Ile Maurice: Best Tourism Village I Vieux Grand-Port - porté par l'histoire

La semaine dernière, Vieux Grand-Port et Le Morne ont officiellement reçu la plaque de «Best Tourism Village». Un titre attribué depuis 2021 par l'United Nations World Tourism Organisation. Direction plein Sud, où Vieux Grand-Port brille par son passé de «berceau» de l'histoire de Maurice.

Chez les Beeharry: cinq frères pêcheurs, sans oublier la belle-soeur

La journée de travail terminée, c'est au Débarcardère No. 1 que l'on retrouve une partie de la famille Beeharry. Rajiv, 37 ans, brosse avec énergie sa pirogue, qu'il lave ensuite à l'eau de mer, sous les yeux de sa belle-soeur Stephanie Beeharry.

Demandez-leur depuis quand ils sont pêcheurs. Tous deux répondent spontanément: «depi zanfan». Ils sont rompus aux sorties matinales à 6 heures, pour rentrer à 10 heures. En alternance aux sorties nocturnes, à partir de 16 heures, pour revenir dans la nuit. Rajiv Beeharry confie que dans la famille, ils sont cinq frères à être des pêcheurs.

Lui, qui jette sa gaulette et place des casiers depuis 30 ans, a été régularisé l'an dernier. Tout comme Stephanie, qui ne cache pas son soulagement d'avoir obtenu sa carte de femme-pêcheur, «inpe dan mem lepok». Alors qu'elle attendait depuis 10 ans.

Du menton, elle nous indique un banc, «dan ti fonder». Un endroit que les pêcheurs gagnent à pied, pour y jeter les gaulettes. Et ramener des rougets, des 'brodemar', des 'ti-madras', des 'sap-sap' ou encore des carangues. En hiver, quand les prises à la ligne diminuent, c'est le moment de placer des casiers.

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Leur village, ils y sont nés. Un titre de Best Tourism Village, qu'est-ce que ça change ? «Laplaz inn bien drese. Pou gayn enn banane-la», affirme Rajiv Beeharry, en pointant en direction du kiosque et des bancs. Citoyen satisfait, il ajoute : «pe met tou a-zour». Il cite les drains en construction - le village ayant souffert de graves inondations dans le passé récent.

Par respect, Stephanie Beeharry a laissé son beaufrère parler en premier. Avant de dire qu'elle voit enfin une amélioration. «La rue Magon, où j'habite, est en travaux. On avait beaucoup de problèmes de fourniture d'eau. Pe ranze-la». Ce qu'elle attend : un front de mer «pareil qu'à Bois-des-Amourettes».

Quand le vraquier Wakashio a déversé ses hydrocarbures dans la région en juillet 2020, la famille de pêcheurs s'est tournée vers la terre. Stephanie Beeharry raconte qu'ils ont planté des légumes pour s'en sortir : «lalo, binzel, inpe pima». Trois ans plus tard, «plante-la nou gard pou la-mezon». L'activité principale est redevenue la pêche, même si les prises, «ont diminué par environ 50 %», affirme Rajiv Beeharry.

«Du changement d'ici l'an prochain»

Le titre de Best Tourism Village pour Vieux Grand-Port est arrivé en 2021, l'année où Sameer Aullybocus est devenu président du conseil de village. Il est tout fier d'être celui qui a reçu la plaque au nom du village, la semaine dernière. Elle est déjà installée à l'entrée de Vieux Grand-Port. «Avant d'avoir ce titre, il y a eu beaucoup de formalités», se souvient le président de village. Par exemple, fournir la liste des vestiges avec photos et vidéos réalisées avec le concours de la Mauritius Film Development Corporation (MFDC).

Une fois le titre obtenu, une réunion des diverses autorités concernées, dont la Beach Authority et la Tourism Authority, a eu lieu fin 2021, ajoute Sameer Aullybocus. Résultat : «les bancs de la plage ont été fraîchement repeints par la Tourism Authority». La Beach Authority a placé les poubelles, des éclairages aux panneaux solaires. «Nous ne blâmons pas les anciens conseillers. Me apre 32 banane, inn resi larg enn robine», indique le président de village. En montrant le point d'eau installé à la plage publique.

Vieux Grand-Port compte trois plages. Deux plages publiques : Débarcadère No.1 et celle qui se trouve au bout de la rue Satun Babooa. Il y a aussi le Débarcadère No. 2, situé derrière l'église Notre Dame du Grand Pouvoir. Si ce n'est pas officiellement une plage publique, familles et visiteurs s'y prélassent. Le kiosque du Débarcadère No. 1 sera agrandi, ajoute le président. Un front de mer est annoncé. «Une maquette a été présentée», assure Sameer Aullybocus.

A l'heure actuelle, les ponts - et drains - de la route principale sont en travaux. «Il y a eu beaucoup de problèmes à cause des inondations. Des tuyaux d'alimentation d'eau de Bois-des-Amourettes à Ferney sont aussi en cours d'installation. Il y aura du changement d'ici l'année prochaine.»

«D'autres fouilles archéologiques sont souhaitables»

Sous sa casquette de marin, Marcel Lindsay Noé garde au chaud le goût du patrimoine. Consultant dans le secteur touristique, ancien président de la MFDC, fier promoteur du Folkloric Explorer, bateau écologique avec zéro pollution, il se qualifie d'«amoureux transi» de Vieux Grand-Port.

Du temps où il était conseiller de Joseph Tsang Man Kin, alors ministre des Arts et de la Culture, il affirme avoir oeuvré pour que des fouilles archéologiques soient réalisées au Fort Frederik Hendrik. Plus près de nous, en 2005, d'autres fouilles ont eu lieu. Les artefacts retrouvés sont exposés dans le musée.

Pour Marcel Lindsay Noé, un moyen efficace d'entretenir l'intérêt des visiteurs locaux comme étrangers pour le site serait d'y organiser des campagnes de fouilles archéologiques régulières. «Quand les gens viennent, ils peuvent voir qu'il y a de la vie sur le site.»

Contrairement aux vieilles pierres actuellement silencieuses qui laissent des petits panneaux de présentation parler pour elles. «Il y a encore beaucoup de choses à découvrir sur l'histoire de Vieux Grand-Port. On ne sait pas tout», affirme Marcel Lindsay Noé. En 2016, il a caressé le projet d'un village touristique dans ce village, avec «noon day gun», pour sonner l'heure et reconstitutions historiques. Mais cela ne s'est pas concrétisé.

Best Tourism Village: ce que cela implique

Le titre de «Best Tourism Village» est décerné par l'United Nations World Tourism Organistion. Ce concours existe depuis 2021. Il s'agit d'une «initiative globale pour mettre en avant les villages où le tourisme préserve les cultures et les traditions, célèbre la diversité, offre des opportunités et préserve la biodiversité». Les candidatures sont évaluées dans neuf domaines. Parmi eux : les ressources naturelles et culturelles (matérielles et immatérielles) reconnues au niveau national, régional ou international. La promotion et la conservation de ces ressources culturelles, mais aussi la «durabilité économique, sociale, environnementale». Ou encore les infrastructures et la connectivité. Ce concours concerne des villages qui n'ont pas plus de 15 000 habitants.

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