Congo-Kinshasa: Mandats familiaux - Députés nationaux et provinciaux, oiseaux de même plumage ?

Les candidats députés provinciaux sont appelés à déposer, à compter de ce jeudi 03 août 2023, leurs dossiers au niveau des Bureaux de Réception et de Traitement des Candidatures (BRTC) que la Ceni (Commission Electorale Nationale Indépendante), a installés aux quatre

coins de la République, sauf dans les territoires de l'Est (Nord-Kivu) et de l'Ouest (Maindombe) en proie à l'insécurité. Des millions de Congolaises et Congolais sont sous le choc suite au constat malheureux de la généralisation de la pratique des « mandats familiaux » à laquelle viennent de se livrer l'écrasante majorité des candidats députés nationaux, ceux-là mêmes qui représentent les 145 territoires de la République au sein de l'Assemblée Nationale, aux côtés de leurs collègues en provenance des circonscriptions électorales urbaines.

Alors qu'ils devraient montrer l'exemple, même si le législateur n'a interdit ni le cumul des mandats, ni l'attelage fait des « suppléants familiaux », l'éthique politique aurait dû les obliger à les choisir en dehors de leurs cercles familiaux. Selon les documents qui fuitent dans tous les sens, la constellation des suppléants alignés derrière les députés nationaux est constituée de leurs épouses ou maris, fils ou filles, frères ou soeurs, cousins ou cousines, oncles ou tantes,

beaux-frères ou belles-soeurs, beaux-fils ou belles-filles, concubins ou concubines, etc.

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Il est curieux que dans ce panier à crabes se retrouvent même des acteurs politiques qui distribuaient à la ronde des leçons de démocratie et de nationalisme, accusant les- « gestionnaires » des mandats familiaux d'avoir instauré des « monarchies familiales » en République Démocratique du Congo.

La question sensible qui revient dans les esprits est de savoir si les députés provinciaux vont copier les « Honorables » du Palais du Peuple ou faire la différence. Les premiers échos en provenance de certains états-majors politiques indiquent que certains candidats élus provinciaux, parmi lesquels se recrutent nombre à la députation nationale, auraient suivi le mauvais exemple venant d'en-haut. On aurait donc affaire aux oiseaux de même plumage.

On croit savoir que la principale cause du mal est à chercher dans la course aux plantureux émoluments qu'offrent les mandats de député national et de député provincial, tant et si bien que l'homme et la femme politiques congolais n'ont plus qu'une idée en tête : se battre pour l'enrichissement rapide du clan familial. Les électeurs devant leurs responsabilités Le législateur ayant largement ouvert la brèche aux « mandats familiaux », en dépit de tous les discours mensongers faits autour de leur condamnation par une poignée d'animaux politiques, la balle va se trouver, jusqu'au 20 décembre 2023, dans le camp des électeurs. Il leur appartient en effet de prendre le maximum de renseignements sur les listes électorales des partis et regroupements et de sanctionner, le cas échéant, les « escrocs politiques » qui n'auront pas joué franc jeu avec eux. Les foyers de mécontentement que l'on rencontre çà et là à travers à Kinshasa comme en provinces devraient se traduire par « zéro voix », si les électeurs s'assument comme ils le promettent à longueur de journée.

Le « souverain primaire » reste l'unique juge capable de condamner à la « mort politique » les familles qui se sont positionnées pour siéger, au détriment des autres citoyens, à l'Assemblée nationale, au Sénat ainsi que dans les Assemblées provinciales. Si le fiasco électoral frappait les « Mpangi », «Mwanetu », « Nduku yangu » et autres « Bana mayi », ce serait une cruelle leçon de démocratie pour ceux et celles qui pensent que la « mangeoire » nationale est devenue leur chasse gardée.

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