nécessité de purger l'administration des forces d'inertie qui bloquent l'action du gouvernement et entravent tous les efforts de développement ou de gestion des affaires courantes sous prétexte d'appliquer les procédures en vigueur. C'est que le peuple a exprimé son impatience, parfois sa désespérance, souvent son exaspération, car il y a eu trop de différence entre ce qui se dit et ce que vivent les Tunisiens.

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En effet, après avoir échoué à mobiliser la rue, certains partis oeuvrent inlassablement à faire vaciller de l'intérieur l'administration, cette épine dorsale de l'Etat, en bloquant son action par des nominations douteuses.

C'est pourquoi il n'est plus acceptable que des commis de l'Etat soient à l'origine du blocage de la marche pour une nouvelle république. Car au lieu d'être des acteurs de l'embellie, ils se muent en des destructeurs avisés d'un État qui s'abîme dans l'impuissance, dans la faillite économique, dans la corruption, dans les discriminations sociales, dans le chômage et la pauvreté.

C'est cet affaissement de l'État et de ses institutions qui exige une nouvelle administration qui fonctionne au service des Tunisiens en toute neutralité et impartialité, faite de liberté, bâtie sur la confiance, sur la vérité et qui garantit les attributs de la dignité à tous. En effet, quand la patrie décline, le Tunisien ne grandit pas, il s'engouffre. Là où les institutions ont échoué et les partis ont trahi, il faut un renouveau, une nouvelle dynamique, un nouvel espoir. Un point sur lequel tout le monde s'accorde. Faut-il pour autant maintenir une administration qui a failli dans sa mission et qui persiste à vouloir remettre la Tunisie sur la même voie de l'échec ?

Il est temps de crier haro sur ceux qui bloquent les rouages de l'Etat et veulent ruiner l'administration par la peur. Cette peur qui bloquerait tout avec l'espoir ténu de voir les fonctionnaires refuser d'assurer la continuité de l'Etat avec le mécontentement des citoyens qui en découlerait et où le Chef de l'Etat qui a pris la commande de l'exécutif serait pointé du doigt.

En effet, la sélection des personnalités qui sont censées former la matrice de l'administration devrait être fondée sur des critères précis dont le courage et l'action et non sur un simple CV de gens qui mettent des cagoules sur leurs visages.

Ce n'est pas une bonne image pour un responsable qui, par calcul ou par prudence, décide de rester à l'abri alors que le gouvernement affronte les critiques au scalpel au sujet des problèmes et des crises qui surviennent justement à cause de leur immobilisme.

En effet, un chef doit être devant et pas derrière les lignes de feu. Il doit être devant, pour entendre le pays, pour tracer des voies nouvelles, pour convaincre l'opinion que les valeurs qu'il porte sont justes et pour rassembler les Tunisiens qui souhaitent aller plus loin et plus vite.

De ce fait, il n'y aura plus de place pour les responsables qui n'auront pas banni définitivement de leur vocabulaire les mots vagues et sans aucune valeur ajoutée qui ne font que confirmer l'immobilisme, le conservatisme et la frilosité, d'exprimer clairement les positions et leurs réponses crues. Nous sommes dans une phase où nous nous attendons à ce que les responsables soient les symboles de l'innovation politique dans les pratiques et de l'imagination sur le terrain des idées.

Inutile de souligner l'importance de cette séquence pour les tunisiens, de mesurer l'ampleur de leurs attentes et la sensibilité de tout ce qui se dit pendant cette période. C'est pourquoi il est important qu'un responsable se place premier au front. Il doit donner l'image de l'unité et être à l'écoute de ce que les Tunisiens, dans leur diversité, ont voulu dire.

Il ne faut pas biaiser avec ce nouveau séisme administratif non plus et garder en tête l'avertissement lancé par le Président de la République à l'ensemble des commis de l'Etat.

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