Burkina Faso: Interdiction faite aux agents publics d'exercer des activites commerciales - Avant de taper du poing sur la table, l'etat doit balayer devant sa porte

Dans un communiqué rendu public en fin juillet dernier, le ministre en charge de la Fonction publique, Bassolma Bazié, rappelait aux agents publics qu'il leur est interdit d'exercer des activités commerciales sous peine de sanctions.

A ce sujet, voilà ce que dit l'article 40 alinéa 2 de la loi N°081-2015/CNT du 24 novembre 2015, portant statut général de la Fonction publique d'Etat : « Le fonctionnaire ne peut exercer des activités commerciales ou lucratives autres que la commercialisation de ses productions littéraires, scientifiques, artistiques et agro-pastorales non industrielles, ni avoir par lui-même ou par personnes interposées, sous quelque dénomination que ce soit, à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, des intérêts dans une entreprise dont il a ou avait l'administration, la gestion ou le contrôle ».

Voilà qui est donc clair. Un agent public qui s'adonne à des activités commerciales, le fait à ses risques et périls. Et le ministre de la Fonction publique fait bien de le rappeler aux uns et aux autres. Car, dans ce pays-là, il y a des gens qui, du fait du laxisme des régimes précédents, se croient tout permis. Si fait qu'ils n'hésitent pas à violer allègrement les textes, convaincus que rien ne leur arrivera. C'est pourquoi, au-delà du simple rappel, je souhaite que les autorités tapent du poing sur la table afin que cessent certaines pratiques malsaines au sein de notre Administration. Je le dis parce que je sais qu'ils sont nombreux les agents publics qui sont devenus des commerçants ou des chefs d'entreprises, si bien que l'on oublie même parfois qu'ils émargent au budget de l'Etat.

%

Je souhaite que l'Etat aussi fasse un effort pour améliorer les conditions de vie des travailleurs

Mais, comme ils se croient plus intelligents, ils rusent avec les textes si bien qu'ils procèdent par le système des prête-noms. Ils mettent soit le nom de leurs épouses, enfants, frères, etc. De sorte qu'il est difficile de les épingler même en cas de contrôle. C'est devenu la pratique dans notre pays. Si bien que la plupart des entreprises qui bénéficient généralement des marchés publics, sont tenues à distance par des agents publics.

Ce n'est pas moi qui le dis. Les faits parlent d'eux-mêmes. N'est-ce pas d'ailleurs pour cette raison que l'on entend couramment parler de conflits d'intérêts ? Voyez-vous ? Il faut que les choses changent dans ce pays. Car, cette manière de faire n'est ni plus ni moins qu'une concurrence déloyale que les travailleurs du public font à ceux-là qui évoluent dans le privé. A preuve, il y a des gens qui, du fait des responsabilités qu'ils occupent au sein de l'Administration, utilisent les biens de l'Etat au profit de leurs entreprises respectives. Ces gens-là n'ont pas leur place dans l'Administration publique.

Il faut les traquer afin de préserver et de faire respecter l'autorité de l'Etat. Toutefois, je souhaite que l'Etat aussi fasse un effort pour améliorer les conditions de vie des travailleurs. Car, il est difficile d'attendre de la probité, d'agents qui, d'une fin du mois à une autre, tirent le diable par la queue. Si certains agents publics exercent des activités commerciales, c'est parfois pour arrondir leur fin du mois. Souvent, il y en a même qui, de par le passé, passaient des années à poireauter sans que ne soit régularisée leur situation salariale.

C'est ce qui fait que certains travailleurs ressemblent à des clochards. Pendant ce temps, d'autres, parce qu'ils sont haut placés, se permettent de piller les ressources de l'Etat au vu et au su de tous et cela, sans la moindre sanction. Comment voulez-vous que, voyant ce qui se passe, certains travailleurs publics n'essaient pas de « se chercher » afin de pouvoir tenir le coup à défaut de pouvoir ressembler aux autres ?

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.