Sénégal: Macky Sall et la fin de son processus de destruction de Sonko (Mognouma)

Il était prévisible, et cela ne faisait l'ombre d'aucun doute, que Macky Sall allait, selon ses détracteurs, se venger d'Ousmane Sonko. Le président sénégalais en avait gros sur le coeur contre son principal opposant. Il a voulu profiter de la moindre occasion pour faire regretter à celui-ci de l' avoir déchu de son obsession de se présenter pour un troisième mandat. Ils bouchent les oreilles pour ne pas entendre les critiques qui dénoncent un acharnement tellement que les accusations sont aussi farfelues qu'ubuesques.

La machine judiciaire et administrative au service du Président Macky a finalement eu raison des ambitions politiques d'Ousmane Sonko.

Ce lundi 31 juillet, le ministre de l'intérieur sénégalais a annoncé la décision sans cesse reportée. Le PASTEF est désormais rayé du landerneau politique de la Téranga. Il s'agit du parti fondé par Ousmane Sonko. On n'a même pas attendu que ses soutiens digèrent son inculpation prononcée deux heures plutôt par la justice. C'est comme une mise en scène. À chacun de jouer sa partition dans un scénario bien préparé.

On accuse l'homme politique encombrant et parfois imprévisible d'être un individu dangereux pour la paix et la quiétude sociale. C'est pour parler comme les autorités qui cherchent à lui coller des accusations ronflantes pour que la chose passe mieux dans l'opinion.

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Dans les temps, ces deux décisions prises consécutivement et qui sont sans doute disruptives, étaient suffisantes pour embraser le Sénégal, qui divorce d'avec sa quiétude habituelle.

Possiblement, le temps peut être le meilleur allié de Macky Sall de disposer à sa guise et à son aise de son adversaire politique le plus redoutable. La sortie du Président sénégalais il y a moins d'un mois, pour mettre fin au suspense autour de son éventuelle candidature, rend quasiment inaudible tout appel à manifester contre lui. Même si l'auteur de ses appels s'appelle Ousmane Sonko.

Entre-temps, on a l'impression que la population sénégalaise est passée à autre chose après avoir réussi à contraindre son Président à ne pas dévoyer leur démocratie qui résistait jusque-là à toutes les tentations et actions antinomique à la mode, ailleurs. Malheureusement pour Ousmane Sonko et les responsables de son parti qui n'ont pu faire une appréciation saine de l'évolution de la perception de la population relativement à l'actualité politique de leur pays. Sans doute, ils l'apprennent alors à leur dépend.

On sent un manque de sérénité qui ne lui ressemblait pas. Le ton belliqueux et quelque peu irresponsable cède la place à un discours plutôt ramolli empreint de fatalité. C'est comme quand il s'en remet à Dieu.

C'est peut-être la fin de l'ère Sonko. On peut dire que Macky Sall a réussi sa mission, du moins est en train de parvenir à ses fins vicieuses d'éteindre une étoile qui n'a été alors qu'un météore.

Son action rappelle à l'esprit des agissements autocrates qui affectionnent ces genres de démarches pour écarter des adversaires politiques trop gênants.

Bref, si les Sénégalais peuvent encore s'enorgueillir d'avoir sauvé leur démocratie en maintenant la culture de l'alternance, ils regrettent par contre, et pendant très longtemps, que la tentation nourrie par leur président a fini par affecter l'indépendance de leur justice. C'est vrai que tout est gros pour croire qu'il n'y a pas un coup tordu d'une justice trop politisée.

Il est simplement à craindre que l'acte ainsi posé au Sénégal et qui peut être un précédent dangereux dans ce pays réputé démocratique ne fasse l'effet contagion dans une sous-région souvent mal inspirée.

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