Samedi, et après des semaines de manifestations meurtrières, gouvernement et opposition ont annoncé avoir trouvé un accord pour résoudre « leurs différends à l'amiable ». Lundi, l'opposant Raila Odinga a dévoilé la composition de son équipe de négociation, mais dans le même temps un climat de méfiance persiste et les deux camps ne semblent d'accord ni sur le contenu ni sur le format des discussions.
« Je ne négocierai pas la sécurité de notre pays » : cette déclaration du président William Ruto dimanche illustre bien le climat politique au Kenya qui demeure tendu malgré l'annonce d'un dialogue. Le président met ainsi en garde son opposant contre toute velléité de relancer les manifestations. Car c'est bien la menace que continue de brandir son rival Raila Odinga si ses préoccupations ne sont pas entendues...
Le vétéran de la politique kényane reproche à la coalition au pouvoir d'avoir publié « unilatéralement » un ordre du jour pour ces discussions et exige d'avoir son mot à dire sur l'agenda. Or, manifestement, il n'y a pas consensus.
Raila Odinga affirme que la question du pouvoir d'achat et de l'abrogation de la loi de Finances constituent ses priorités. Or pour le président Ruto, la question du pouvoir d'achat figure déjà dans son programme et est en train d'être mis en oeuvre, sous-entendu aucune raison d'en faire un point de négociations. Odinga continue également de réclamer un audit de l'élection de 2022.
Autre sujet potentiel de discorde : la question d'un éventuel médiateur, en l'occurrence l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo qui a oeuvré au rapprochement des deux camps. Dans l'entourage de William Ruto, des voix s'élèvent pour contester sa présence et sa légitimité, tandis que Raila Odinga a posé la présence d'un médiateur comme une condition.