Afrique: La crise africaine - Madagascar demeure indécis

Les occidentaux s'affaiblissent de jour en jour. La structure qu'ils ont établie depuis plus de deux siècles en Afrique risque de s'effondrer comme un château de cartes, face à la tempête russe.

La crise politique au Niger a fait boum, tout comme le discours du capitaine Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso lors du sommet Russe-Afrique qui s'est tenu à Saint Pétersbourg, le 27 juillet dernier. Un éclat qui semble illuminer l'esprit de la jeunesse africaine. Une génération fatiguée de la domination française.

Les Malgaches quant à eux, situés à 400 km du continent, entendent les voix de leurs voisins, voient les jets de pierres brisant les vitres des ambassades françaises, sentent l'odeur des pneus brûlés, soutiennent leurs frères de l'autre côté du Canal de Mozambique, car ils partagent quelque part le même sort. Si les Nigériens veulent exploiter leur uranium sans la France, les Malgaches demandent implicitement la restitution des îles éparses. Les usagers des réseaux sociaux, Facebook en particulier, sont divisés par des dissensions. « Devons-nous suivre cet exemple ? », se demandent quelques-uns. « Ça devrait nous servir d'exemple », répondent les autres. Alors, chacun interprète la situation à sa manière. Les géopoliticiens, les historiens, les géographes, les spécialistes en relations internationales s'invitent sur les émissions tant sur les ondes que sur les chaînes télévisées et étalent leurs connaissances. Les citadins à leur tour rapportent les propos de ces «élites stars» à la campagne. Avertis, les cultivateurs s'inquiètent ! Si la Russie livrait des céréales comme elle venait récemment de faire au pays des hommes intègres, qu'en sera-t-il de la production agricole locale ? Dans ce cas, ils concluent que le problème ne sera pas résolu, c'est le même système ! Que ce soit les Pakistanais, les Indiens, les Russes, peu importe, l'histoire se répète. C'est comme « déshabiller Pierre pour habiller Paul ! ».

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Néanmoins, Madagascar n'en est pas encore à ce stade. Jusqu'ici, le peuple- docile comme il est- ne préfère pas s'avancer sur ce terrain glissant. Il est du genre à rebrousser chemin comme son avion, évitant de passer sur le territoire aérien du Niger. Donc, descendre dans la rue est épuisant pour une populace qui n'a rien à se mettre sous la dent. Prendre la bête par les cornes s'avère très dangereux, surtout quand le cow-boy a des bras chétifs. Par contre, tout dépend de la détermination et du courage. La faim fait aussi sortir le loup de sa forêt.

Quoi qu'il en soit, les élections présidentielles se dérouleront dans quelques mois. Les pacifiques croisent les doigts, prient pour qu'il n'y aient point de manifestations avant, durant et après. « Le pays a trop souffert. Les grèves aggraveraient l'état des choses », a avoué Marino Rafiandry, un doctorant en économie.

Sur le plan culturel, les traces de la France sont indélébiles. Changer le système en un seul claquement de doigts peut entraîner un séisme identitaire. « La révolution se prépare, ce qui exclut une décision hâtive », comme disaient les chantres pendant que les impatients crient « C'est maintenant ! ».

En somme, ici le contexte est peut-être différent. Un pays du moramora où les festivals ont le vent en poupe. Une nation où un artiste de renom s'agenouille, demande à son Président de libérer une icône de la chanson traditionnelle. Ici, c'est promettre à ses concitoyens : « fin des délestages dans trois semaines », alors qu'il n'y a de l'électricité que trois heures par jour dans les régions enclavées. Madagascar a du pain... grillé sur la planche.

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