Ile Maurice: Chevaux de courses - Traitement inhumain ?

La cravache n'est pas conçue pour blesser le cheval, affirme Samraj Mahadia.

Coups et contrecoup

Le cas de Special Force - un coursier qui a reçu des coups infligés par un handler la semaine dernière - a provoqué une bagarre, suscité la polémique et relancé le débat sur le traitement des chevaux de courses à Maurice. Ce débat fait rage non seulement chez nous, mais aussi dans le monde entier. Les activistes des droits des animaux internationaux sont souvent en première ligne pour demander l'arrêt des courses.

En avril, des militants pour la cause animale ont tenté d'engendrer le boycott du Grand National, l'un des plus grands événements sportifs en Angleterre, pour mettre en lumière les inquiétudes concernant le traitement des chevaux de course. Hormis les cas où certains protagonistes ont été reconnus coupables de ne pas avoir respecté le bien-être des chevaux, les courses hippiques sont-elles, d'une manière générale, cruelles ? Oui, diront les activistes des animaux. Est-ce vraiment le cas ? Le débat est dans les stalles de départ.

Samraj Mahadia (ancien jockey, ex-commissaire de courses et entraîneur) : «Contrairement à ce qu'on, l'on pense, la cravache ne fait pas mal»

L'entraîneur Samraj Mahadia, qui possède une vaste expérience en tant qu'ancien jockey, ancien commissaire de courses et actuel entraîneur, est catégorique. «Les chevaux de courses sont les animaux les mieux traités. Ils ont un palefrenier attitré 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Les entraîneurs prennent toujours grand soin de leurs chevaux, et on ne peut pas dire que ces derniers ne bénéficient pas d'un bon traitement. Ils sont traités comme des rois», résume-t-il.

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Samraj Mahadia tient à corriger une mauvaise perception que le public peut avoir concernant l'utilisation de la cravache. «On peut penser que la cravache leur fait du mal. Ce n'est pas vrai du tout. Il est bon de savoir que la cravache est rembourrée avec de l'éponge. C'est un fouet aérien. Elle ne sert principalement qu'à faire du bruit pour encourager les chevaux à aller plus vite. On pense souvent à tort que la cravache sert à les frapper. En outre, il existe des règlements sur le type de cravache à utiliser, et un jockey n'a pas le droit de l'utiliser à sa guise», précise notre interlocuteur.

Deanthan Moodley (Racing Executive et Chief Stipe de la Horse Racing Division) : «Il y a des règlements qui protègent les chevaux»

Deanthan Moodley, l'homme fort de la Horse Racing Division, l'entité responsable de la régulation des courses hippiques à Maurice, tient à souligner que les codes des courses ont été rédigés pour veiller à la sécurité et au bien-être des chevaux. «Il est bon de savoir que de nombreuses mesures ont été proposées et de nombreuses dispositions ont été prises pour protéger l'intégrité des courses de chevaux et le traitement équitable de ces animaux. Conformément au règlement des courses, le comité des courses hippiques propose des services vétérinaires. Il doit également assurer la sûreté et la sécurité des chevaux et mettre en place des mesures antidopage.»

Notre interlocuteur précise également qu'il y a des règles en ce qui concerne les traitements et les substances administrées aux chevaux. Certaines substances sont interdites, illicites et peuvent nuire à leur santé. En conséquence, il est obligatoire de prélever de l'urine, du sang, des poils ou d'autres échantillons afin de s'assurer que les chevaux sont traités comme il se doit.

Selon le chef des commissaires de courses, les jockeys sont également testés et doivent être aptes à piloter un cheval pour assurer leur propre sécurité ainsi que celle de l'animal. De plus, de nombreuses règles ont été mises en place pour protéger les chevaux contre les mauvais traitements de la part des jockeys. L'utilisation de la cravache est étroitement surveillée, et certaines limitations sont imposées. Comme le stipule le règlement 29.1 : «Aucun jockey ne doit utiliser sa cravache de manière excessive, inutile ou inappropriée, ou utiliser la cravache sur une partie quelconque de la tête du cheval. Sans limiter les dispositions de la présente règle, l'utilisation abusive de la cravache comprend le fait de frapper un cheval.»

Reda Chamroo (activiste militant pour le des droits des animaux) «Certains ne sont motivés que par l'argent»

Reda Chamroo, activiste des droits des animaux, pense qu'il ne faut pas généraliser, après l'incident impliquant Special Force. «Il est évident qu'il y a des écuries qui traitent bien leurs chevaux, tandis que d'autres ne sont motivées que par l'argent que l'animal peut leur rapporter. À Maurice, nous avons une Animal Welfare Unit qui est quasi inexistante. Les courses de chevaux représentent une grosse industrie, et il devrait y avoir un contrôle concernant le bien-être de l'animal.

Chaque écurie fait ce qu'elle veut et peut même disposer de ses chevaux comme bon lui semble une fois qu'ils ne lui sont plus utiles. Par exemple, il faudrait qu'il y ait un suivi rigoureux lorsqu'un cheval part à la retraite. On ne peut pas le donner à n'importe quel propriétaire sans savoir s'il sera maltraité après. En ce qui concerne l'incident de samedi dernier, il est clair que le cheval n'a pas été traité de manière respectueuse. Je me demande si les palefreniers/handlers bénéficient tous d'une formation pour exercer dans ce domaine.»

Special Force, le caractériel

Ses déboires ont fait le tour des réseaux sociaux après son retrait de l'épreuve de clôture de la 19e journée, samedi dernier. Après avoir désarçonné son cavalier en se rendant vers les stalles de départ, Special Force s'est offert une escapade avant d'être repris par les «handlers». Sauf que l'incident était loin d'être clos, le pensionnaire de l'écurie Nagadoo se montrant particulièrement agité, un «handler» a eu recours à la force et l'a frappé avec une corde pour lui faire entendre raison. Toute la scène s'est déroulée devant des turfistes mécontents et la situation a fini par dégénérer.

Était-ce la faute du cheval ? Pas vraiment, selon son entraîneur Praveen Nagadoo. «Il est vrai que Special Force est un cheval qui a un fort caractère, qu'il est difficile à dompter. Il a toujours été ainsi, mais nous avons appris à faire avec. Nous l'avons même fait remporter deux courses à Maurice. Dans ce cas précis, je pense que c'est surtout le public qui a contribué à l'incident. Je trouve vraiment dommage que certaines personnes qui viennent à l'hippodrome ne possèdent pas de 'racing culture'.

Sinon, tout cela aurait pu être évité.» Certains estiment tout de même que le «handler» attribué à Special Force a été dur envers ce coursier. Si certains pensent qu'il aurait dû s'y prendre avec un peu plus de calme, une autre frange de ce même corps de métier souligne que le «handler» en question avait esquivé quelques minutes plus tôt un 'coup de pied à vache' de Special Force, c'est-à-dire un coup de sabot visant l'abdomen. Ce qui expliquerait les actes du «handler» en question.

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