Ile Maurice: Sécurité dans les écoles - Qui est responsable ?

La tentative de suicide d'une collégienne, survenue dans un établissement secondaire privé à Curepipe, mardi, continue à provoquer des émois. Mais au-delà de ce fait, comment assurer la sécurité au sein des collèges et écoles primaires ? Selon le ministère de l'Éducation, la responsabilité de cette affaire repose entre plusieurs mains, notamment celles du responsable de l'établissement scolaire.

Jeunes, parents et même le monde professoral ne comprennent toujours pas le geste de cette jeune fille. Décrite sans histoire (voir encadré), elle a quand même tenté de commettre l'irréparable. Accédant au deuxième étage du bâtiment de son collège, elle a sauté dans le vide. Depuis, les questions fusent dans le milieu scolaire.

Est-ce que les infrastructures surélevées sont accessibles aux enfants ? s'interroge l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE). En effet, la question est de savoir si les élèves ont accès au toit des écoles. «Où se trouvait le personnel à cette heure ?» se demande Arvind Bhojun, président de l'instance. Selon les renseignements qu'il a pu obtenir, le personnel de ce collège travaillerait depuis quelque temps sur un «shift system». Il s'explique. «Le matin, alors que les portes du collège sont ouvertes bien avant 8 heures, ceux qui devraient maintenir l'ordre et la discipline n'y sont pas. Ils arrivent peu après 9 heures. Mais d'où viennent ces directives ?»

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Ce qui le dérange le plus, c'est que le manager en question doit suivre les directives venant de la Private Secondary Education Authority (PSEA). Or, ce n'est pas le cas. «Comment peut-il continuer à opérer de la sorte ?» Pour Arvind Bhojun, il est grandement temps pour que la PSEA prenne la responsabilité de ce collège. «Qu'elle renvoie le manager et qu'elle reprenne la gestion de cette école. Ainsi, on s'assurera que ce dernier trimestre se passe au mieux pour ces collégiennes.»

Justement, au sein de la PSEA, on apprend que c'est le Supervisor attaché au collège en question qui prendra en charge l'enquête car depuis plus d'un an, il n'y a pas de «Principal supervisor» pour la zone 3. «Le Supervisor se fie aux informations fournies par la direction du collège. Il peut également s'entretenir avec les enseignants, les camarades de classe de la fille et le personnel non-enseignant. Cependant, dans la conjoncture actuelle où la relation entre la direction du collège et la PSEA est très tendue, il se peut que la direction ne fournisse aucun détail et n'autorise pas les employés à faire des déclarations pour dire ce qu'ils savent. Cela risque de rendre l'enquête de la PSEA extrêmement difficile.» Ainsi, tout reposera entre les mains de la police qui a plus d'autorité dans ce cas de figure.

Si ce cas est isolé, cela ne veut pas dire qu'il ne peut se reproduire. C'est pourquoi il faut renforcer la sécurité autour de ces enfants. Au sein de la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU), on soutient que chaque école possède une structure différente. «Les bâtiments des collèges ont plusieurs étages.» L'accès au toit, par contre, est plus compliqué à franchir, avance notre interlocuteur. «La porte doit rester fermée, et la clé doit être en possession du manager. Au cas contraire, la porte doit être munie d'un gros cadenas.»

Il nous apprend que le syndicat a déjà entamé une étude, avec l'aide de consultants, sur la sécurité au sein des établissements scolaires. Et le constat est alarmant. «Une personne attachée au ministère du Travail vient tous les six mois, voire une fois par an, pour une inspection. Elle vérifie si les portes sont en bon état ou encore si les extincteurs fonctionnent. Cela ne lui prend même pas une journée pour faire le tour de l'établissement.» Il reconnaît que cela ne doit pas être facile d'effectuer ce travail, si l'effectif ne suit pas. «On apprend qu'il y a peu d'employés pour effectuer ce travail. Comment une personne peut être responsable d'une seule zone ? Il y a au moins une centaine d'écoles primaires et secondaires.» Pour ce membre de la GSSTU, c'est bien de signer des conventions internationales, mais «en réalité, c'est juste joli sur le papier...»

Par ailleurs, la sécurité des enfants doit être une priorité, avance le ministère de l'Éducation. C'est au responsable des établissements scolaires et au management de s'assurer que les enfants n'ont pas accès directement au toit. Ils devraient envisager un système pour tout contrôle approprié. En tout cas, la responsabilité repose non seulement sur le responsable d'école mais aussi sur le directeur de la zone de même que sur le ministère. Chacun doit s'assurer que le garde-fou est respecté. La collaboration entre toutes les parties concernées est essentielle pour garantir la sécurité des élèves dans les établissements scolaires.

Grave blessure au niveau de sa colonne vertébrale pour la collégienne

À la suite de sa chute, la jeune fille a subi une très grave blessure au niveau inférieur de sa colonne vertébrale, entraînant une perte de sensation et de force. Elle a été transférée à l'unité de la Spine Unit de l'hôpital Victoria. Selon nos informations, l'adolescente est de nature réservée et a très peu d'amies au collège. Celles qui la connaissent affirment qu'elle ne rencontre aucun problème au sein de sa famille.

Cependant, tout le monde se demande ce qui l'a poussée à commettre un tel acte. En tout cas, le ministère de l'Éducation suit cette affaire de près et a même dépêché des psychologues pour soutenir les parents et les filles du collège qui ont assisté à la scène. «Le contact a été établi auprès des parents et l'on va suivre la fille même une fois qu'elle aura regagné son domicile», soutient le ministère de tutelle. Cet exercice est fait en collaboration avec la PSEA.

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