Madagascar: Agriculture - Le maïs hybride reste un filon à creuser

La promotion et la diversification des cultures vivrières font partie des principales stratégies du gouvernement malagasy pour développer l'économie agricole. Parmi les nouvelles filières à booster figurent les maïs hybrides.

Si le maïs est cultivé généralement pour l'alimentation des agriculteurs, il sert également de matière première pour l'alimentation animale. Mais force est de constater que la production locale (près de 267 000 tonnes en 2022) ne suffit pas encore à la demande vu que les rendements du maïs restent faibles, entre 2 à 4 tonnes à l'hectare. Aussi, pour augmenter le volume de production, décision a été prise par les responsables publics et les partenaires de miser sur les semences de maïs hybride qui ont déjà fait leur preuve ailleurs.

C'est dans ce cadre que le Mukushy, type de semence produit et développé par la l'entreprise semencière basée au Zimbabwe, Mukushi Seed Co, va être produit et vulgarisé sur la Grande Ile. "Afin de promouvoir la culture du maïs et convaincu de l'enjeu que représente la filière maïs à Madagascar", comme il a été expliqué, des semences de maïs hybrides ont été offertes au ministère de l'Agriculture et de l'Elevage (MINAE). Ce sont des semences performantes à cycle court qui s'adaptent au changement climatique, et possèdent un rendement élevé d'environ 6 à 8 tonnes par hectare, a-t-on aussi indiqué.

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On sait en outre que les semences ont été introduites en suivant les procédures officielles des services de la quarantaine végétale. La maintenance des semences parentes et la production de semences certifiées à Madagascar sont effectuées par les partenaires de SSG (Seed Systems Group) que sont le centre de recherche agricole FOFIFA, Fifamanor et les entreprises semencières affiliées.

Le contrôle et la certification de la la qualité des semences produites sont confiés au Service Officiel du contrôle et de la Certification des semences (SOC). La sensibilisation des producteurs et les actions de vulgarisation sont, pour leur part, organisées et réalisées par la Direction de la Vulgarisation et de la Formation Agricole et Rurale (DVFAR) du MINAE et les partenaires de SSG Madagascar. À savoir qu'un protocole d'accord lie déjà le gouvernement malgache et Mukushy Seed CO. Il porte notamment sur la dotation de semences parentales, le renforcement des capacités et la facilitation de la production de semences de maïs hybride à Madagascar.

Produire et aussi transformer

Ce partenariat public-privé a pour objectif principal de promouvoir la filière maïs, d'augmenter la productivité, de réduire l'importation de semences, d'augmenter les revenus des acteurs de l'économie agricole et d'améliorer la sécurité alimentaire vu que ces variétés de maïs hybride sont riches en nutriments comme la vitamine A. Selon Dina Rasolo, opérateur quadragénaire reconverti dans l'agribusiness après avoir été commerçant de petits matériaux de construction dans la région Itasy, le maïs hybride a un réel potentiel de développement dans le pays.

Et lui de rappeler aussi l'appel du ministre en charge de l'Agriculture, Harifidy Ramilison, pour que "tous les acteurs de la filière maïs ne se concentrent plus uniquement sur la production, mais doivent procéder également à la transformation du produit pour pouvoir les conserver et les consommer durant les périodes de soudure". Il est également intéressant de savoir que les maïs hybrides ont été commercialisés dans le monde depuis la seconde guerre mondiale et, depuis, les rendements continuent de progresser. Depuis les années 1960 le gain global est d'environ 1,4 quintal par an pour les variétés de maïs grain.

On dit même que le changement climatique permet de cultiver des variétés plus tardives, plus productives, grâce à un semis plus précoce.Une étude réalisée aux États-Unis a permis de distinguer la part du progrès génétique dans l'augmentation des rendements du maïs.

Elle montre que cette amélioration des rendements est due à l'augmentation de la fertilisation azotée pour 19 %, à l'amélioration du désherbage pour 23 %, et à l'amélioration génétique pour 58 %. Le progrès de ces techniques permet d'identifier plus finement les gènes d'intérêt présents chez le maïs. Mais les spécialistes notent aussi qu'il n'existe pas un hybride de maïs capable d'être performant à la fois dans un climat tempéré et tropical.

Il appartient aux sélectionneurs de trouver la génétique adaptée au cas par cas. Selon Shaibu Osman, Responsable en Recherche et Développement de MAS Seeds, il est nécessaire de développer des variétés qui peuvent aider les agriculteurs à atténuer les effets du changement climatique, notamment les variations des conditions météorologiques. Et lui d'ajouter que si en Europe, on recherche des variétés robustes, en Afrique, "nous recherchons des variétés très stables en termes de rendement dans différents environnements et conditions météorologiques ».

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